Présidentielle 2022 : quelles propositions des candidats pour le pouvoir d'achat ?

Par latribune.fr  |   |  1173  mots
(Crédits : Reuters)
Hausses de salaires, primes, revenu de base, prix bloqués ou baisses de taxes: de gauche à droite, tour d'horizon des idées lancées tous azimuts par les candidats à la présidentielle et aussi le candidat putatif Eric Zemmour à ce stade pour soutenir le pouvoir d'achat.

Alors que la pré-campagne pour l'élection présidentielle de 2022 tourne essentiellement, pour l'heure, autour de la candidature putative d'Eric Zemmour et des thèmes sécuritaires et identitaires qu'il porte, quid des thèmes économiques, au cœur de la vie quotidienne des Français ? Dans le domaine du pouvoir d'achat, tous les candidats déclarés ou en lice pour être investis par leur parti, ont formulé une esquisse de programme. Revue de détail.

A gauche, hausses de salaires, revenu de base ou prix bloqués

  • Fabien Roussel (PCF)

Le candidat déclaré du Parti Communiste Français propose essentiellement des mesures liées aux salaires et aux retraites. Il prône un Smic mensuel à 1.800 euros bruts (contre 1589 euros aujourd'hui) et souhaite qu'une "conférence salariale" augmente l'ensemble des salaires. Il propose également d'augmenter tous les salaires de 30% dans la fonction publique, pour répondre à la grogne notamment du personnel hospitalier et des enseignants. Au niveau des retraites, le candidat du PCF milite une pension de retraite minimale de 1.200 euros mensuels.

L'autre volet pour augmenter le pouvoir d'achat repose sur le blocage des prix de l'énergie, par la nationalisation d'EDF et d'Engie.

  • Jean-Luc Mélenchon (LFI)

Le tribun de La France Insoumise ne parle pas de nationalisations mais d'une "loi d'urgence sociale" pour bloquer les prix des produits de première nécessité, dont ceux du gaz, de l'électricité et de cinq fruits et légumes.

Lui aussi propose une revalorisation du Smic mais parle en "net" : 1.400 euros nets contre 1.258 euros aujourd'hui. Il compte également revaloriser les pensions de retraite au niveau du Smic pour une carrière complète. S'il est élu président, les 18-25 ans se verront octroyer une allocation d'autonomie de trois ans, sous réserve d'une formation qualifiante et sous conditions de ressources. Enfin, la rémunération des fonctionnaires sera "revalorisée", tout comme les minimas sociaux.

Jean-Luc Mélenchon ajoute également à son programme une "taxe réelle sur les transactions financières", le gel des dividendes des actionnaires et l'augmentation de la TVA sur les produits de luxe.

  • Arnaud Montebourg (ex-PS)

Pour l'heure, le candidat de la "Remontada" de la France souhaite augmenter le Smic "d'au moins 10%" et lancer un "Grenelle sur les salaires" en vue d'une hausse générale mais différenciée selon les branches.

  • Anne Hidalgo (PS)

Les mesures sur les salaires prévues par la maire de Paris se concentrent sur un "doublement, au moins", sur la période du quinquennat, des salaires de "toutes les personnes au contact avec les élèves". Et pour commencer, "aligner a minima le salaire des nouveaux professeurs sur le salaire médian des titulaires d'un bac +5".

Anne Hidalgo souhaite également "relever tous les salaires" des personnels "invisibles" (soignants, caissières...) en s'inspirant de la proposition de la CFDT d'"une augmentation générale de 15%".

Pour le pouvoir d'achat des ménages, l'édile qui souhaite réduire la place de la voiture à Paris prône pourtant une "baisse des taxes sur le prix des carburants".

  • Yannick Jadot (EELV)

Le vainqueur de la primaire des Verts veut "rendre aux Français l'équivalent d'un treizième mois d'économies" en investissant 50 milliards d'euros par an dans le logement, les transports, l'amélioration de l'alimentation notamment, ce qui doit créer 1,5 million d'emplois.

