Macron lance son New Deal

Par Fabien Piliu  |   |  692  mots
D'un montant de 50 milliards d'euros, le plan d'investissement voulu par Emmanuel Macron et annoncé par Edouard Philippe ce mercredi sera intégré à la prochaine loi de programmation des finances publiques et montera en charge progressivement pendant le quinquennat.
Edouard Philippe, le Premier ministre a dévoilé les contours du plan d'investissement annoncé lors de la campagne présidentielle. Ses détails et ses objectifs seront clairement précisés en septembre.

Lors du Conseil des ministres, ce mercredi, Edouard Philippe a dévoilé les premiers contours du plan d'investissement annoncé par le candidat Emmanuel Macron au cours de la campagne présidentielle. Pendant keynesien de la politique de l'offre que l'exécutif entend poursuivre au cours du quinquennat, via une baisse de la fiscalité des entreprises notamment, ce plan accorde à l'Etat le rôle d'aiguillon de la croissance. C'est en quelque sorte un New Deal, dans l'esprit de celui élaboré par lprésident américain Franklin Delano Roosevelt entre 1933 et 1938 pour lutter contre les effets de la Grande Dépression aux États-Unis et relancer l'économie américaine.

"La transformation de notre modèle économique et social pour les cinq ans à venir doit reposer sur deux leviers. Elle proviendra d'abord des réformes économiques, fiscales et sociales et de la maîtrise de nos finances publiques. Mais celles-ci seront d'autant plus puissantes que sont parallèlement engagés des investissements transformants. Telle est la finalité du grand plan d'investissement ", a expliqué le Premier ministre.

Un plan de 50 milliards d'euros, comme prévu

Ce plan est conforme à celui présenté lors de la campagne. D'un montant de 50 milliards d'euros d'investissements, il sera intégré à la prochaine loi de programmation des finances publiques et montera en charge progressivement pendant le quinquennat. Il sera financé par des crédits budgétaires et "par des instruments financiers innovants (fonds propres, prêts)", indique le Premier ministre.

Ses objectifs sont clairs, à défaut d'être encore précis. Il financera des actions "à caractère non pérenne, en vue d'effets durables, mesurables à horizon de la fin de la mandature", précise Edouard Philippe.

Ses priorités sont également inchangées. Il s'agit toujours du développement des compétences, pour faciliter l'accès à l'emploi, notamment pour les chômeurs de
longue durée et les jeunes sans qualification, de l'accélération de la transition écologique pour faire prendre à la France le virage vers la neutralité carbone, de la redéfinition de la politique de transport, en insistant sur les nouveaux modes de mobilité, de la stimulation de la montée en gamme des filières agricoles, de la transformation de l'action publique et de la modernisation de notre système de santé, en France et en outre-mer.

Pendant la campagne, Emmanuel Macron avait proposé d'investir 15 milliards d'euros pour la transition écologique, 15 milliards d'euros pour les compétences, 5 milliards d'euros pour la transformation de l'agriculture, 5 milliards d'euros aux transports et équipements collectifs locaux, 5 milliards d'euros pour la santé et 5 milliards d'euros pour la modernisation des administrations publiques.

Les investissements d'avenir dans la boucle

Le programme pour les investissements d'avenir (PIA) sera une des composantes de ce plan. Sans surprise, conformément à ses objectifs, il sera chargé de valoriser l'enseignement supérieur et de la recherche, et de stimuler l'innovation et la modernisation des entreprises. A noter, la notion d'investissement doit s'entendre au sens large. Elle intègre la formation de capital matériel ou immatériel, mais aussi les actions de formation ou d'appui à la transformation des organisations.

Des détails en septembre

Conseiller économique d'Emmanuel Macron pendant la campagne, pressenti un temps à Bercy, Jean Pisani-Ferry est en charge de la préfiguration de ce plan. Les conclusions de sa mission sont attendues au mois de septembre. Dans la foulée, une conférence de l'investissement sera organisée par le Premier ministre au mois de septembre avec tous les ministres et les partenaires du grand plan d'investissement, pour présenter ces orientations et les premières mesures phares qui seront mises en œuvre en 2018.

En attendant ces précisions, une question se pose. Les moyens déployés sont-ils à la hauteur des enjeux ? Le gouvernement compte sur l'effet de levier que cet argent public peut provoquer. Traditionnellement, les experts estiment qu'un euro d'argent public investi entraîne au moins deux euros d'argent privé. Lors de la campagne, Emmanuel macron n'a jamais voulu estimer cet effet de levier. C'est plutôt sage. A titre de comparaison, l'effet de levier attendu plan d'investissement européen ou plan Juncker vise un effet de levier de quinze. C'est plutôt ambitieux.