Pourquoi la gestion des déchets est si catastrophique en France

Par Jean-Yves Paillé  |   |  594  mots
les idées fausses ont la vie dure. Ainsi, 41% des personnes interrogées par l'UFC-QUe Choisir pensent que les gestes de tri sont "un moyen de réduire la production de déchets".
Seuls 23% des déchets ménagers sont recyclés en France. En cause: une organisation du tri et du recyclage loin d'être optimale, estime l'UFC-Que Choisir.

La moitié des déchets ménagers triés en 2020. Cet objectif fixé par l'Europe semble totalement hors de portée pour la France. En effet, la part des déchets ménagers (hors compost) recyclés ne monte qu'à 23% en 2012 dans le pays, contre 17% en 2008, d'après des chiffres d'Eurostat.

La France est en dessous de la moyenne européenne. Elle est notamment classée derrière l'Allemagne (47% d'ordures ménagères recyclés). Face à ce constat accablant,, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir a ainsi dénoncé les problèmes de gestions et le manque d'information sur le sujet, dans une étude publiée jeudi 23 avril.

  • Les organismes gestionnaires ne tiennent pas leurs objectifs

La politique du pollueur-payeur ne fonctionne pas, selon l'association. Ainsi, dans le cadre de la responsabilité élargie du producteur (REP), ce dernier est chargé de gérer la fin de vie de ses produits. Il peut notamment recourir aux éco-organismes, chargés de la gestion des déchets recyclables dans les collectivités.

Mais ceux-ci n'atteignent pas leurs objectifs, écrit l'UFC-Que Choisir. Sur le recyclage des emballages et du verre, les éco-organismes remplissent leur cahier des charges dans, respectivement, 25% et 10% des collectivités, note l'association. L'entreprise Eco-Emballages, par exemple, est censé recycler 75% des emballages ménagers en 2016. Il n'a que très peu de chance d'y parvenir, estime l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).

En outre, les contrôles des producteurs de de déchets, peu fréquents, encouragent les fraudes: 5 à 10% des ordures (en terme de poids) ne font l'objet d'aucune contribution.

Et les sanctions ne seraient pas assez dissuasives selon l'association de consommateurs. Elles prévoient une amende administrative, pas toujours applicable, pouvant atteindre 30.000 euros pour les éco-organismes qui ne tiennent pas leurs objectifs. Cela représente... 0,0055 % du chiffre d'affaires d'Eco-Emballages, assure l'UFC-Que Choisir.

  • Un consommateur mal informé

Sur 80 produits dotés de consignes de tri analysés par l'association, seuls 20% ont un pictogramme "Triman", censé aider les français à avoir de bons réflexes de tri (un guide a d'ailleurs été publié sur ce logo). De plus, 81% des produits disposant du pictogramme ajoutent d'autres logos de tri, entraînant une confusion pour le consommateur.

Ainsi, difficile de s'y retrouver au milieu de logos tri ou verts "source de confusion". Un exemple marquant : 59% des Français pensent à tort que le "point vert" signifie recyclable, d'après une enquête auprès de 632 personnes sur 64 départements, menée par l'association.

Également, seuls 6% des 80 produits analysés par l'association indiquent la part recyclable de l'emballage.

  • Les campagnes d'informations manquent leurs cibles

L'association de consommateurs a calculé que seul un euro par habitant est consacré à la prévention pour le pousser à faire les bons choix, ce qui est loin d'être suffisant, note- elle. L'UFC a enquêté dans 64 département sur la réception des messages de prévention par les consommateurs. Seules 40% des personnes interrogées  ont assuré avoir déjà vu un message de prévention sur les déchets.

Plus grave, les idées fausses ont la vie dure. Ainsi, 41% des personnes interrogées pensent que les gestes de tri sont "un moyen de réduire la production de déchets".

Un coût qui explose pour les consommateurs

Toutes ces lacunes coûtent de plus en plus cher aux foyers françaisCes derniers ont vu leur facturation pour le traitement de leurs déchets (sous forme de taxes notamment et indirectement sur les prix des produits soumis à la REP) considérablement augmenter, passant de 5,25 à 6,5 milliards d'euros par an entre 2008 et 2012.