Malgré Whirlpool, les Etats-Unis restent le premier investisseur étranger des Hauts-de-France

Par Gaëtane Deljurie, à Lille  |   |  644  mots
Les Etats-Unis ont généré « 100 % des opérations de création d'emplois en 2016 », soit environ 1.200 postes à travers 10 projets. Cela s'explique par les investissements d'Amazon, qui ouvrira une cinquième plate-forme de préparation de commandes près d'Amiens : ce sera la plus grande de France avec 500 CDI annoncés sur les trois prochaines années.
La campagne présidentielle s'est focalisée sur le cas du site de Whirlpool, faisant oublier que 1.800 entreprises représentant 132.000 emplois sont le fait de capitaux étrangers, provenant d'abord des Etats-Unis.

Hier, les candidats à la présidentielle  se sont livrés une véritable bataille d'image autour de Whirlpool à Amiens, l'entreprise américaine ayant décidé de délocaliser sa production de sèche-linges en Pologne au 1er juin 2018, licenciant au passage 295 salariés. Ce plan social,  devenu symbole pour la campagne de l'entre-deux tours, ne doit pas faire oublier à quel point les entreprises étrangères, notamment américaines, investissent massivement dans les Hauts de France pour créer et/ou maintenir l'emploi.

La région abrite en effet près de 1.800 établissements à capitaux étrangers, ce qui totalise plus de 132.000 emplois, selon un recensement de Nord France Invest, l'agence de promotion économique des Hauts de France. L'année dernière, les investisseurs étrangers ont ainsi créé ou maintenu plus de 4.500 emplois dans les Hauts-de-France, à travers une centaine de projets d'investissements.

1.200 postes créés à travers 10 projets

Ironie de l'histoire par rapport à Whirlpool, les Etats-Unis ont généré « 100 % des opérations de création d'emplois en 2016 », soit environ 1.200 postes à travers 10 projets. Cela s'explique par les investissements d'Amazon, qui ouvrira une cinquième plate-forme de préparation de commandes près d'Amiens : ce sera la plus grande de France avec 500 CDI annoncés sur les trois prochaines années. Le pure-player va également embaucher 250 personnes dans son futur centre de tri qu'il devrait inaugurer cette année, près de sa plate-forme de Lauwin-Planque, à côté de Douai.

La deuxième place concernant la création ou la maintien de l'emploi par des capitaux étrangers revient à l'Allemagne (plus de 900 emplois en 11 projets dont la reprise du spécialiste du poisson pané Gelmer par Greenland Seafood), suivi des Pays-Bas  et de l'Italie (chacun avec près de 480 emplois, via respectivement 8 et 11 projets).

Finalement, les Américains décrochent la première place des employeurs étrangers en région, avec près de 32.000 salariés, répartis à travers 220 établissements. Il faut rappeler qu'en 2015, un fonds d'investissement américain (Peaked Hill Partners) a sauvé le fleuron national verrier, Arc International près de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais. Croulant sous les dettes, le leader mondial des arts de la table menaçait de licencier les actuels 5.000 salariés d'une usine qui en avait compté plus de 10.000 dans les années 1970.

« Sans parler d'Arc, nous constatons, depuis 2012, un accroissement significatif du nombre et de la taille des projets américains », analyse Nord France Invest. « Jusqu'en 2011 environ six projets générant à eux tous en moyenne 144 emplois étaient détectés chaque année. Depuis 2012, ce sont dix projets par an en moyenne générant plus de 800 emplois. »

Investissements de grand groupes comme IBM

Une tendance dessinée par les investissements répétés de très grands groupes, comme par exemple IBM (implantation d'un centre de service à Lomme près de Lille en 2013, 700 emplois créés), Cerberus (reprise de Reydel Automotive (ex-Visteon), équipementiers automobile pour 631 emplois maintenus à Harnes et Gondecourt dans le Pas-de-Calais), Booking (ouverture d'un centre à Tourcoing en 2011, 380 postes déclarés), Anovo (rachat d'Ingram Micro à Beauvais, 280 emplois maintenus dans la réparation d'équipements de communication) ou encore AGCO (reprise en 2007 de Massey Ferguson à Beauvais dans l'Oise, 2035 personnes).

Toujours selon Nord France Invest, les capitaux américains, c'est aussi les usines Procter & Gamble  et Colgate Palmolive Industriel à Amiens et à Compiègne (1.500 personnes), Dunlop à Amiens (950 salariés), un centre d'appels (Webhelp par KKR, 785 personnes à La Croix-Saint-Ouen dans l'Oise), la production de batteries (Enersys, 635 personnes à Arras dans le Pas-de-Calais), la fabrication de couvertures en métal (EJ Picardie, 565 personnes toujours dans l'Oise, à Saint-Crépin-Ibouvillers), une usine d'éléments de seringues (West Pharmaceutical Services, 495 personnes à Le Nouvion-en-Thiérache dans l'Aisne), les crèmes glacées (Häagen Dazs, 490 personnes à Tilloy-Lès-Mofflaines dans Pas-de-Calais), les systèmes d'intérieur de voiture (Reydel Automotive, 415 personnes à Gondecourt dans le Nord).

Et encore, ce ne sont là que les sites les plus significatifs.