Casino suspend son cours de bourse après l'annonce d'une demande de conciliation avec ses créanciers

Casino s'est donné jusqu'à 17 heures, ce mardi, pour lancer avec ses créanciers une éventuelle procédure de conciliation, placée sous l'égide du tribunal de commerce. Sa dette atteignait encore 6,4 milliards d'euros à fin 2022. Suite à cette procédure, Jean-Charles Naouri, l'actuel PDG du groupe pourrait perdre le contrôle de Casino. Une très mauvaise nouvelle qui a obligé l'entreprise à suspendre son cours de bourse par peur d'un effondrement de ses actions.
Les « implantations exceptionnelles » des enseignes Casino aiguisent les appétits.
Les « implantations exceptionnelles » des enseignes Casino aiguisent les appétits. (Crédits : STEPHANE MAHE)

[Article publié le mardi 23 mai 2023 à 10h34 et mis à jour à 11h06] Rien ne va plus chez Casino. L'enseigne de grande distribution a décidé de négocier avec ses créanciers pour s'assurer un avenir. Le groupe qui emploie plus de 50.000 personnes en France et 200.000 dans le monde sous de nombreuses enseignes, dont Monoprix ou Franprix, lutte depuis des années pour se désendetter. Cette nouvelle fait craindre un effondrement du prix des actions de Casino. Résultat, l'entreprise a été contrainte de demander la suspension de son cours à la bourse de Paris ce mardi matin « dans l'attente de la publication d'un communiqué de presse et jusqu'à nouvel avis », selon un communiqué publié sur le site d'Euronext. Sollicité par l'AFP, Casino n'a pas souhaité faire de commentaires.

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Selon Le Figaro, un conseil d'administration a été convoqué lundi soir dans le but de demander ce mardi au tribunal de commerce de Paris une procédure de conciliation, afin d'obtenir un abandon de créances de 3,7 milliards d'euros. La procédure de conciliation est une procédure amiable placée sous l'égide du tribunal de commerce, devant permettre à l'entreprise en difficulté de conclure un accord avec ses principaux créanciers. La dette du groupe Casino atteignait encore 6,4 milliards d'euros à fin 2022 (dont 4,5 milliards sur son activité France), auxquels s'ajoutent plus de trois milliards pour la maison mère du groupe, Rallye.

Ouverture d'une procédure de conciliation

Le quotidien précise que cette mission devrait être confiée à Marc Sénéchal connu pour « avoir obtenu un accord entre Antoine Frérot et Philippe Varin dans la bataille entre Veolia et Suez et d'un autre entre Xavier Niel et Rodolphe Saadé pour le contrôle de La Provence ». Pour les agences de notation S&P et Fitch, le suspense est faible : elles anticipent une restructuration de la dette au détriment des créanciers et ont abaissé la note du groupe en conséquence.

Rallye, la maison-mère, ainsi que la cascade de holdings par lesquelles le PDG de Casino Jean-Charles Naouri détient le contrôle du distributeur, avaient bénéficié en mai 2019 d'un placement en procédure de sauvegarde. Elle a, par ailleurs, annoncé lundi soir avoir obtenu l'ouverture d'une procédure de conciliation avec ses créanciers auprès du tribunal de commerce de Paris, après une première procédure à l'amiable lancée en avril et qui n'a pas abouti. Cette situation financière pèse sur l'activité commerciale de Casino, lui laissant moins de capacité d'investissement que la concurrence dans les magasins ou dans les prix.

Un groupe qui attise les convoitises

Le groupe, puissant en Île-de-France, en Provence-Alpes-Côte d'Azur et en Rhône-Alpes, suscite néanmoins des convoitises. « Casino a le meilleur réseau de France, les meilleurs formats (...) avec des implantations exceptionnelles », a loué dans un entretien avec plusieurs médias, mi-mai, le directeur général de Teract (Gamm Vert, Jardiland, Boulangeries Louise,...), Moez-Alexandre Zouari. Celui qui est par ailleurs un franchisé du groupe Casino en Ile-de-France négocie depuis plusieurs mois pour intégrer l'activité française du distributeur en difficultés à Teract, dont l'actionnaire majoritaire est le géant de l'agroalimentaire InVivo. Fin avril, la troisième chaîne de supermarchés en France, Intermarché, s'est jointe aux discussions censées aboutir d'ici à la fin mai.

Mais une autre offre a émergé, portée par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, déjà actionnaire à hauteur de 10% de Casino. Celui-ci a proposé le 24 avril d'injecter 750 millions d'euros dans le groupe via une augmentation de capital réservée de plus d'un milliard d'euros au total. Il a assuré qu'à ses yeux « la situation financière » de Casino n'était « plus tenable sans une intervention rapide », et s'est allié pour l'occasion avec un vieil ami de Jean-Charles Naouri, Marc Ladreit de Lacharrière, troisième actionnaire de Casino. Le représentant de Fimalac au sein du conseil d'administration du distributeur Casino, Thomas Piquemal, avait ainsi démissionné de ses fonctions vendredi « afin d'éviter tout risque de conflit d'intérêt » dans l'examen de l'offre de Daniel Kretinsky, à laquelle est associé Fimalac.

Jean-Charles Naouri pourrait perdre le contrôle de Casino

Moez-Alexandre Zouari, qui a tendu la main à Daniel Kretinsky en jugeant les projets « pas incompatibles », nourrit l'espoir de trouver un compromis dans le cadre de la possible procédure de conciliation. Ces offres pourraient en tout cas se traduire par la perte de contrôle de Casino par Jean-Charles Naouri, premier actionnaire depuis 1992 et PDG depuis 2005. Âgé de 74 ans, il a toutefois fait modifier récemment les statuts de Rallye pour repousser l'âge limite de sa présidence de 75 à 78 ans.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 23/05/2023 à 13:36
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N importe quel chef d entreprise aurait été placé en RJ le fait que Casino demande la sauvegarde implique de fait le défaut de Rallye qui doit être placé en RJ Tout autre solution condamne Casino à terme ! Alors que les créanciers de Rallye pourra...

le 25/05/2023 à 17:11
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@L'heritier Je suis d'accord avec vous et je serais surpris que A. Bompard ne travaille pas depuis longtemps à cette éventualité et qu'il attend le moment opportun pour lancer une OPA. Le seul hic est la présence de Kretinsky au Capital.

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