Rebâtir Notre-Dame en cinq ans : un coup de pouce fiscal pour les dons

Par latribune.fr  |   |  676  mots
(Crédits : Reuters)
Un concours international d'architectes, un soutien fiscal aux dons et un projet de loi pour une souscription nationale : le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé mercredi une série de mesures pour tenir le "défi immense" de reconstruire Notre-Dame de Paris en cinq ans, lancé la veille par Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat a réuni mercredi plusieurs ministres et personnalités à l'Elysée pour lancer le gigantesque chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris, partiellement détruite par les flammes lundi soir, qu'il veut voir achevé en cinq ans. Le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé dans la foulée un projet de loi pour encadrer les dons, et des mesures pour tenir ce "défi immense" de reconstruction, jugé intenables par certains spécialistes du patrimoine.

Le gouvernement devrait aussi annoncer ce jeudi un "plan formation" pour répondre au défi de main-d'oeuvre que pose la reconstruction de la cathédrale.

Une réduction fiscale de 75% sur les dons des particuliers

Après un conseil des ministres consacré au sauvetage de la cathédrale, Edouard Philippe a annoncé un projet de loi pour donner un "cadre légal" aux dons - qui avoisinent aujourd'hui le milliard d'euros. Ils ont en effet afflué de la part d'entreprises, d'hommes d'affaires, comme de particuliers, alimentant une polémique sur les grandes fortunes françaises, accusées de verser des centaines de millions d'euros afin de soigner leur image tout en bénéficiant d'une importante ristourne fiscale.

Le texte prévoit notamment une réduction fiscale dérogatoire de 75% pour ceux de particuliers jusqu'à 1.000 euros, contre 66% au-delà de cette somme, tandis que « les entreprises bénéficieront des réductions d'impôts, dites de mécénat, dans les conditions actuelles ». La réduction équivalente à 60% du montant du don, avec un plafond de 0,5% du chiffre d'affaires. En cas de dépassement de ce seuil, les entreprises peuvent échelonner cet avantage fiscal sur cinq ans.

« Chaque euro donné par les particuliers et les entreprises, dans le cadre de cette souscription nationale, serait dédié à cette seule tâche, pas à autre chose », a-t-il insisté.

La famille Pinault, actionnaire majoritaire du groupe Kering , a annoncé mercredi qu'elle renonçait à tout avantage fiscal lié au don de 100 millions d'euros annoncé la veille.

Un concours international d'architecture pour le remplacement de la flèche

L'objectif de reconstruire Notre-Dame en cinq ans est jugé difficilement atteignable par des spécialistes. Après une réunion des acteurs publics et catholiques impliqués dans la reconstruction, à l'Élysée, Stéphane Bern, chargé d'une mission "Patrimoine" par le chef de l'État, a souligné que le président avait « marqué sa volonté d'aller vite. Mais vitesse ne veut pas dire précipitation ».

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[Plan 3D de la cathédrale montrant la flèche et la toiture détruites dans l'incendie du 15 avril. Crédits : Reuters]

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Faut-il reconstruire la cathédrale Notre-Dame de Paris à l'identique ? Emmanuel Macron n'a pas exprimé de préférence sur le type de reconstruction, à l'identique ou avec d'autres matériaux, a-t-il précisé. Un concours international d'architectes sera lancé.

Il devra « trancher la question de savoir s'il faut reconstruire une flèche, s'il faut la reconstruire dans les mêmes conditions, à l'identique » de celle imaginée par Eugène Viollet-le-Duc au XIXe siècle, « ou s'il faut (...) se doter d'une nouvelle flèche adaptée aux techniques et enjeux de notre époque », a dit Édouard Philippe.

L'ancien chef d'État-major des Armées, le général Jean-Louis Georgelin, nommé représentant spécial par Emmanuel Macron, va piloter les opérations.

Former des tailleurs de pierre pour rebâtir la cathédrale

Le secrétaire général des Compagnons du devoir, Jean-Claude Bellanger, a mis en garde mardi la ministre du Travail contre un risque de pénurie de main d'oeuvre pour mener à bien ce gigantesque chantier dans les délais prévus. Il manque déjà, selon lui, une centaine de tailleurs de pierre, 200 couvreurs et 150 charpentiers. La reconstruction de Notre-Dame risque d'accaparer les ouvriers actuels retardant d'autant la restauration des autres monuments, a-t-il précisé.

Les ministres du Travail, de l'Education et de la Culture, doivent réunir ce jeudi les représentants du secteur pour présenter les mesures visant à faciliter et encourager l'accès à ces métiers.

(avec AFP et Reuters)