Michel Sapin exclut toute fusion entre impôt sur le revenu et CSG

Par latribune.fr  |   |  877  mots
A l'heure où les contribuables mettent la dernière touche d'encre sur leur déclaration de revenus 2014, dont la version papier doit être rendue au fisc avant mardi 19 mai minuit, le ministre des finances Michel Sapin a exclu dimanche tout projet de fusion IR-CSG, pourtant promis par François Hollande, car cela "augmenterait l'impôt" alors que le gouvernement assure vouloir les baisser.

A deux jours du rendu de la déclaration de revenu papier, sur laquelle ont sans doute planché malgré ce week-end ensoleillé nombre de contribuables, le ministre des Finances Michel Sapin s'est prononcé dimanche contre une fusion de l'impôt sur le revenu avec la CSG qui se traduirait par "l'augmentation des impôts pour la moitié des Français" alors que ceux-ci "veulent voir des baisses d'impôt".

Interrogé sur BFM TV-RMC-Le Point sur l'objectif d'une fusion de l'impôt sur le revenu et la CSG, promesse de campagne de François Hollande, Michel Sapin a répondu que le gouvernement avait "mis des bases" en 2012. "On impose de la même manière le capital et le travail au titre de la CSG comme au titre de l'impôt sur le revenu" et "c'est une très bonne chose", a-t-il dit.

Mais "la fusion des deux aujourd'hui, ce serait annoncer l'augmentation des impôts pour la moitié des Français", a-t-il ajouté. "Une augmentation des impôts, la réponse est non, parce que ça voudrait dire que la CSG augmente pour la moitié des Français", a-t-il insisté. Une récente étude a montré que seulement 47% des foyers fiscaux sont imposables à l'impôt sur le revenu et le chiffre devrait encore baisser avec la récente suppression de l'impôt pour 9 millions de contribuables, votée dans le budget 2014. Le gouvernement aurait bien aimé d'ailleurs écrire un courrier aux personnes concernées par la nouvelle, mais semble devoir y renoncer car l'informatique fiscale ne permet par de le faire dans les délais, c'est-à-dire avant le paiement du "troisième tiers" en septembre.

Les Français veulent "des baisses d'impôts"

"Les Français aujourd'hui, ce qu'ils veulent voir, c'est des baisses d'impôts", a réaffirmé Michel Sapin. "Nous les avons stabilisés en 2014 (...) En 2015, ils commencent à baisser". Le ministre des finances avait pourtant, quand il était ministre du Travail, plaidé pour une "CSG progressive". Désormais à Bercy, il reconnaît que "la grande réforme fiscale (...) ça n'existe pas. Il y a des réformes qui arrivent et qui se mettent en place progressivement". Le ministre a toutefois estimé que le gouvernement avait "trop augmenté les impôts et trop vite".

Interrogé par ailleurs sur le niveau de chômage dans les pays voisins, Michel Sapin a répondu "préférer 7% en Allemagne sans la précarité que les 5% avec des contrats à terme britanniques". Interrogé sur la réelection du Premier ministre britannique conservateur David Cameron, "ce que je retiens (...)  c'est que c'est en bougeant qu'on réussit, pas en restant sur place", a-t-il dit.

Quant à la durée de l'indemnisation chômage, il a rejeté l'idée de la réduire en France au niveau de l'Allemagne. Selon le ministre, "ça marche en Allemagne avec un niveau de chômage qui est toujours resté très bas, aujourd'hui nous sommes à un niveau de chômage élevé en France".

La France "se réforme, avance" aujourd'hui, a-t-il assuré. "La France est en train de bouger". Pour Michel Sapin, "dans le monde d'aujourd'hui, dans l'Europe d'aujourd'hui, une France à l'arrêt, ce serait une France condamnée" et "nous avons besoin de réformes". "Nous réformons et nous continuons à réformer", a assuré le ministre des finances.

Une croissance de plus de 1% en 2015 ?

Le ministre des Finances a aussi réaffirmé qu'il visait en 2015 une croissance supérieure à 1% en France, en souhaitant qu'elle s'inscrive dans la durée, ce qu'il a jugé "tout à fait possible". Le taux de croissance de 0,6% au premier trimestre annoncé cette semaine par l'Insee est "une belle nouvelle, une bonne nouvelle pour la France", a-t-il déclaré sur BFM TV-RMC-Le Point. "Ce que je veux, c'est que cette année la France fasse mieux que le 1%", a-t-il réaffirmé.

"Ce chiffre du premier trimestre montre que notre politique a des résultats positifs, à une condition, c'est que ça se fasse maintenant dans la durée", a estimé le ministre. "Il faut une croissance plus forte en emplois, plus consistante en emplois", a-t-il ajouté. "Je souhaite que la croissance, pour la première fois depuis trois années consécutives, (...) soit supérieure à 1% parce qu'à partir du moment où on est supérieur à 1% en croissance, ça commence à se voir (...) en termes d'emplois".

Le ministre a dit vouloir "une croissance plus forte, mais durable" pour "s'inscrire dans la durée enfin retrouvée". "Je le crois tout à fait possible", a-t-il assuré, en misant sur la consommation des ménages et les exportations. Mais "il reste un élément décisif (...) il faut que l'investissement des entreprises reparte", a-t-il souligné.

Interrogé sur l'objectif avancé en 2012 d'une croissance de 2 à 2,5% en 2017, M. Sapin a dit qu'il "ne pens(ait) pas" que ce soit possible "parce qu'il faut monter progressivement". Mais "plus de 1% cette année, plus de 1,5% l'année prochaine. Là, nous sommes dans une trajectoire qui permet de faire reculer le chômage", a-t-il affirmé. La prévision de 2-2,5% que les socialistes avaient faite pendant la campagne présidentielle de 2012 n'est "pas l'erreur d'un camp ou d'un autre (...) c'est l'erreur de tous", a-t-il dit, en soulignant que le candidat de la droite Nicolas Sarkozy avait fait une prévision similaire.