Philippot au Front national, c'est fini

Par latribune.fr  |   |  612  mots
Les opposants de la ligne anti-européenne de Florian Philippot sont finalement parvenus à avoir sa tête.
Accusé d'entretenir des velléités d'indépendance, Florian Philippot s'était vu retirer mercredi l'élaboration de la stratégie et de la communication du Front national.

Le divorce est consommé. Après des années passées à conseiller Marine Le Pen au FN, Florian Philippot fait ses adieux au parti d'extrême-droite. Le vice-président du Front national, en désaccord avec la présidente du parti, a annoncé jeudi matin qu'il quittait le Front National.

"Je n'ai pas le goût du ridicule. Bien sûr, je quitte le Front national", a déclaré Florian Philippot à la chaîne de télévision France 2 en disant contester la réorganisation du parti d'extrême droite.

"J'ai vu semaine après semaine que cette refondation se passait mal", a déclaré le vice-président. Déjà contesté au sein du FN en raison de sa ligne politique, Florian Philippot a exaspéré une partie de sa direction en fondant sa propre association au mois de mai, sans attendre la fin de la campagne des législatives. Lui présente "Les Patriotes" comme un "laboratoire d'idées" destiné à alimenter la réflexion frontiste dans le cadre de la "refondation" du parti engagée après le second tour de l'élection présidentielle.

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La veille, Marine Le Pen avait demandé à Florian Philippot de trancher "rapidement" le conflit d'intérêts qu'il a créé selon elle avec son association "Les Patriotes", faute de quoi elle "choisirait" pour lui.

Partisan de la dédiabolisation

Conseiller occulte de Marine Le Pen à partir de 2009 et vice-président depuis 2012, l'énarque est un partisan de la "dédiabolisation" du parti et d'une ligne davantage portée sur un souverainisme anti-Union européenne que sur le discours anti-immigration et identitaire. Accusé d'entretenir des velléités d'indépendance, Florian Philippot s'était vu retirer mercredi l'élaboration de la stratégie et de la communication du Front national.

Interrogé quelques jours avant ce départ, Jérôme Fourquet, de l'Ifop avait souligné "l'apport qualitatif [plutôt] que quantitatif de Florian Philippot".

"C'est une machine intellectuelle qui a amené des jeunes cadres qui alimentent le parti en argumentaires. [...] Or on a vu entre les deux tours [de la présidentielle] que le FN et Marine Le Pen elle-même sont cruellement en manque de ce type de ressources."

"Bonne nouvelle"

Dans la foulée, l'eurodéputée Sophie Montel, l'une des rares fidèles de Florian Philippot parmi les hauts cadres frontistes, a annoncé sur Twitter qu'elle démissionnait également du FN. Malgré son "histoire" avec le parti, le départ du vice-président du FN a reçu un accueil froid au sein de sa désormais ex-formation politique.

Robert Ménard, maire de Béziers et allié au FN, a parlé de "bonne nouvelle", tandis que Nicolas Bay, le secrétaire général du Front national, a dit "regretter" cette décision, tout en estimant que Florian Philippot avait "refusé le débat".

"Je l'ai souhaité, demandé, dit et redit depuis deux ans. Il incarne une ligne politique néfaste pour le courant de pensée que nous représentons, dont je me sens proche", a déclaré Robert Ménard à la chaîne de télévision CNews.

"Même à l'intérieur du FN, il ne représente pas grand-chose. Et quant à l'extérieur, il ne représente rien, ce sont des gens qui n'ont jamais été élus sur leur propre nom où que ce soit", a-t-il ajouté en conseillant à la présidente du FN de tirer toutes les conclusions de ce départ. "J'espère que Marine va aller jusqu'au bout de la logique."

"Il faut en finir avec la position anti-européenne et un mélenchonisme de droite", a-t-il ajouté.

(avec Reuters)