"J'ai l'impression d'avoir perdu mon temps" au gouvernement (Montebourg)

Par latribune.fr avec AFP  |   |  549  mots
Arnaud Montebourg a effectué son retour médiatique dans le journal Les Echos.
Dans une interview, l'ancien ministre du Redressement productif juge "absurdes" les choix de François Hollande. Il n'épargne pas non plus son successeur, Emmanuel Macron.

Quelques jours près avoir intégré les groupes Habitat et Talan, Arnaud Montebourg effectuait ce mercredi sa rentrée médiatique. A cette occasion, l'ancien ministre ne s'est pas privé de dire tout le bien qu'il pensait du gouvernement dont il a fait parti. Dans un entretien aux Echos publié mercredi, Montebourg estime que le président François Hollande mène des "politiques absurdes" qui  portent "la responsabilité de l'augmentation du chômage".

Critiquant l'"obsession" européenne de réduction du déficit, selon lui un "dogmatisme qui mène à l'entêtement", le nouveau vice-président d'Habitat craint que l'Europe "s'enfonce dans la crise politique".

A lire aussi : La fin du quinquennat avec "800.000 chômeurs de plus" (Montebourg)

"Partout des coalitions éclatent ou sont remises en cause par de nouvelles formations qui plaident enfin pour des orientations alternatives", détaille-t-il. "François Hollande en 2012 aurait dû prendre la tête de ce courant, au lieu de cela, on mène une politique qui étouffe l'économie et porte la responsabilité de l'augmentation du chômage", poursuit-il. Pour lui, "le Parti socialiste est sur la route du Pasok grec".

"La reprise est là depuis longtemps. Le président de la République, d'ailleurs, ne cessait de le rappeler. Pour quelle raison n'en avons-nous jamais profité ? Parce que nous menons des politiques absurdes", ajoute M. Montebourg, pour qui l'amélioration récente de la situation économique, "c'est pour des raisons parfaitement indépendantes du gouvernement".

"Le grand désaccord national"

Particulièrement cruel avec l'exécutif, il estime en outre que la défaite électorale "carabinée" de la majorité aux départementales est "la conséquence des grands choix qui ont été faits depuis 2012", évoquant la montée du chômage et les baisses de pouvoir d'achat qu'il résume en une expression: le "grand désaccord national". Par ailleurs, il n'hésite pas à comparer François Hollande - à qui il n'a pas adressé la parole depuis son éviction du gouvernement - avec son prédécesseur, Nicolas Sarkozy. Selon lui, leur politique "est en matière économique la même".

Pour aller plus loin : Emmanuel Macron, un anti Montebourg à Bercy

Mais il réserve ses piques les plus coriaces à son successeur, Emmanuel Macron, assurant notamment que lui-même n'aurait "pas cédé face aux corporatismes des professions réglementées" et n'aurait "pas renoncé à certaines protections des salariés qui ont fait perdre au gouvernement la majorité sur ce texte". Des allusions aux reculades du ministre de l'Economie sur les dispositions encadrant notamment le travail des notaires.

"J'ai perdu mon temps"

Il critique également le choix du nouveau ministre de l'Industrie de réduire les 34 plans d'innovation industriels qu'il avait créés à une dizaine. "En matière d'innovation, réduire les ambitions me paraît toujours une erreur", clame-t-il avant d'affirmer que de son passage au gouvernement, ces 34 plans sont ce dont il est "le plus fier".

Arnaud Montebourg confie enfin sa vision de la vie politique française, "une bourgeoisie d'Etat, haut-fonctionnarisée, coupée du peuple. Elle est devenue dangereuse pour notre pays", estime-t-il. Puis, comme un bilan de ses 17 années en politique il affirme avoir "accompli un certain nombre de choses". Mais : "j'ai quand même l'impression d'avoir perdu mon temps", conclue-t-il.