Une dette de ouf ! Soulagement à l'Elysée...

VOTRE TRIBUNE DE LA SEMAINE. Merci à S&P Global, Emmanuel Macron ne subira pas l'humiliante dégradation du crédit de la France. L'agence de notation américaine salue sa réforme des retraites, toujours très contestée, mais tout reste à faire pour tenir des promesses budgétaires qui n'engagent que ceux qui les écoutent...
Philippe Mabille
(Crédits : POOL)

Le couperet n'est pas passé loin mais finalement, les « arguments » opposés par le ministre des finances, Bruno Le Maire, mais aussi sans doute ceux d'Emmanuel Macron qui a déclaré que Fitch avait tout faux dans son analyse en dégradant la note de la France parce qu'elle est dans une « impasse politique et sociale » ont convaincu S&P Global de ne pas en faire autant. L'agence de notation américaine, l'une des plus influentes avec Moody's pour définir la cote de crédit d'une dette, privée ou publique, a déjoué les attentes des observateurs et des traders qui se seraient risqués à « shorter » la France. C'est évidemment une bonne nouvelle saluée par Bruno Le Maire qui a dès vendredi soir, avant même la sortie du communiqué officiel de Standard & Poor's, parlé dans un entretien au JDD d'un « signal positif ». Selon le patron de Bercy, « notre stratégie en matière de finances publiques est claire, ambitieuse et crédible ».

Les objectifs de ramener la dette de 112% à 108% du PIB et les déficits publics sous les 3% du PIB sont réaffirmés par le ministre qui donne aussi sa recette pour y parvenir. Pas question d'augmenter les impôts -Emmanuel Macron a qualifié le projet d' « ISF vert » proposé par son ancien conseiller économique d'« idée à la con » (cité dans L'Express). Non, la stratégie budgétaire française repose sur trois piliers, assure Bruno Le Maire : poursuivre les réformes pour atteindre le plein emploi, faire des économies dans la dépense publique, et en finir, vraiment, avec le quoi qu'il en coûte et de la politique du carnet de chèque à tout va. Une stratégie qu'il compte défendre avec « la fermeté la plus totale », assure-t-il.

Il est évidemment permis de mettre en doute cette fermeté au vu des nombreux guichets ouverts depuis le début de la guerre en Ukraine pour résister au choc énergétique. Mais on peut aussi penser qu' en effet c'est vraiment la fin du quoi qu'il en coûte tel que nous l'avons connu depuis le début de la crise sanitaire. Même en ne dégradant pas notre notation, S&P Global a adressé un coup de semonce qui a remis les pendules à l'heure sur l'état réel des finances publiques françaises, qui n'est pas fameux.

Reste à savoir maintenant ce qu'Emmanuel Macron va faire de cette rémission. La perspective de la dette française reste fragile relève S&P, qui reconnaît l'impact positif à moyen terme de la réforme des retraites mais prévient des risques relatifs à l'exécution des objectifs budgétaires gouvernementaux: ils incluent l'absence de majorité absolue au Parlement français depuis la mi-2022, qui pourrait compliquer la mise en oeuvre des politiques, ainsi que des incertitudes au sein des économies mondiales et européennes, et des conditions de financement plus tendues. A l'avenir, l'agence souligne que « la fragmentation politique ajoute de l'incertitude sur la capacité du gouvernement à mettre en place des politiques favorables à la croissance économique et au rééquilibrage budgétaire ».

Une éventuelle dégradation reste une épée de Damoclès qui pèse sur la dette française et même si le soulagement l'emporte, le risque d'une perte de contrôle des finances publiques reste élevé, surtout en cas de récession. Pour l'instant, la France y échappe, à la différence de l'Allemagne. Mais pour combien de temps. La stratégie consistant à faire reposer la crédibilité budgétaire plus sur le plein emploi que sur des économies sonnantes et trébuchantes est sans doute plus confortable politiquement, mais elle est aussi plus incertaine. Avec la hausse des taux d'intérêt, point n'est besoin de dégrader la note de la France et de voir flamber notre « spread » avec l'Allemagne pour constater que l'explosion des charges de la dette va vite rendre incontournable un tournant de la rigueur. La décision de  S&P donne à Macron un peu de répit, mais tic-tac, tic-tac, l'horloge qui sonne le retour au sérieux budgétaire a avancé de plusieurs heures. La grande peur qui a saisi le gouvernement devant le possible verdict du grand méchant notateur suffit à le démontrer.

