Pourquoi Marion Maréchal-Le Pen quitte le Front National : sa lettre de démission

La nièce de la présidente du FN ne se présentera pas aux élections législatives, pour des raisons personnelles et politiques.
C'est une pièce maîtresse du Front National qui se retire de l'échiquier politique. Marion Maréchal-Le Pen justifie son choix, selon elle parfaitement dans la continuité de son combat qui est de "rendre ses lettres de noblesse à la Politique" (avec un grand P) comme de lutter contre ceux qui "s'accrochent coûte que coûte à leur statut et à leurs indemnités".

Par des indiscrétions ici et là, Marion Maréchal-Le Pen faisait planer le doute depuis plusieurs semaines sur son possible retrait de la vie politique. La poussière de la présidentielle à peine retombée, mardi 9 mai au soir, Marion Maréchal-Le Pen, l'une des deux membres du Front National à l'Assemblée nationale (avec Gilbert Collard), a annoncé non seulement qu'elle ne briguerait pas un nouveau mandat aux élections législatives de juin mais qu'elle quittait le monde de la politique.

Dans la lettre intitulée "Pourquoi j'arrête" et publiée mardi soir sur le site du Dauphiné Libéré et dans les pages des quotidiens régionaux Vaucluse Matin/Dauphiné Libéré, la nièce de la dirigeante du FN justifie sa décision par des "raisons personnelles et politiques". Elle explique d'abord pourquoi elle a caché sa décision :

"Certaines indiscrétions sur l'éventualité de mon départ ont malheureusement suscité la parution d'articles de presse. Mise devant le fait accompli, je ne souhaitais en aucun cas nuire à la campagne de Marine Le Pen (...) , j'ai donc préféré démentir l'information. (...) Mes intentions étaient bonnes, j'espère que vous (...) me le pardonnerez."

"J'aime le monde de l'entreprise"

Puis la jeune députée explique qu'elle doit prendre du temps pour s'occuper de son enfant de 3 ans. Mais elle explique en parallèle qu'elle aura du temps pour se consacrer au monde de l'entreprise qui l'attire depuis longtemps.

"J'aime le monde de l'entreprise, je n'ai jamais cessé de le défendre durant mon mandat et j'aspire aujourd'hui à y travailler. Cette aspiration, je vous en avais fait part dès ma campagne électorale en 2012."

Sentiment d'oppression

La suite laisse transparaître un sentiment d'oppression, peut-être un sous-texte adressé à sa famille :

"Vous connaissez mon histoire, vous savez que ce monde politique est le mien depuis toujours. A 27 ans, il est encore temps pour moi d'en sortir quelque temps. Je suis intimement convaincue que si je n'en sors pas maintenant, je n'en sortirai jamais. Un certain nombre de médias me prêtent déjà un destin tout tracé ainsi que des ambitions dévoranates, je refuse de m'enfermer dans leur schéma."

Le selfie du "bon chef politique" en guise d'au revoir

Après les raisons personnelles, les raisons politiques. Selon elle, son choix est parfaitement dans la continuité de son combat qui est de "rendre ses lettres de noblesse à la Politique" (avec un grand P) comme de lutter contre ceux qui "s'accrochent coûte que coûte à leur statut et à leurs indemnités" :

"L'idée que je me fais d'un bon chef politique impose que je bénéficie d'autres expériences que celles du succès électoral ou politique. Cette légitimité et cette expérience acquises, j'espère pouvoir un jour de nouveau les mettre à votre service."

Evidemment, ce départ, après "l'échec" de Marine Le Pen à la présidentielle, après les premières sorties sur la "refondation" du parti, sur son changement de nom même, risque d'accentuer la crise qui s'est fait jour au soir de l'élection dans les rangs du parti frontiste.

     >Lire aussi : Au Front National, les couteaux s'aiguisent

Marion Maréchal-Le Pen conclut sa lettre en précisant qu'elle démissionnera de son mandat régional "d'ici quelques semaines".

Jean-Marie Le Pen en grand-père fouettard mais pas trop

Les premières réactions sont plutôt mesurées. L'eurodéputé FN Bruno Gollnisch, qui s'exprimait sur le sujet à l'issue d'un comité stratégique du FN, se voulait rassurant :

"Elle ne se voit pas députée à vie. (...) Mais ce n'est pas un désaccord avec la ligne du Front national" (...) Elle continuera à accompagner nos candidats pendant cette campagne législative."

Son grand-père, Jean-Marie Le Pen, s'est un peu emporté, qualifiant d'abord cette décision de "désertion":

"S'il n'y a pas une raison gravissime à cette décision, je considère que c'est une désertion", a-t-il déclaré au Figaro.

Puis se radoucissant :

"Chacun est maître de son destin. Je ne suis pas à sa place. J'avais un peu insisté pour qu'elle soit candidate et elle avait été couronnée de succès. Si elle se retire de la ligne de combat maintenant, cela me désole", a ajouté le fondateur du Front national.

Quant à sa tante - le Front National est bien une affaire de famille-  elle disait sur Twitter ce mercredi "regretter profondément" la décision de sa nièce mais la comprendre "comme maman".

Christian Estrosi, président sortant de la région PACA, ironise

Bien entendu, les adversaires politiques de la députée sortante - et notamment ceux qui l'affrontent en PACA - ne la regretteront pas. Exemple, le président (Les Républicains) sortant de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Christian Estrosi, qui sur BFMTV ironisait :

"La force de proposition" de Marion Maréchal-Le Pen dans la région "ne laissera pas un grand souvenir" (...) "Le seul talent que j'ai pu [lui] voir dans l'hémicycle de la région, c'est l'invective."

>Lire La lettre de Marion Maréchal-Le Pen

(Avec Reuters)

Commentaires 4
à écrit le 11/05/2017 à 10:43
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Dommage ! Voilà quelqu'un qui mettait de l'électricité au Parlement. Et qui y faisait bien baisser la moyenne d'âge.

à écrit le 11/05/2017 à 10:18
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Les médias dont La Tribune donnent bien trop d'importance à ce non événement, depuis deux jours on croirait que cette personne est le centre du monde.

à écrit le 11/05/2017 à 9:50
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Qu'est-ce que vous protégez le front national en refusant mes commentaires, car je le connais bien le FN, très bien même. C'est bien cela on a le droit de critiquer le FN uniquement sur l'europe mais de tout ce qu'il est réellement, profondément,...

à écrit le 10/05/2017 à 18:06
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Bon, ne rien dévoiler, mais elle va sortir avec moi. Emmanuel, c'est une de 64 et moi, c'est 2 de 32, Eh, chacun ses choix n'est-ce pas :-)

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