Présidentielle 2017 : que propose la gauche en matière de santé ?

Par Fabien Piliu  |   |  931  mots
Marisol Touraine faisait-elle peur aux candidats de la primaire de la Belle alliance populaire et à Emmanuel Macron ?
Les candidats de la Belle alliance populaire et Emmanuel Macron rivalisent d'imagination pour réformer le système de santé tricolore et améliorer les soins apportés aux Français. On peut regretter qu'ils n'aient pas eu ces idées lorsqu'ils étaient au gouvernement.

On dit Marisol Touraine rigide et inflexible lorsqu'il s'agit de défendre ses idées. Nombreux sont les professionnels du secteur de la santé a en avoir fait l'expérience au cours du quinquennat, déplorant l'absence de dialogue avec la ministre des Affaires sociales. Citons la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) ou la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) qui se sont plaints à plusieurs reprises, notamment pendant l'élaboration de la loi Santé, de la pauvreté des échanges l'avenue de Ségur. " La FHP déplore que la concertation réclamée par les professionnels n'ait pu être engagée depuis des mois. A cet égard, la FHP regrette le peu de contact entre les syndicats médicaux et le ministère, contrairement à ce que celui-ci avance ", écrivait la fédération en décembre 2014, en pleine trêve des confiseurs !

Le Conseil des ministres, simple chambre d'enregistrement ?

Cette absence de dialogue valait-elle également au sein du gouvernement ? Au cours du quinquennat actuel, est-il et était-il possible de dialoguer, d'échanger avec la ministre en charge notamment de la santé des Français ? Le Conseil des ministres est-il une simple chambre d'enregistrement où chaque membre du gouvernement déroule sa stratégie pendant que les autres vaquent, ou un espace de dialogue où les avis convergents et divergents donnent lieu à des débats riches à partir desquels se dégagent des solutions collégiales et optimales ?

On peut se poser toutes ces questions après une lecture attentive des propositions des candidats à la primaire de la Belle alliance populaire et d'Emmanuel Macron.  "Libérés" après avoir quitté le gouvernement, tous ces prétendants rivalisent désormais d'imagination pour réformer le système de santé tricolore et améliorer les soins apportés aux Français tout en évitant la question qui fâche : la réduction du déficit de la Sécurité sociale.

Quelles sont leurs principales propositions ?

Préserver le pouvoir d'achat

Manuel Valls, qui a, a priori, dirigé Marisol Touraine, a joué les cachottiers avec sa ministre. L'ancien Premier ministre, candidat donné favori dans les sondages à la BAP, veut mettre à contribution les médecins libéraux en mettant fin, progressivement, aux dépassements d'honoraires qui furent davantage encadrés au cours du quinquennat. Avec cette proposition, il entend réduire la facture à la charge des patients et faire en sorte que les dépenses de santé ne mettent pas en péril les finances des ménages.

Il propose aussi que la Sécurité sociale rembourse à 100% un ensemble de soins de ville, sans ticket modérateur, ainsi que la mise en place d'un "grand plan de la médecine de proximité" avec les soignants et les patients. Pour former plus de médecins, il veut réviser le numerus clausus dans les études médicales alors que Marisol Touraine s'était contentée d'augmenter le nombre de places disponibles.

Mutuelle publique à prix modérée

Arnaud Montebourg, comme Vincent Peillon, plaide pour la création d'une complémentaire santé publique et d'une mutuelle à prix modéré - 10 euros - pour " ceux qui ne peuvent bénéficier de la couverture maladie universelle et ne peuvent s'offrir des mutuelles privées", a indiqué la semaine dernière l'ancien ministre de l'Economie de François Hollande lors de la présentation chiffrée de son programme. Il propose aussi de créer des dispensaires "du XXIe siècle" avec des médecins salariés et des consultations gratuites.

Pour lutter contre les déserts médicaux, Benoît Hamon veut retirer le conventionnement aux médecins qui s'installent en zone surdotée. "Cette mesure n'entrave en rien la liberté d'installation du médecin, qui peut toujours choisir de s'y installer : il ne bénéficiera simplement plus du conventionnement ", explique l'ancien ministre de l'Economie sociale et solidaire de François Hollande, qui veut aussi encourager le développement de maisons de santé pluridisciplinaires "rassemblant des médecins libéraux, appuyés par une société de service pour les fonctions support". Benoît Hamon souhaite également que le burn-out soit considéré comme une maladie professionnelle. Reste à convaincre le patronat qui s'y oppose...

Macron veut rembourser à 100% l'optique, l'audition et le dentaire

Emmanuel Macron fourmille également d'idées. Pour améliorer la couverture santé, il promet, s'il accède au pouvoir, de prendre en charge à 100% l'optique, l'audition et le dentaire. Il propose également de " révolutionner " la prévention, via la création d'un service sanitaire de trois mois. " Avec l'appui des multiples associations qui font un travail remarquable, tous les étudiants en santé passeront trois mois dans nos établissements scolaires et dans nos entreprises pour faire du dépistage, de la prévention et de la sensibilisation."

"Ce service sanitaire sera intégré dans les maquettes pédagogiques. À terme, plus de 40.000 étudiants en santé viendront épauler les associations, les infirmières scolaires et les services de santé au travail. Ils se rendront en priorité dans les quartiers difficiles et dans les zones rurales, là où la prévention est peu développée, là où les inégalités sont les plus vives ", explique Emmanuel Macron qui souhaite également instaurer le passage au médicament à l'unité pour éviter le gâchis. " Mais si certains préfèrent faire des économies en déremboursant, il est préférable de faire des économies en déployant de nouvelles manières de dispenser des médicaments " avance Emmanuel Macron qui devra, quant à lui, convaincre les médecins, les pharmaciens et les industriels.