Reprise de Casino : Teract appelle Kretinsky à se joindre à lui pour soutenir sa proposition

Moez-Alexandre Zouari, directeur général de Terac, et franchisé du groupe de distribution stéphanois, propose au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky de faire converger leurs offres pour le rachat du groupe plombé par les dettes.
(Crédits : Reuters)

[Article publié le dimanche 14 mai 2023 à 23h12 et mis à jour le lundi 15 mai 2023 à 08h49] Directeur général de Terac, il est l'un des grands artisans du projet de rapprochement avec Casino: Moez-Alexandre Zouari, également important franchisé du groupe de distribution stéphanois en grande difficulté financière, défend son « projet industriel » et espère convaincre Daniel Kretinsky que leurs offres peuvent converger.

« S'il n'y a pas de projet industriel » comme celui que propose Teract, « nous considérons que le milliard de Daniel Kretinsky ne suffira pas » pour sauver Casino, a assuré Moez-Alexandre Zouari lors de cet entretien publié dimanche.

Le distributeur, qui emploie plus de 50.000 personnes en France et 200.000 dans le monde sous de nombreuses enseignes, dont Monoprix ou Franprix, lutte depuis des années pour se désendetter, jusque-là sans succès. « C'est un groupe qui souffre énormément, qui a été abimé par la pression financière » de sa course au désendettement, a estimé Moez-Alexandre Zouari.

La situation financière de Casino dégradée

Lui-même important franchisé du groupe Casino en Ile-de-France, il revendique à ce titre de « très bien connaître l'entreprise et les équipes ».

« Le projet de Daniel Kretinsky est différent du nôtre, mais pas incompatible, il n'y a pas de raison qu'on n'arrive pas à se parler puisqu'il croit dans cette entreprise », a encore déclaré le directeur général de Teract. « Je serais heureux que quelqu'un d'aguerri comme Daniel Kretinsky nous rejoigne, ce qu'on attend avec impatience », a-t-il souligné.

Daniel Kretinsky, déjà actionnaire à hauteur de 10% de Casino, a proposé le 24 avril d'injecter 750 millions d'euros dans le groupe (via une augmentation de capital réservée de plus d'un milliard d'euros au total), expliquant quelques jours plus tard qu'à ses yeux « la situation financière » de Casino n'était « plus tenable sans une intervention rapide ».

« Notre offre n'est pas contradictoire avec le projet » de Teract, a-t-il observé début mai dans une interview à l'hebdomadaire Le Point, « mais la nôtre est celle qui traite le premier sujet de Casino : sa dette ».

Le groupe Casino dans le futur semble avoir vécu dans sa forme actuelle en raison du poids écrasant de sa dette : 6,4 milliards d'euros à fin 2022 dont 4,5 en France, auxquels s'ajoutent plus de trois milliards de dette pour la maison mère du groupe, Rallye. Cette dernière, ainsi que la cascade de holdings par lesquelles Jean-Charles Naouri détient le contrôle du distributeur, avaient bénéficié en mai 2019 d'un placement en procédure de sauvegarde et font l'objet depuis fin avril d'une procédure amiable pour la renégocier.

De son côté Casino a dit envisager une procédure de conciliation, ce qui pourrait être le cas à partir du 19 mai en cas d'accord de ses créanciers.

L'intérêt de plusieurs acteurs majeurs

Dans ce contexte lourd d'incertitudes pour un groupe qui compte des enseignes bien connues des Français, comme Monoprix et Franprix, et qui emploie 200.000 personnes dans le monde dont un gros quart en France, plusieurs acteurs majeurs entendent peser sur le futur de Casino.

Le plus connu est sans doute le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui a proposé à Casino d'injecter 750 millions d'euros via une augmentation de capital réservée de plus d'un milliard d'euros au total, ce qui ferait perdre à Jean-Charles Naouri le contrôle de cet empire. Le dirigeant historique « pourrait conserver une place éminente », a-t-il toutefois pris soin de préciser.

Dans un entretien avec plusieurs médias publié dimanche dont l'AFP, le directeur général de Teract (Gamm Vert, Jardiland, Boulangeries Louise...) Moez-Alexandre Zouari, qui négocie depuis plusieurs mois pour intégrer l'activité française du distributeur en difficultés, a défendu son projet et invité Daniel Kretinsky à travailler de concert.

InVivo, le géant de l'agroalimentaire, actionnaire majoritaire de Teract

Selon Moez-Alexandre Zouari, par ailleurs important franchisé du groupe Casino en Ile-de-France, l'offre du milliardaire tchèque est, en l'état, insuffisante « si demain matin en arrivant il n'a pas Intermarché pour massifier les achats, un projet industriel qui va donner du sens à la dynamique, un projet structuré...»

Teract, dont l'actionnaire majoritaire est le géant de l'agroalimentaire InVivo, compte autour de la table de son conseil d'administration le fondateur de Free Xavier Niel et le banquier d'affaires Matthieu Pigasse. Fin avril, la troisième chaîne de supermarchés en France, Intermarché, s'est jointe aux discussions menées depuis février avec Casino, et censées aboutir fin d'ici à la fin mai.

Casino « est une boîte centenaire, solide, robuste qu'il faut réveiller,(...) ce serait un carnage que ce groupe parte en redressement judiciaire alors qu'il y a un socle solide et que constituer un réseau de proximité comme le sien aujourd'hui prendrait des dizaines d'années et des milliards d'euros », a plaidé Moez-Alexandre Zouari.

Son projet est d'intégrer toute la chaîne agro-alimentaire, des producteurs agricoles rassemblés dans les 188 coopératives composant InVivo, aux supermarchés du groupe Casino, en passant par les transformateurs industriels.

« Cette consolidation verticale est pour nous la solution pour répondre aux enjeux de demain matin » et redonner « du sens » aux métiers de la distribution, a-t-il plaidé. Les négociations entre fournisseurs industriels et supermarchés tournent chaque année à la foire d'empoigne et constituent, fait-il valoir, une « mascarade où les grands industriels ont à chaque fois le dernier mot ».

Détacher les magasins français du groupe

Pour alléger la pression financière pesant sur l'activité commerciale de Casino, il entend détacher les magasins français du groupe pour les apporter à Teract, en n'embarquant avec eux qu'une dette d'environ deux milliards d'euros, selon une source proche.

Avec Daniel Kretinsky, « il n'y a pas de raison qu'on n'arrive pas à se parler puisqu'il croit dans cette entreprise », a encore déclaré Moez-Alexandre Zouari, qui serait « heureux que quelqu'un d'aguerri » comme le Tchèque  « nous rejoigne, ce qu'on attend avec impatience ».

Moez-Alexandre Zouari nourrit l'espoir de trouver un compromis dans le cadre de la possible procédure de conciliation étudiée par Casino.

(avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 16/05/2023 à 7:12
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Tant que les holdings n auront pas étés mise en RJ point de salut ! Plus personne ne fait confiance à JCN

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