D'autant que taxe verte, dette supplémentaire ou plein emploi, on se demande bien où Bercy va trouver les milliards de la transition écologique.

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À L'AFFICHE. Jensen Huang, l'emblématique patron de Nvidia devenu roi de l'intelligence artificielle. Portrait de ce groupe au cœur de la révolution technologique qui se profile, qui vient de rejoindre le cercle très fermé des cinq groupes à plus de 1 trillion de dollars de capitalisation, souligne François Manens, notre expert cyber et IA.

L'ENTRETIEN DU JEUDY. « La gauche a lâché le monde du travail », s'écrie Laurent Berger. A trois semaines de son départ, le secrétaire général de la CFDT règle ses comptes avec Emmanuel Macron dans un dialogue avec Bruno Jeudy.

VIDÉO. « La souveraineté industrielle ne se construit pas depuis Paris », selon Laurent Wauquiez. Invité du forum « Transformons la France », organisé le jeudi 1er juin par La Tribune à Lyon, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a mis en avant les actions déployées au sein de la première région industrielle tricolore pour renforcer sa compétitivité et relocaliser davantage de production. Celui qui paraît être le candidat naturel des Républicains pour la présidentielle de 2027 a notamment défendu la vision d'une « France des régions heureuses », clé, selon lui, de la reconstruction du pays et atout majeur dans la compétition mondiale. Notre article et le replay de l'intervention et de l'intégralité du forum.

ÉDITO. Le ministre des Transports Clément Beaune a déclaré qu'il voulait aller plus loin dans la suppression des vols intérieurs. Pourtant, telle qu'elle est écrite aujourd'hui, la loi ne permet pas de baisser les émissions de CO2 du transport aérien français. Au contraire, elle favorise une...augmentation, écrit Fabrice Gliszczynski.

INDUSTRIE. Bruno Le Maire pousse à exempter l'industrie verte du zéro artificialisation nette (ZAN) des sols. Deux tiers des territoires refusent l'implantation de nouveaux projets économiques industriels, faute de place, rappelle César Armand.

ÉNERGIE. Subventionner l'achat d'hydrogène « vert » hors d'Europe, afin d'importer la fameuse molécule sur le Vieux continent : telle est la logique du fonds allemand H2Global, déjà abondé à 900 millions d'euros par Berlin, et qui s'étendra à tous les Etats membres volontaires. Pourtant, cet instrument servira de facto à développer une industrie de l'hydrogène à l'étranger, au moment-même où les Vingt-Sept insistent sur leur volonté de relocaliser les chaînes de production bas carbone afin d'accroître leur souveraineté énergétique, s'étonne Marine Godelier.

DÉCRYPTAGE. Avec 1.000 hectares d'emprise foncière, ce n'est rien d'autre que le plus grand projet de parc solaire en Europe. Horizeo va louer les terres d'un groupement forestier discret au sud de la Gironde, dirigé par d'illustres familles du milieu viticole bordelais. Elles pourraient toucher chaque année une rente équivalente à la valeur des terres, et ce pendant 40 ans, explique Maxime Giraudeau.

Philippe Mabille

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Commentaires 18
à écrit le 23/11/2023 à 16:22
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Eh bien , maintenant on c'est! Macron est une nullité et un homme de paille il lui reste plus qu'à finir les sans dent qu'il déteste tant.

à écrit le 05/06/2023 à 9:35
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"Evidemment une bonne nouvelle". Pas si sur, plus nous repoussons la confrontation à nos propres manquements plus dure sera la reprise en main de notre destin.

le 05/06/2023 à 15:45
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Il y a quelques années on écoutait le petite musique de Jacques Attali "Il faut mutualiser les dettes francaises au niveau européen". Comme si les autres sont prêts à payer pour les gabegies franco-francaises. Macron est arrivé ä l'Elysée avec les mê...

