Limitation du Roundup : Royal accélère, Monsanto est "abasourdi"

Par latribune.fr  |   |  556  mots
Ségolène Royal, à l'occasion d'un déplacement dans une jardinerie du Val-de-Marne, mardi 16 juin.
La ministre de l'Ecologie prévoit, dans un souci de santé publique, l'interdiction à la vente libre de certains herbicides aux particuliers, dont le désherbant de Monsanto, pour le 1er janvier 2016, après l'avoir annoncé pour 2018. Le géant américain, agacé, reste toutefois confiant, soulignant "les changements d'avis" de Ségolène Royal.

Ségolène Royal a décidé de restreindre l'usage de certains herbicides. Elle a ainsi annoncé un "amendement à la loi de transition énergétique qui interdira le glyphosate [l'herbicide le plus utilisé en France, dont le RoundUp, Ndlr] en vente libre au 1er janvier 2016". Les points de vente devront limiter l'accès à ces produits, qui seront désormais vendus au comptoir.

Cet herbicide a été classé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un "cancérogène probable" pour l'homme, en mars.

La mesure annoncée par Ségolène Royal sur le glyphosate concernera les ventes en libre service aux particuliers de ce produit, et non pas celles destinées aux professionnels. Un amendement ad hoc sera déposé lors de l'examen du projet de loi sur la transition énergétique en juillet au Sénat. Et ce, dans le cadre du plan Ecophyto 2 du gouvernement, qui vise à réduire de 50% l'utilisation des pesticides en France d'ici à 2025.

Changement d'annonces

En une semaine, Ségolène Royal et Stéphane Le Foll ont multiplié les annonces contradictoires. La ministre de l'Ecologie et le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll avaient indiqué, dans un communiqué jeudi 11 juin, que l'accès aux produits phytosanitaires pour les jardiniers amateurs ne pourrait se faire que "par l'intermédiaire d'un vendeur certifié", mais à compter du 1er janvier 2018.

Et un peu plus tôt dans la semaine, Stéphane Le Foll s'était engagé à ne pas interdire le glyphosate.

Moins de 10% du chiffre d'affaires des ventes de Roundup en France

Suite aux annonces de Ségolène Royal, Monsanto a vivement réagi, après avoir déjà dénoncé la stigmatisation de son entreprise, lundi. "On est complétement abasourdi par cette opération de communication menée par Mme Royal", a indiqué mardi 16 juin à l'AFP le directeur des affaires institutionnelles de Monsanto France, Yann Fichet.  "Actuellement, il y a le plan EcoPhyto2 qui aurait pour vocation de mieux encadrer l'ensemble des produits phytosanitaires en France. Ce plan est en discussion avec l'ensemble des partis prenantes et j'ai l'impression que Mme Royal fait aujourd'hui cavalier seul, et elle s'acharne à stigmatiser notre marque."

Et de rester prudent, en faisant références aux multiples annonces. "Il y a eu un changement d'avis", note-t-il, attendant "des clarifications".

En cas d'interdiction, l'impact, limité à la France, ne serait pas forcément lourd pour le géant américain. Interrogé par La Tribune, Monsanto explique que "le Roundup destiné aux particuliers représente moins de 10% du chiffre d'affaires issu des ventes de Roundup en France". Et d'ajouter, en ce qui concerne un possible recours contre une telle interdiction: "Nous n'avons pas encore pris de décision, il est trop tôt."

"Ecologie de bazar"

Autre acteur important dans les herbicides en France, l'Union des entreprises pour la protection des jardins et espaces publics (UPJ, fabricants de produits phytosanitaires), est allé encore plus loin dans la critique de la ministre de l'Ecologie. "Aujourd'hui Mme Royal veut avancer ce calendrier à 2016 pour le glyphosate. Pour moi c'est un effet d'annonce, une écologie de bazar. C'est agaçant", a notamment jugé le directeur général de l'UPJ, Jacques My.

Et de se rassurer en rappelant que "le plan Ecophyto prévoit la vente assistée de ces produits à partir de 2018 puis leur interdiction à la vente en 2022".