Pour la Banque de France, la reprise est déjà terminée

Par Fabien Piliu  |   |  599  mots
Selon la Banque de France, le PIB ne progresserait que de 1,4% cette année.
La banque centrale anticipe une progression du PIB de 1,4% au moins en 2016. L'acquis de croissance s'élevant à 1,1% à la fin du premier trimestre, on peut donc en conclure que l'économie française devrait quasiment stagner jusqu'à la fin de l'année.

Faut-il déjà conjuguer la reprise au passé ? La Banque de France nous y incite. Ce vendredi, la banque centrale a indiqué que le PIB tricolore progresserait de 1,4% "au moins" cette année. C'est moins que ce que prévoit Bercy, qui vise une croissance annuelle de 1,5% et à laquelle souscrit le Fonds monétaire international. Le 24 mai, l'institution de Washington a révisé sa prévision de croissance pour la France et anticipe désormais une hausse " d'au moins 1,5% " cette année. Certes, les écarts de prévisions entre les différentes institutions sont très faibles. Néanmoins, même si la Banque de France précise que des aléas entourent ses prévisions, toutes semblent exclure une éventuelle accélération de l'activité que les indicateurs macroéconomiques récemment publiés pourraient laisser présager.

Des indicateurs macroéconomiques de bonne facture

En effet, au premier trimestre, le PIB a progressé de 0,6% selon l'Insee - un rythme supérieur de 0,1 point à celui de la zone euro sur la même période -, fixant l'acquis de croissance à +1,1%. C'est également mieux que la première estimation de l'Insee, fixée à +0,5%, sur laquelle la Banque de France a fondé ses prévisions, n'ayant pas pris en compte la révision de l'Institut.

Quant aux perspectives, elles ont plutôt encourageantes. En effet, la confiance des ménages et des chefs d'entreprises est en hausse, la consommation est solide et l'investissement repart. Selon l'Insee, l'investissement industriel devrait augmenter de 7% cette année.

Il faut également rappeler que les conditions de crédit restent attractives, en raison de la politique monétaire accommodante de la Banque centrale européenne (BCE) et que le niveau de l'euro face au dollar et des cours de la plupart des matières premières restent faibles, même si celui du Brent s'est nettement relevé depuis le début de l'année, passant de 30 à 50 dollars. Il reste très inférieur aux 120 dollars d'il y a deux ans.

Les risques sur la croissance

Quant à l'effet éventuel de l'Euro 2016 sur l'activité, et en particulier sur la consommation et le tourisme, il devrait donc être marginal si l'on en croit la Banque de France qui, il faut l'admettre, n'est pas la seule à envisager le retour de la croissance molle. En effet, l'OCDE et la Commission européenne anticipent également une croissance annuelle de 1,4% en 2016.

Il reste maintenant à découvrir comment et pourquoi l'activité ralentira au cours des prochains mois. Les tensions sociales peuvent-elles être une explication ? Le rebond actuel du secteur de la construction, sur lequel compte énormément le ministère des Finances pour accélérer la croissance et surtout l'emploi, ne serait-il qu'un feu de paille ? Les cours du brut peuvent-ils remonter brutalement ? L'OPEP a déclaré cette semaine que le niveau actuel des cours satisfaisait les pays producteurs de pétrole membres de l'organisation.

Les effets d'une crue centennale

Les dégâts liés la montée des eaux peuvent-ils être dévastateurs ? Selon une étude de l'OCDE publiée début 2014, les effets d'une crue comparable à celle observée en 1910 seraient les effets suivants : 5 millions de personnes seraient directement affectées ; 1,5 million de personnes seraient privées d'électricité ; 5 millions de personnes seraient affectées par des coupures d'eau ; 1,3 million de personnes seraient privées d'eau potable. Le coût des dommages matériels s'élèverait entre 3 et 30 milliards d'euros - une fourchette très large - et 400.000 emplois seraient directement affectés, ce qui se traduirait par un recul du PIB compris entre 0,1 % et 3 % sur cinq ans.