Plan PME : le Front de Gauche blâme le copié-collé des idées de Sarkozy, le Medef applaudit

Par latribune.fr  |   |  944  mots
Les 18 mesures annoncées mardi 9 juin par Manuel Valls afin de favoriser l'emploi dans les petites et moyennes entreprises (PME), que le Premier ministre a surnommé "Small Business Act", sont loin de faire l'unanimité, à droite comme à gauche.
Alors que le patronat se réjouit des mesures pour l'emploi annoncées mardi par Manuel Valls, la droite pointe un manque de lisibilité politique. Si le courant majoritaire du PS soutient le gouvernement, les frondeurs, eux, voient dans la réforme une nouvelle expression de l'approche "libérale" du Premier ministre. Quant au Front de Gauche...

Plafonnement des indemnités prud'homales, possibilité de renouveler les CDD une deuxième fois, lissage des effets de seuils... les 18 mesures annoncées mardi 9 juin par Manuel Valls afin de favoriser l'emploi dans les petites et moyennes entreprises (PME), que le Premier ministre a surnommé "Small Business Act", sont loin de faire l'unanimité, à droite comme à gauche. Passage en revue.

Le Medef conforté

De "bonnes initiatives", c'est en ces termes que le Medef a qualifié mardi les réformes dévoilées par le gouvernement. Dans un communiqué, Thibault Lanxade, vice-président du Mouvement des entreprises de France (Medef) en charge des PME et de l'entrepreneuriat, s'est réjoui:

"Le gouvernement agit et propose des mesures significatives pour simplifier la vie des PME et sécuriser leur environnement. Les mesures annoncées ce jour reprennent en partie ce que nous avions proposé et vont dans le bon sens."

"La décision permettant de renouveler deux fois un CDD va dans le sens d'une plus grande flexibilité absolument nécessaire", a notamment souligné le patronat.

Le Medef a néanmoins dénoncé l'"absence de cohérence" dans l'action gouvernementale, pointant du doigt les amendements votés dans le cadre de la loi sur le dialogue social qui, selon lui, "vont se traduire par plus de complexité pour les entreprises" et donc miner le retour de la confiance.

Quant à la CGPME, elle souligne de "réelles avancées"  (notamment  sur la procédure prud'homale) même si elles "ne peuvent dispenser notre pays de réformes structurelles profondes". L'UPA (artisans employeurs), elle, regrette un "saupoudrage de mesures qui manque d'ambition" même si elles sont jugées plutôt "positives". L'UPA aurait souhaité que le gouvernement adopte la période d'essai de six mois pour les contrats d'apprentissage.

"Aucune coordination", selon la droite

A droite aussi, c'est essentiellement le manque de cohérence de la réforme qui ne convainc pas.

  • "Ces mesures montrent qu'il y a de l'affolement, sans aucune coordination (...)", estime Philippe Vigier, président du groupe UDI à l'Assemblée.

"Seront-elles en capacité d'inverser la courbe ? Nous en doutons fortement", a-t-il lancé à la presse.

  • Dans la même optique, le président de la "Commission Macron" du Sénat, Vincent Capo-Canellas (UDI-UC), observe dans un communiqué:

"Le Premier ministre doit composer avec sa majorité et se livre à un travail de couturière, une maille à l'endroit, une maille à l'envers", "on n'y gagne pas en lisibilité et ça n'est pas le choc attendu pour l'emploi."

Ses annonces "visent d'abord à réparer les oublis des lois Macron et Rebsamen. C'est l'aveu, au vu des chiffres du chômage, de la nécessité de modifier en catastrophe ces textes alors qu'ils sont en cours d'examen au Parlement", explique-t-il.

  • Christian Jacob, président du groupe Les Républicains à l'Assemblée, s'est lancé devant la presse dans une métaphore sportive:

"On a un Premier ministre dans le corner, pris sur deux fronts: fiscal et de l'emploi. On a deux lois (Rebsamen et Macron) qui ne répondent pas aux préoccupations. Donc, on lance un coup de com et, dans 15 jours-3 semaines, on imaginera encore autre chose".

A gauche, c'est "#ToutPourlEmployeur"

Quant à la gauche, les critiques sont même plus féroces.

  • Le gouvernement "pousse un peu plus haut le curseur patronal sur sa politique d'inspiration libérale", commente notamment Force ouvrière, regrettant que le gouvernement "rassure un patronat qui préfère savoir qu'il peut licencier avant même d'embaucher!".

"Le plafonnement des indemnités de licenciement" lors de jugements prud'homaux "se heurte à la fois à un risque d'inconstitutionnalité" et "à des textes supra nationaux", prévient par ailleurs FO.

  • Pour André Chassaigne, chef de file des députés Front de gauche, d'ailleurs, "ce que propose Manuel Valls est un copié-collé de ce que propose Nicolas Sarkozy".

"Si un gouvernement de droite avait proposé cela, l'ensemble de la gauche se serait dressé et serait monté au créneau", a-t-il lancé lors d'un point presse.

  • A l'intérieur même du PS, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, membre de l'aile de gauche du parti, à prévenu dans un tweet:

(Le) plafonnement (de l') indemnité de licenciements sans cause réelle (et) sérieuse profitera d'abord aux grands entreprises, une prime aux délocalisations.

— MN Lienemann (@mnlienemann) 9 Juin 2015
  •  Alors que Patrice Prat, proche d'Arnaud Montebourg, a ironisé:

#ToutPourlEmployeur serait la bonne formule plutôt que celle de #ToutPourlEmploi voulue par le Gvt! A en croire les annonces du 1er Ministre

— Patrice PRAT (@PatricePrat) 9 Juin 2015

Pragmatisme

  • S'exprimant au nom du Parti socialiste, sa porte-parole, Corinne Narassiguin, a toutefois souligné, dans le cadre d'un "talk" du Figaro:

"Etre socialiste ne veut pas dire qu'on est anti-entreprises."

Avant d'insister:

"Il faut tout faire, car les TPE et PME sont celles qui créent le plus d'emplois".

  • Manuel Valls pour sa part est venu défendre, mardi même, dans l'après-midi, ses mesures devant les députés PS, en s'invitant à la réunion du groupe socialiste à l'Assemblée, où étaient déjà présents Michel Sapin (Finances) et Christian Eckert (Budget). En évoquant, comme "seul désaccord" entre socialistes, "une divergence d'approche", il a souligné s'être "refusé" à "remettre en cause le CDI", alors même que "ça pousse de partout, y compris en Europe, à remettre en cause le contrat de travail" et que "c'est ce que demande encore Pierre Gattaz", président du Medef.
    En défendant toutefois la nécessité de davantage de souplesse, le Premier ministre a lancé aux députés, à quelques heures de la reprise des discussions en commission sur le projet de loi Macron:

"Ce débat doit être mené de façon pragmatique."