Le candidat EELV reprend sa proposition de longue date d'un "revenu citoyen" pour chaque adulte "en précarité" à partir de 18 ans, en remplacement de la prime d'activité et du RSA dont le barème est immédiatement revalorisé de 100 euros. Le surcoût sera financé par les "rentrées supplémentaires perçues sur les revenus et les patrimoines les plus élevés en revenant sur les mesures fiscales injustes adoptées depuis 2017".

Droite et extrême droite : baisses de charges salariales, primes et nationalisation des autoroutes

  • Xavier Bertrand (ex-LR)

Le candidat à l'investiture LR souhaite que tous les salariés à temps complet soient rémunérés au moins 1.500 euros nets mensuels d'ici la fin 2022, un investissement chiffré à "5 milliards d'euros" pour l'Etat, financé par "des économies" par ailleurs. Il prévoit une "grande conférence sociale" sur les salaires et les carrières avant l'été 2022.

Il prône également le versement d'une "prime au travail", en remplacement de la prime d'activité, pour les salariés touchant moins de 2.000 euros nets par mois, soit près de la moitié des salariés français. Elle bénéficiera aussi aux travailleurs indépendants.

"La rémunération du travail en fonction des résultats de l'entreprise deviendra un principe fondamental", avec des mécanismes de primes ou d'intéressement en fonction de la taille de l'entreprise.

Le candidat souhaite également pousser au travail au-delà des 35 heures hebdomadaires, en payant les heures supplémentaires avec une majoration mais sans impôts ni charges.

  • Valérie Pécresse (ex-LR)

La présidente de la Région Ile-de-France veut lancer une "grande conférence salariale" et augmenter le salaire net de 10% en abaissant les charges salariales. Pour les retraités "qui ont cotisé toute leur vie", elle souhaite une pension "au moins égale au Smic" à l'horizon 2030.

  • Michel Barnier (LR)

Le troisième candidat à l'investiture LR souhaite ligner les traitements des enseignants "sur le niveau observé dans les autres grands pays", "en redéployant les ressources accaparées par les fonctions support et l'administration".

  • Marine Le Pen (RN)

Au lieu de hausses de salaires qui feraient "peser une charge sur des entreprises dans de grandes difficultés économiques", la présidente du Rassemblement national veut nationaliser les autoroutes, ce qui permettrait selon elle de baisser les tarifs des péages "de 10 à 15%" et de "livrer 1,5 milliard d'euros par an au budget de l'État". A l'inverse, elle souhaite privatiser l'audiovisuel public, ce qui engendrerait selon elle "2,8 milliards de redevance rendus" aux contribuables.

La candidate d'extrême-droite prône aussi une baisse de la TVA sur l'essence, le gaz et l'électricité à 5,5% au lieu de 20%.

  • Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France)

Encore candidat en 2022, le souverainiste propose une augmentation des salaires nets de 10% en diminuant les charges salariales de 30% sur le quinquennat. Il souhaite également "rétablir le dispositif d'exonération des heures supplémentaires qui assouplira les 35 heures".

  • Eric Zemmour

Interrogé par Jean-Jacques Bourdin sur RMC le 14 septembre, le candidat putatif d'extrême-droite, pourtant peu avare en mesures sur l'immigration et la sécurité, a déclaré : "Je ne suis pas candidat pour l'instant donc je n'ai pas à vous donner un programme, des mesures, des mesurettes parce que ce n'est ni le lieu ni le moment. Emmanuel Macron avait attendu février/mars 2017 pour donner un programme et il disait "le programme ne sert à rien". Donc je ne vais pas, moi non candidat, faire mieux que lui".

Lors du débat sur BFMTV face à Jean-Luc Mélenchon le 23 septembre, le polémiste multi-condamné par la justice n'a fait aucune proposition relative au pouvoir d'achat. Au niveau économique, il n'a mentionné que sa volonté de rehausser l'âge de départ à la retraite.