Pour les jeunes, l'accès à l'emploi reste un calvaire

Par Grégoire Normand  |   |  706  mots
(Crédits : Reuters)
Le taux d'emploi des 20-34 ans est inférieur de 6 points à la moyenne européenne (74% contre 80%), selon le dernier ouvrage de l'Insee consacré à l'économie française.

L'entrée dans la vie active reste un chemin semé d'embûches pour les jeunes générations. Selon le dernier ouvrage de l'Insee publié ce vendredi 28 juin, la France est bien en retard par rapport à ses voisins européens. Ainsi, le taux d'emploi des 20-34 ans récemment diplômés s'élevait à 74,4% en 2017. En moyenne en Europe, ce ratio atteint 80% la même année. Malgré une croissance du produit intérieur brut relativement élevée en 2017 (2,3%), la condition des jeunes sur le marché du travail demeure marquée par des obstacles et difficultés. La France pourrait passer ainsi à côté de l'objectif européen de 82% en 2020 selon les données rapportées dans le document qui brosse le portrait de l'économie française en 2018.

Dans son programme pour la présidentielle, Emmanuel Macron s'est engagé à former 1 million de jeunes et 1 million de demandeurs d'emploi peu ou pas qualifiés, mais le pari est loin d'être gagné pour cette catégorie qui a subi de plein fouet les effets de la crise. À cela s'ajoutent les obstacles pour les seniors qui ont de plus en plus de mal à retrouver un poste après avoir perdu leur boulot, comme le soulignait une récente enquête du centre d'études et de l'emploi (CEET) rattaché au CNAM. Ces phénomènes contribuent ainsi à la polarisation du marché du travail en France.

> Lire aussi : Retour à l'emploi : les seniors à la peine

Des scores proches des pays de l'Est

Les disparités au sein du continent européen demeurent très fortes. Les taux d'emploi pour les jeunes de 20-34 ans de certains pays d'Europe de l'Ouest comme l'Allemagne et les Pays-Bas culminent à des sommets (90%). Au niveau des jeunes âgés de 15 à 29 ans n'ayant ni travail, et ne suivant ni études ni formation (NEET/*) dans les pays de l'Union européenne, la France accuse également un sérieux retard. Elle se situe à la 9e place sur 28, juste derrière la Roumanie, Chypre, l'Espagne ou la Slovaquie. Les jeunes grecs et italiens sont ceux qui souffrent le plus à l'échelle du Vieux Continent. A l'opposé, les Pays-Bas, le Luxembourg ou la Suède affichent les résultats les plus favorables.

Le taux de chômage des jeunes s'aggrave

Sur le front du chômage, les derniers chiffres de l'organisme de statistiques ne sont guère réjouissants. Après avoir diminué au dernier trimestre 2018 passant de 21,3% à 19,5%, le taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT) a gagné 0,5 point pour s'établir à 20%. Les jeunes hommes (21,5%) sont plus concernés par le chômage que les jeunes femmes (18,1%). En parallèle, le taux d'emploi des jeunes de 15 à 24 ans a également diminué: il est passé de 31,1% contre 30,7% entre le dernier trimestre 2018 et le premier trimestre 2019.

Un taux d'emploi inférieur à la moyenne européenne

Au-delà de la catégorie des jeunes, l'insertion professionnelle demeure compliquée en France "malgré un système éducatif plutôt performant", selon l'Insee. Dans l'Hexagone, 71% des personnes âgées de 20 à 64 ans occupent un emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) en 2017. Ce taux est bien plus élevé dans le Nord et le reste de l'Ouest de l'Europe, comme en Allemagne et en Suède par exemple, où il avoisine les 80%. "Le taux d'emploi en France reste également un peu inférieur à celui de l'UE (72,2 %) qui se rapproche de l'objectif de 75% en 2020. Entre 2012 et 2017, le taux d'emploi, en France comme dans l'UE, a globalement augmenté, notamment celui des femmes, en lien avec une participation accrue de celles‑ci", expliquent les statisticiens.

___

(*) NEET: cet acronyme signifie "Not in Education, Employment or Training", soit, selon la définition d'Eurostat, l'indicateur des jeunes ne travaillant pas et ne suivant ni études ni formation, et qui correspond au pourcentage de la population d'une tranche d'âge donnée qui ne travaille pas et ne suit ni études ni formation complémentaire. Le numérateur de cet indicateur fait référence aux jeunes qui remplissent ces deux conditions: ils n'exercent pas d'activité professionnelle (c'est-à-dire qu'ils sont chômeurs ou inactifs) et n'ont reçu aucune éducation ou formation formelle ou non formelle au cours des quatre semaines précédant l'enquête.