« Non à la taxation de la plus-value de la résidence principale » (Julien Denormandie)

Par Propos recueillis par César Armand et Philippe Mabille  |   |  489  mots
"Augmenter la fiscalité des logements ne va pas dans le sens d'une diminution de leur coût", selon le ministre du logement. (Crédits : iStock)
INTERVIEW. Le ministre de la Ville et du Logement Julien Denormandie entend assurer aux acteurs de l'immobilier de la visibilité et une certaine stabilité fiscale.

LA TRIBUNE - Entre l'Impôt sur la fortune immobilière (IFI), qui freine les investisseurs, et la chute de la construction en 2018, les professionnels de l'immobilier s'alarment d'un manque conséquent de logements et d'une chute de l'emploi dans le secteur en 2022. Que faites-vous pour l'éviter ?

JULIEN DENORMANDIE - Permettez-moi d'abord d'insister sur le rôle majeur du secteur de l'immobilier et des professionnels qui le composent dans l'activité du pays tant en matière d'emplois et de création de valeurs qu'en termes d'aménagement. Dans le même temps, j'assume d'être entièrement tourné vers un appui aux propriétaires et aux locataires. Trop souvent, ils ont été opposés les uns aux autres. Trop souvent, un ministre de droite était présenté comme pro-propriétaires. Trop souvent, un ministre de gauche était présenté comme pro-locataires.

Dans la loi Élan, nous soutenons avec beaucoup de détermination les propriétaires ET les locataires. J'ai entendu tout ce qui s'est dit sur la transformation de l'ISF en IFI. Ce n'était pas une réforme contre le logement mais pour mettre plus de capital vers le capitalisme industriel français dans tous les secteurs, y compris la construction. Pour répondre à votre question, je prends deux engagements vis-à-vis des professionnels : d'abord donner beaucoup de visibilité et de stabilité fiscale aux acteurs économiques. Ensuite, mettre en oeuvre le plus rapidement possible l'ensemble des dispositions incluses dans la loi Élan.

Le Grand débat national va peut-être vous contraindre à revenir sur certains dispositifs, d'autant que le président de la République a jugé « très bonne » l'idée de taxer les plus-values des résidences principales...

Je suis opposé à la taxation de la plus-value de la résidence principale car toute mesure qui vise à augmenter la fiscalité des logements ne va pas dans le sens d'une diminution de leur coût. De facto, cela ne ferait que renchérir les prix des logements, et toute la chaîne de production en serait impactée. La vente d'un premier bien de 40 m² permet au contraire d'acquérir des mètres carrés supplémentaires au profit d'un second bien avec une deuxième chambre.

Pourquoi ne baisseriez-vous pas la TVA sur la vente dans le neuf ?

Annoncée en septembre 2017, la loi Élan a été présentée en Conseil des ministres en avril 2018 après une conférence de consensus qui a réuni 2.500 professionnels et 25.000 Français. Je reste à l'écoute des propositions des uns et des autres, mais j'insiste sur la stabilité et la lisibilité des dispositifs qui nécessitent de ne pas tout remettre à plat tous les matins au risque de pénaliser l'ensemble du secteur.

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