Lors de son tête-à-tête avec Emmanuel Macron, Sophie Binet (CGT) demandera un référendum sur la réforme des retraites

Par latribune.fr  |   |  835  mots
Pour la secrétaire générale de la CGT, un référendum sur la réforme des retraites « permettrait de sortir de l'impasse ». (Crédits : Reuters)
La secrétaire générale de la CGT demande que soit organisé en France un référendum sur la réforme des retraites. Une requête que Sophie Binet compte exprimer directement à Emmanuel Macron, qu'elle rencontrera pour la première fois en tête-à-tête en fin de journée. L'occasion aussi d'évoquer avec le président de la République la « répression syndicale » qui, à ses yeux, « va trop loin ».

Ce sera sa première entrevue seul à seul avec Emmanuel Macron depuis son élection à la tête de la CGT en mars dernier. À quelques heures de ce rendez-vous prévu en fin de journée, Sophie Binet a indiqué qu'elle parlerait référendum avec le chef de l'État, précisant vouloir tout d'abord lui dire qu'il « faut qu'il descende de sa tour d'ivoire ».

« J'entends avec intérêt parler de référendum et le premier sujet sur lequel il faut organiser un référendum, c'est la réforme des retraites, parce que cette réforme ne passe toujours pas », a-t-elle déclaré sur France Inter ce mardi 29 août, « permettrait de sortir de l'impasse ».

Le président de la République a laissé entrevoir l'idée de consulter les Français par référendum dans un courrier rendu public le week-end dernier, où il invite les partis politiques représentés au Parlement à une réunion ce mercredi. Ce n'est toutefois pas nouveau : à plusieurs reprises en six ans de présidence Emmanuel Macron a évoqué cette option, sans jamais passer à l'acte. Pour Sophie Binet, un référendum sur la réforme des retraites, qui doit entrer en application le 1er septembre (voir encadré ci-dessous), « permettrait de sortir de l'impasse ».

Lire aussiRetraites : les Sages valident la réforme, et maintenant ?

La secrétaire générale de la CGT entend également évoquer auprès du chef de l'État la « répression syndicale ». « Ça va trop loin, on a franchi un cap en cette rentrée avec un dirigeant national de la CGT qui est convoqué pour la première fois devant le commissariat pour avoir organisé la mobilisation pendant la réforme des retraites, c'est un signal qui est donné au plus haut sommet de l'État qui est extrêmement mauvais », a-t-elle regretté.

Nouvelle mobilisation le 13 octobre

Ce mardi matin, Sophie Binet s'est également exprimée sur la journée de mobilisation du 13 octobre prochain. L'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, Solidaires, FSU) l'a annoncé en fin de semaine dernière, avec notamment pour mot d'ordre l'augmentation des salaire, dans un contexte de forte inflation. « Alors que les profits explosent dans la plupart des grandes entreprises, plus que jamais un meilleur partage de la richesse produite est impératif », a déclaré l'intersyndicale dans un communiqué ce lundi.

Interrogée sur cette mobilisation, Sophie Binet a expliqué que les syndicats souhaitaient « obtenir des avancées concrètes parce que la situation est mauvaise ». Le but : « Gagner par notre mobilisation des augmentations de salaire, l'égalité entre les femmes et les hommes, une amélioration de nos services publics, notamment la situation des écoles et des hôpitaux », a-t-elle expliqué.

Lire aussiRentrée syndicale : après la bataille des retraites, priorité à la hausse des salaires

Pour les syndicats, l'enjeu est aussi de continuer à se montrer unis, comme ils l'ont fait pendant des mois lors de la bataille contre la réforme des retraites. Car plusieurs importantes négociations vont s'ouvrir avec le patronat et le gouvernement, notamment sur l'assurance chômage et sur les retraites complémentaires.

Cet appel à la mobilisation s'inscrit par ailleurs dans les pas de la Confédération européenne des syndicats, qui prévoit deux dates de mobilisation, le 13 octobre ainsi que le 13 décembre.

Réforme des retraites : les nouvelles règles au 1er septembre

Plusieurs décrets d'application de la réforme des retraites sont parus le 11 août au Journal officiel. Pour rappel, les principaux décrets, portant progressivement l'âge légal de départ de 62 à 64 ans, ou mettant fin aux principaux régimes spéciaux, étaient parus au début de l'été.

Il en ressort que le minimum de pension sera revalorisé « à hauteur de 100 euros par mois pour les personnes partant en retraite à compter du 1er septembre 2023 ». Le minimum de pension sera par ailleurs « désormais indexé sur le Smic, et non plus sur l'inflation ».

Les règles du cumul emploi-retraite sont par ailleurs modifiées. Désormais, « sous certaines conditions », les retraités qui reprennent une activité professionnelle pourront demander « une "seconde pension" recalculée sur la base des mêmes règles ».

La retraite progressive, elle, est étendue aux fonctionnaires et professionnels libéraux et son accès « facilité » pour les salariés, l'employeur devant désormais « justifier son refus ».

Le compte professionnel de prévention (C2P) évolue aussi. Les seuils associés aux facteurs de risques travail de nuit et travail en équipes successives alternantes passent respectivement de 120 à 100 nuits par an et de 50 à 30 nuits par an. Les salariés exposés simultanément à plusieurs facteurs de risques pourront acquérir plus de points qu'auparavant. In fine, ils pourront ainsi bénéficier temporairement d'un mi-temps et abonder leur compte personnel formation (CPF). Désormais, les titulaires du C2P pourront aussi engager une reconversion professionnelle. En parallèle, est créé un Fonds d'investissement dans la prévention de l'usure professionnelle (Fipu).

(Avec AFP)