Malgré les critiques, l'Assemblée vote en faveur de la ratification du Ceta

Par latribune.fr  |   |  630  mots
(Crédits : Regis Duvignau)
L'Assemblée nationale a approuvé ce mardi 23 juillet la ratification du controversé traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (Ceta), par 266 voix contre 213, et 74 abstentions, malgré un record de contestations au sein du groupe LREM.

La majorité des députés LREM a voté pour, mais 52 "marcheurs" se sont abstenus et surtout 9 ont voté contre le texte. L'ensemble de la gauche s'est prononcée contre. LR et UDI-Indépendants se sont en majorité opposés au texte qui doit maintenant être soumis au Sénat à une date encore indéterminée.

Record de contestations

Un texte n'avait jamais généré autant de contestations au sein de la majorité présidentielle. Le scrutin sur la proposition de loi "anticasseurs", début février, avait donné lieu certes à cinquante abstentions mais aucun élu LREM n'avait voté contre.

Du côté du MoDem, partenaire d'En Marche, 32 députés ont validé la ratification du Ceta mais 6 se sont abstenus et 2 ont voté contre. Entré en vigueur pour partie et de manière provisoire il y a bientôt deux ans, l'"Accord économique et commercial global" (AECG) - en anglais Ceta - supprime notamment les droits de douanes sur 98% des produits échangés entre les deux zones. Il est vivement critiqué par les agriculteurs et les ONG.

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Son examen au Palais Bourbon mercredi dernier avait donné lieu à environ 10 heures de vifs échanges, jusque tard dans la nuit. Hasard du calendrier, ce vote s'est déroulé lors d'une journée chargée au Palais-Bourbon, marquée aussi par la visite de la figure suédoise de la lutte contre le changement climatique Greta Thunberg.

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Passe d'armes entre Hulot et Macron

Mardi matin en réunion de groupe LREM, le Premier ministre Edouard Philippe avait tenté de lever les doutes, mettant en garde contre les "conséquences non nulles" d'un vote qui ne serait pas aligné, selon un participant. Lundi, l'ex-ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a appelé, dans une lettre ouverte, les parlementaires à avoir "le courage de dire non" à ce traité, qui risque à ses yeux d'ouvrir la porte à des substances dangereuses par un abaissement des normes sanitaires.

Une ratification irait "dans le bon sens", lui a répondu Emmanuel Macron, tout en réaffirmant la nécessité de s'assurer que le texte soit "bien mis en œuvre". Le chef de l'Etat a souligné que l'ex-ministre s'était lui-même "battu pour (l') améliorer".

Négocié pendant plus de sept ans, le Ceta avait été approuvé par le Parlement européen en février 2017. Il doit être ratifié par les 38 assemblées nationales et régionales d'Europe, d'où son passage par l'Assemblée, puis au Sénat à une date qui reste à définir.

"Tromperie" pour la FNSEA

La présidente du principal syndicat agricole français, la FNSEA, a dénoncé mardi des "non-dits" et une "tromperie" concernant le Ceta, quelques heures avant l'approbation à l'Assemblée de ce traité de libre-échange controversé entre l'UE et le Canada. Selon Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, il y a des secteurs gagnants avec le Ceta - celui du vin et du fromage notamment -, et des secteurs perdants, "celui de la viande bovine".

"Lorsqu'il a été dit par plusieurs membres du gouvernement qu'il n'y a pas de farines animales de bovins utilisées pour nourrir les bovins (au Canada, ndlr), il y a aujourd'hui confirmation que cet argument est faux", a-t-elle affirmé à l'AFP lors d'une visite dans le Tarn. "Il y a surtout des non-dits, ou une tromperie. Est-ce un mensonge d'Etat? Je ne sais pas", s'est demandé Mme Lambert, dénonçant l'utilisation de "la gélatine et du sang pour nourrir des bovins". "C'est du cannibalisme", a-t-elle lancé.

(avec AFP)