Pourquoi le pessimisme domine encore dans les entreprises

Par Mathias Thépot  |   |  588  mots
Les chefs d'entreprises sont tout de même moins pessimistes qu'il y a un an.
Bien qu'un certain nombre de voyants soient désormais dans le vert, les entreprises françaises restent majoritairement pessimistes sur l'avenir.

Avec un euro à 1,12 dollar, un prix du baril de pétrole à 45 dollars, des taux d'intérêt historiquement bas, les effets du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et du pacte de responsabilité qui se font désormais ressentir, beaucoup de voyants sont au vert. Pourtant, peu de dirigeants d'entreprises ressentent une reprise de l'activité.

Regain d'optimisme dans la construction

Dans une note de conjoncture, la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de la région Île-de-France constate en effet que le moral des chefs d'entreprises repart globalement à la hausse, notamment dans des secteurs sinistrés comme la construction. Mais il reste à un niveau très bas. Concrètement, il y a plus de dirigeants qui sont plus pessimistes qu'optimistes, même si l'écart entre les deux se réduit.

Les différents indicateurs de la CCI Île-de-France relatifs au chiffre d'affaires, à la situation financière, à l'investissement et à l'emploi dans les entreprises de toutes tailles montrent aussi que globalement des perspectives d'activités des PME et des grandes entreprises sont sensiblement meilleures qu'il y a un an. Même si les entreprises de moins de 10 salariés demeurent très inquiètes.

Les prévisions d'investissement restent faibles

En revanche, si l'on se penche plus précisément sur l'investissement au niveau national, le pessimisme est globalement de mise. La note de la CCI Île-de-France indique que seulement 26 % des entreprises françaises prévoient d'investir dans les 6 prochains mois, une part quasiment stable par rapport à il y a un an, et qui reste inférieure de près de 10 points aux niveaux d'avant crise de 2008. La tendance est en fait davantage à la reconstitution des marges depuis une douzaine de mois qu'à la prise de risques.

En Île-de-France, une région qui représente 30 % du PIB français, les entreprises qui prévoient d'investir ciblent pour 62 % d'entre elles des gains d'efficacité, pour 57 % des renouvellements d'équipements, et pour 50 % le développement de nouvelles activités en France, contre 43 % l'année passée. Une dernière hausse significative dont se réjouit la CCI Île-de-France.

Encore plus positif, les perceptives sur l'emploi : que ce soit au niveau national où en Île-de-France, les chefs d'entreprises sont bien plus optimistes que pessimistes. Ils sont majoritaires à prévoir une hausse de leurs effectifs dans les 6 prochains mois.

Un contexte international pas si favorable

Tout n'est donc pas catastrophique, loin de là. Reste que le regain d'optimisme a été tempéré cet été par plusieurs raisons découlant de la conjoncture internationale.

« Trois raisons ont dégradé le climat des affaires »,  explique Jean-Luc Biacabe, directeur du pôle de politique économique de la CCI Île-de-France. « D'abord les chinois ont démontré cet été qu'ils ne contrôlaient plus aussi bien leur économie qu'avant. Ensuite le changement de politique monétaire américaine a créé une incertitude sur la remontée des taux d'intérêt, ce qui a perturbé les marchés financiers qui se cherchent depuis un mois. Et enfin, les pays occidentaux n'ont globalement pas réussi à compenser par l'investissement la baisse du cours des matières premières, qui affecte les pays émergents », détaille-t-il.

Bref, si la situation actuelle est « moins pire pour les entreprises françaises que l'année dernière », explique Pierre-Antoine Gailly, le président de la CCI Île-de-France, la seule tendance de fond qui se dégage est « la reconstitution des marges à coup de CICE et de baisse des cours des matières premières pour les entreprises concernées ».