Pourquoi le gouvernement fait le choix des TPE et des PME

Par Fabien Piliu  |   |  656  mots
Avec son plan en faveur des TPE et des PME, Manuel Valls espère relancer l'emploi
Manuel Valls, le Premier ministre, a dévoilé ce mardi son plan en faveur des TPE et des PME. Son objectif : relancer l'emploi

Il était temps ! Ce mardi, Manuel Valls, le Premier ministre, a annoncé une série de mesures ciblées pour les très petites entreprises (TPE) de moins de dix salariés et les petites et moyennes entreprises dont les effectifs ne dépassent pas 250 personnes.
Au total, dix-huit mesures, essentiellement dans le domaine social, ont été présentées pour encourager les entreprises à embaucher. Elles viennent compléter les dispositifs fiscaux poursuivant les mêmes objectifs. Citons notamment le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en vigueur depuis le 1er 2014 et les allégements de cotisations patronales inscrits dans le Pacte de responsabilité dont les entreprises bénéficient depuis le 1er janvier dernier.

Des politiques transversales mais pas de plan TPE-PME

Pourquoi tant de sollicitudes ? Les TPE et les PME ont-elles été ignorées par l'exécutif depuis 2012 ? Jusqu'ici elles bénéficient, comme les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grands groupes, des innombrables mesures publiques et plans concoctés par le gouvernement. Le plan pour l'industrie du futur, le programme French tech, notamment, concernent bien évidemment les TPE et les PME mais seulement les plus innovantes d'entre elles. Quant à la loi Macron, elle ne place pas vraiment les TPE et les PME au centre du jeu.

Avec ces annonces, Manuel Valls lance un signe fort aux autres entreprises, à celles qui n'ont pas forcément l'espoir de devenir le Google français de demain, à celles qui irriguent le tissu économique tricolore, parmi lesquelles les artisans, les commerçants, les petites et moyennes industries qui sont les fournisseurs des grands comptes.

Des entreprises qui ne connaissent pas encore la reprise

Or, ces entreprises se portent mal. Selon la Fédération des centres de gestion agréés (FCGA), qui vient de publier la 19ème édition de sa grande étude annuelle, " un vent de panique " souffle sur les TPE. " En 2014, tous les indicateurs sont dans le rouge. En moyenne, toutes professions confondues, le chiffre d'affaires des TPE enregistre un recul de 3,2% (contre -0,1% l'année précédente). Plus grave : aucun secteur d'activité n'affiche un taux d'accroissement positif de son activité ", constate la FCGA qui observe également une baisse significative du chiffre d'affaires dans la quasi-totalité des secteurs. C'est notamment le cas dans l'artisanat du bâtiment (-7,5%, contre +1,6% un an plus tôt) et l'équipement de la maison (- 4,5% contre -3,7% en 2013).

Ces difficultés sont également constatées par la Banque de France. Selon la banque centrale, les défaillances de TPE progressent toujours. Elles ont augmenté de 1,5% en avril 2014 et 2015. Heureusement, les défaillances de PME ont nettement reculé sur la période (-7,2%).

Le problème, c'est que ce sont dans ces entreprises que se trouvent les plus grands gisements d'emplois. D'une part, 55% des TPE n'emploient actuellement aucun salarié. D'autre part, les TPE et les PME sont les entreprises qui représentent la majeure partie des emplois du secteur privé, près de 60 %. Mais cette proportion pourrait bien progresser encore. Pour deux raisons. D'une part, ce sont ces entreprises qui créent le plus d'emplois en France. Selon une étude du cabinet KPMG sur l'évolution des PME depuis dix ans, dévoilée à l'occasion de la dixième édition de Planète PME en 2012, les PME ont créé 2,3 millions d'emplois au cours des vingt années précédentes sur les 2,8 millions d'emplois créés en France.

Plus précisément, selon KPMG, ce sont les sociétés employant entre 50 et 99 salariés qui ont le plus embauché ces dix dernières années, alors que celles employant entre 200 et 499 salariés ont vu leurs effectifs se réduire de 1,6 %. Ce n'est pas une exception française. Entre 2002 et 2010, les PME européennes ont ainsi assuré 85 % des emplois créés selon une étude menée par la Commission européen dans trente-sept pays européens, dont les vingt-sept membres de l'UE.