à écrit le 04/06/2023 à 11:58
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647 milliards en 4 ans , félicitations à notre président tactile pour ce magnifique résultat. Hollande n'avait augmenter la dette que de 397 milliards en 5 ans (avec, il est vrai l'aide de son ministre Macron).

le 05/06/2023 à 11:19
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Ce serait bien que nous nous mettions d'accord sur un chiffre pour être précis je lis que la dette française en fin 2016 était de 2134 milliards d'euros et que depuis avril 2023 elle a dépassé les 3000 milliards, ça ne fait pas 647 milliards du coup....

à écrit le 03/06/2023 à 21:42
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Bonjour, mr macron et le ministre des finances devrait sérieusement envisager le remboursement de la dette ... car le fait de faire de l'huile est serré les fesses ne regle en rien le problème ... personne ne peux vivre éternellement endetté...

à écrit le 03/06/2023 à 17:37
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Le but de l'économie Française est donc d'avoir une bonne note des agences... Comme c'est scolaire, comme ça donne envie... La politique des hommes gris (les petits gris pas venu de l'espace mais bien de l'espèce...) est BOOOOORRRRING !!! Ces ps...

à écrit le 03/06/2023 à 15:51
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Bien voilà on voit quel était l'objectif du gouvernement. Les réforme des retraites n'avait pour unique but de plaire aux agences de notation ,qui sont orientés par les Trust de la finance et par l'union européenne. Notre président n'est que la m...

à écrit le 03/06/2023 à 15:51
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Les mêmes qui l’ont financé et fait élire n’allait pas le sanctionner !!!! Il peut encore servir les intérêts des financiers. Pour info S&P ont été condamnés par le passé pour manipulation des notations…. Source Wikipedia

à écrit le 03/06/2023 à 10:05
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Un sursis de courte durée, alors que l'hôpital public manque cruellement d'investissements, tout comme l'éducation nationale et la sécurité nationale (...) On reparlera de l'effet boule de neige des intérêts (charge) de la dette, des coûts financés p...

le 03/06/2023 à 11:51
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En ramenant le nombre d'administratifs dans l'hopitâl de 30% à 20% au niveau de l'Allenagne on aura enormement d'argent à investir. Pas besoin de taxes et de déficits. Il faut des vraies reformes qui vont faire hurler certains et bloquer le pays mai...

à écrit le 03/06/2023 à 9:25
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Les gens ont la mémoire courte, peut être auraient ils préféré des dizaines de milliers de morts supplémentaires du Covid et une hécatombe dans les entreprises. L'économie ne justifie pas toutes les rigueurs et sur ce plan les avis des agences de not...

le 03/06/2023 à 17:49
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" a remis les pendules à l'heure sur l'état réel des finances publiques françaises, qui n'est pas fameux." .......................................................... A force de vivre dans le monde virtuel, ils oublient de ramasser la dette réelle ca...

à écrit le 03/06/2023 à 8:55
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C'est bien dommage ! Il passe pour un "sauveur" alors qu'il en est la cause principale, et joue sur les conséquences pour imposer ses caprices ! ;-)

le 03/06/2023 à 11:55
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Toujours à dénigrer quoiqu’il se passe !

à écrit le 03/06/2023 à 8:41
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Le mec qui nous a pilonné avec 800 milliards de dettes inexplicables et toujours pas expliquée d'ailleurs, ils fuient leurs responsabilités comme d'hab, qui panique d'avoir une mauvaise note méritée mais qui jubile parce qu'il est arrivé à négocier l...

le 03/06/2023 à 10:49
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Dans la mafia, il y a une expression qui dit " un prêté pour un rendu". Avec tout ce que l'américain Pfizer & Co (McKinsey) a perçu comme avantages directs et indirects provenant de la politique autoritaire macronienne sur la Covid (commandes massive...

le 03/06/2023 à 11:58
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Exact, elle nous a couté suffisamment cher leur "plaisanterie".

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