Rachat de Casino  : Teract (InVivo) se retire de toutes discussions

Par latribune.fr  |   |  663  mots
Un hypermarché Casino dans le centre de Béziers. (Crédits : Reuters)
Casino et le groupe Teract (Gamm Vert, Jardiland, Boulangeries Louise), qui discutaient depuis des mois des modalités d'un rapprochement, ont officiellement décidé jeudi de « ne pas les poursuivre ». Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari, cofondateurs de Teract, restent sur les rangs « en leur nom ».

Teract jette l'éponge. La média spécialisé la Lettre A a révélé jeudi que son actionnaire majoritaire, l'union de 188 coopératives agricoles InVivo, ne souhaitait pas investir « un centime dans l'opération de rachat en cours » de Casino.

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De leur côté, les trois cofondateurs de Teract, le fondateur de Free Xavier Niel, le banquier d'affaires Matthieu Pigasse et le spécialiste de la distribution Moez-Alexandre Zouari, ont annoncé « en leur nom » dans un communiqué séparé vouloir « faire émerger une solution industrielle et financière pérenne » pour Casino, écrasé par le poids de sa dette.

Les créanciers invités à participer au redressement d'un acteur historique de la distribution

Sans InVivo, Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez - Alexandre Zouari - qui est par ailleurs un important franchisé du groupe Casino - , prévoient « un renforcement des fonds propres » de Casino ainsi qu'une « adaptation de la dette existante aux capacités du groupe et à la préservation de son potentiel de croissance ». L'idée, selon des informations de presse confirmées jeudi à l'AFP par une source proche du dossier, serait de créer un véhicule financier abondé à hauteur de 300 millions d'euros, et d'inviter les créanciers de Casino, ainsi que « l'ensemble des acteurs intéressés à participer au redressement d'un acteur historique de la distribution », à lui apporter de nouveaux capitaux.

Un endettement à hauteur de 6,4 milliards d'euros

Daniel Kretinsky, l'homme d'affaires tchèque, actionnaire à hauteur de 10% de Casino, a de son côté proposé à certains créanciers de payer environ 40% des créances dues, selon des informations de presse de fin mai confirmées par une source proche du dossier, soit en liquide, soit par une conversion en actions, soit par une combinaison des deux.

Casino avait officialisé vendredi son entrée dans une procédure de conciliation pour une période de quatre mois, afin de renégocier son important endettement. Le groupe, qui emploie 200.000 personnes dans le monde dont un gros quart en France, était endetté à hauteur de 6,4 milliards d'euros fin 2022, dont 4,5 milliards sur son activité en France, selon ses données officielles.

Depuis 20 ans, «  l'hyper » souffre d'une « image dépréciée »

L'écrivain Michel Houellebecq a décrit, dans « La Carte et le territoire », l'hyper Casino du boulevard Auriol (XIIIe arrondissement de Paris) comme « la seule proposition sociale susceptible de provoquer le désir, le bonheur, la joie » dans le quartier. Mais, soixante ans après sa création, le 15 juin 1963, le modèle de l'hypermarché, bousculé par le commerce en ligne, semble trop grand voire ringard pour de nombreux clients et le modèle est en perte de vitesse depuis une vingtaine d'années. L'hyper Casino de Houellebecq est ainsi depuis devenu un Monoprix.

En France, on parle d'un hypermarché quand sa surface commerciale est supérieure à 2.500 mètres carré et qu'il vend des denrées alimentaires. Les plus gros sont supérieurs à 20.000 mètres carrés. On compte 2.255 de ces mastodontes en France métropolitaine, sur près 12 millions de mètres carrés de surfaces commerciales au total, selon le média spécialisé LSA. Près de 2 euros sur 5 dépensés en grandes surfaces le sont dans un hypermarché. Ces chiffres sont vertigineux, mais néanmoins en recul.

Depuis 20 ans, «  l'hyper » souffre d'une « image dépréciée », observe Vincent Chabault, sociologue et auteur d'un « Éloge du magasin » (Folio). Il devient « symbole de corvée, de gaspillage, voire d'une forme de complicité avec l'industrie agroalimentaire ». « Le 'tout sous le même toit' est mort il y a bien longtemps », synthétise l'expert de la consommation Olivier Dauvers auprès de l'AFP. En revanche, « on ne peut pas dire que c'est la fin, bien au contraire », c'est toujours « 70 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel » et les hypermarchés sont les formats avec « les plus forts rendements au mètre carré ».

 (Avec AFP)