Les pertes d'emploi chez les patrons de très petites entreprises s'envolent

Par latribune.fr  |   |  600  mots
Les pertes d'emploi des chefs d'entreprise concernent dans 88% des cas des patrons de très petites entreprises (TPE) réalisant moins de 500.000 euros de chiffre d'affaires. (Crédits : DR)
Le nombre d'entrepreneurs qui ont perdu leur emploi a augmenté de près de 30% sur un an au premier semestre 2022 pour atteindre 18.519. Les patrons de l'hôtellerie, de la restauration et des débits de boisson (+60,8%) sont particulièrement touchés par cette hausse. Par ailleurs, lors des universités d'été du Medef, qui débute ce lundi, la question de l'augmentation des coût de l'énergie et de ses conséquences va largement s'inviter.

De plus en plus de chefs d'entreprise, en particulier ceux qui dirigent des TPE, perdent leur emploi. Selon les chiffres compilés par le cabinet Altarès auprès des tribunaux de commerce pour l'association patronale GSC, le bond est de près de 30% sur un an au premier trimestre, avec 18.519 emplois perdus. Les patrons de l'hôtellerie, de la restauration et des débits de boisson (+60,8%) sont particulièrement touchés par cette hausse qui varie fortement d'une région à l'autre

L'augmentation atteint 63,4% sur un an dans les Hauts-de-France, et 43,5% en Bourgogne-Franche-Comté, contre seulement 10,2% en Ile-de-France. Les pertes d'emploi des chefs d'entreprise concernent dans 88% des cas des patrons de très petites entreprises (TPE) réalisant moins de 500.000 euros de chiffre d'affaires. Pour les trois-quarts d'entre eux, ils sont à la tête de structures de moins de trois salariés, les micro-entreprises, gérées par les auto-entrepreneurs, ne sont pas prises en compte par l'étude.

Les chefs d'entreprise de plus de 20 salariés continuent eux à voir leurs pertes d'emploi baisser, de 13% pour les structures comprises entre 20 et 49 salariés et de 16,3% pour celles de plus de 50 salariés. L'âge médian des chefs d'entreprises qui perdent leur emploi est de 46,7 ans.

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L'organisation patronale GSC pousse les chefs d'entreprise à s'assurer contre le risque de perte d'emploi

Sans surprise, l'évolution des pertes d'emploi des patrons suit de près celle des défaillances d'entreprises, qui ont commencé à augmenter cette année après avoir baissé de près de 50% en 2020 et 2021, en raison des mesures protectrices pour la trésorerie des entreprises mises en place durant la crise sanitaire.

« La crise n'est pas derrière nous, elle est devant nous »,  prédit le président de l'association GSC, Anthony Streicher, qui n'exclut pas que le niveau de 50.000 à 60.000 chefs d'entreprise perdant leur emploi chaque année, le chiffre pré-pandémie, soit dépassé. C'est pourquoi l'association incite les entrepreneurs à s'assurer contre le risque de perte d'emploi auprès d'assureurs privés.

Le taux annuel de défaillances d'entreprises entre juillet 2021 et juillet 2022 est en légère augmentation. Néanmoins, en valeur, le niveau restait inférieur de quelque 32% à celui d'avant-crise.

La sobriété énergétique au menu des universités d'été du Medef

C'est dans ce contexte anxiogène que s'ouvrent aujourd'hui les universités d'été du Medef. La question du coût de l'énergie va largement s'inviter dans les débats, avec une intervention d'Elisabeth Borne, ce lundi, sur le sujet. Devant les patrons, la Première ministre doit appeler les à la « mobilisation générale » en matière de sobriété énergétique. Un premier bilan des actions menées par les entreprises pour réduire la consommation d'énergie pourrait être fait à la fin du mois de septembre ou en octobre.

Dans une interview accordée au Figaro, le patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux, estime que « plus les crises se succèdent, plus les entreprises deviennent résilientes ».

Il plaide pour que le gouvernement « n'abandonne pas sa politique de l'offre qui a porté ses fruits, en termes de croissance et d'emploi, depuis 2015 ». Pour le responsable, « on a aujourd'hui un niveau de fiscalité sur les bénéfices et le capital dans la moyenne européenne, mais il y a encore du chemin à faire sur les impôts de production et on attend, avant d'aller plus loin, la confirmation de la suppression en une fois de la CVAE dans le budget 2023 ».

(avec AFP)