Soulagement pour le gouvernement, S&P maintient la note de la France à « AA »

Par latribune.fr  |   |  789  mots
S&P Global maintient la note de la France à « AA » (Crédits : Reuters)
L'agence de notation américaine n'a pas suivi Fitch, un autre agence de notation qui, fin avril, a abaissé la note de la France d'un cran, à « AA- » en faisant état d'une « impasse politique » de nature à compliquer la tâche du gouvernement dans sa volonté de réformes, voire à encourager les dépenses. Satisfait, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a vanté la gestion budgétaire française.

Soulagement pour le gouvernement français. S&P Global maintient la note de la France à « AA ». L'agence de notation américaine n'a pas suivi Fitch, un autre agence de notation qui, fin avril, a abaissé la note de la France d'un cran, à « AA- » en faisant état d'une « impasse politique » de nature à compliquer la tâche du gouvernement dans sa volonté de réformes, voire à encourager les dépenses.

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Les taux au plus haut

La France est notée « AA » par S&P Global. Dans son évaluation, l'agence estime que des conditions d'accès au crédit plus restreintes et une inflation toujours élevée pèseront sur l'activité économique de la France en 2023 et 2024. L'agence de notation prévoit que le déficit budgétaire français diminuera à 3,8% en 2026, contre environ 5% en 2023, et que la dette restera supérieure à 110% du produit intérieur brut. S&P Global avait abaissé en décembre dernier la perspective de la France à « négative » contre « stable » précédemment en raison de risques croissants pour les finances publiques et les conséquences budgétaires pouvant en résulter.

Cette décision est une bonne nouvelle. Une dégradation aurait en effet augmenté les intérêts d'emprunt français auprès des investisseurs, alors que les taux d'intérêt des emprunts français à 10 ans sont déjà à des plus hauts niveaux depuis onze ans en raison des hausses de taux de la Banque centrale européenne (BCE) qui bataille contre une inflation persistante et fait mécaniquement remonter les taux d'emprunts des États sur le continent.

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Bruno Le Maire vante la gestion budgétaire française

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a vanté la gestion budgétaire française,

 « Je prends acte de la décision de l'agence Standard & Poor's de laisser inchangée la notation de la dette française », a-t-il déclaré au JDD. « C'est un signal positif. Notre stratégie en matière de finances publiques est claire. Elle est ambitieuse. Et elle est crédible. »

S&P note la France depuis 1975 et ne l'a dégradée qu'à deux reprises. C'est aussi la première à avoir retiré à l'Hexagone son emblématique « triple A » en 2011, meilleure note possible et symbole d'une excellente gestion des finances, dont un petit cercle de pays bénéficient encore auprès des trois agences à l'instar de l'Allemagne, des Pays-Bas et de l'Australie.

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Fitch maintient sous surveillance la note AAA des Etats-Unis

L'agence de notation Fitch a maintenu vendredi sous surveillance la précieuse note AAA des Etats-Unis en raison de la crise de la dette, et malgré un accord adopté au Congrès jeudi soir, déplorant la « polarisation politique ».

« Bien que la résolution de l'impasse sur la limite de la dette américaine permette au gouvernement de respecter ses obligations », Fitch maintient cette surveillance, indiquant, dans un communiqué, examiner « toutes les implications de ce dernier épisode de crise et les perspectives pour les trajectoires à moyen terme du budget et de la dette ».

Fitch précise toutefois avoir « l'intention de lever la surveillance négative sur la note +AAA+ des États-Unis au 3e trimestre 2023 », jugeant que « la cohérence et la crédibilité de l'élaboration des politiques, ainsi que les trajectoires budgétaires et de la dette attendues à moyen terme seront des facteurs clé de notre évaluation ».

L'administration du démocrate Joe Biden et l'opposition républicaine ont mené des négociations tendues ces dernières semaines pour relever le plafond de la dette et ainsi permettre à la première économie du monde de continuer à payer salaires, retraites, dépenses de santé, ou encore factures, et de continuer à emprunter sur les marchés.

Cela a permis d'éviter in extremis un défaut de paiement, alors que les liquidités ne permettraient de tenir que jusqu'au 5 juin. Le texte permettra à Washington d'honorer ses paiements jusqu'à début 2025.

Mais pour Fitch, ces « affrontements politiques répétés autour du plafond de la dette et les suspensions de dernière minute (...) réduisent la confiance dans la gouvernance budgétaire et sur la dette ».

L'agence de notation déplore même « une détérioration constante de la gouvernance au cours des 15 dernières années ».

Elle évoque ainsi « une polarisation politique et un esprit partisan accrus, comme en témoignent les élections contestées de 2020, des négociations répétées jusqu'à la dernière minute sur le plafond de la dette et l'incapacité à relever les défis budgétaires ».