Reconfinement : le MEDEF veut faire rouvrir les commerces de proximité

Par latribune.fr  |   |  772  mots
Le MEDEF redoute que ce deuxième confinement, dont la durée finale reste incertaine, assène le coup de grâce aux établissements déjà fragilisés, comme les librairies, les magasins de vêtements ou de jouets. (Crédits : Eric Gaillard)
Maires, MEDEF, même combat... L'organisation patronale va faire des propositions au gouvernement pour rouvrir les commerces considérés comme "non-essentiels".

Le Medef va faire des propositions au gouvernement pour rouvrir les commerces considérés comme "non-essentiels", a indiqué dimanche sur France Inter la vice-présidente et porte-parole de l'organisation patronale, Dominique Carlac'h. "Il y a un vrai sentiment d'injustice", a lancé Dominique Carlac'h. "On fait le lit d'Amazon et ça tue le petit commerce (...) Faire ses cadeaux en bas de chez soi était de nature à redynamiser l'activité. Faire ses cadeaux de Noël sur Amazon, ce n'est pas citoyen et c'est la clé de pertes d'emplois sur le sol français".

"On va proposer au gouvernement, dans les 15 jours qui viennent, en quoi il est possible de combiner la poursuite de l'activité économique avec la pandémie", a souligné Dominique Carlac'h.

Le coup de grâce ?

Les représentants des entrepreneurs redoutent tous que ce deuxième confinement, dont la durée finale reste incertaine, assène le coup de grâce aux établissements déjà fragilisés, comme les librairies, les magasins de vêtements ou de jouets. Et ce malgré un assouplissement par rapport au confinement du printemps, avec la possibilité déjà existante d'ouvrir pour permettre aux clients de retirer leurs commandes, ou d'effectuer des livraisons.

"Au moment où on parle de solidarité, chacun est essentiel" et "quand on va dans le petit commerce en bas de chez soi, on attend dehors, on met son masque", a poursuivi la vice-présidente du Medef, soulignant qu'il ne fallait pas non plus opposer aux petits commerces les supermarchés, qui "permettent d'alimenter les Français, notamment en province".

Les chambres françaises de commerce et l'une des principales fédérations de commerçants ont demandé samedi aux autorités d'accepter une ouverture sur rendez-vous de tous les petits commerces. Depuis l'annonce du reconfinement jeudi, plusieurs maires ont également autorisé par arrêté l'ouverture des commerces. Mais plusieurs préfectures ont très vite demandé aux maires en question de retirer leur arrêté "illégal". Ainsi, Anne Hidalgo a annoncé dimanche que des maires de France préparaient une initiative commune afin d'autoriser la réouverture de commerces de proximité contraints à la fermeture par le nouveau confinement.

Amazon dans le viseur de Bruno Le Maire

Amazon ne doit pas être le grand gagnant de la crise, a déclaré dimanche le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, tout en condamnant les municipalités qui ont pris des arrêtés autorisant les commerçants à poursuivre leur activité en dépit des mesures de confinement annoncées mercredi. "Il ne faut pas que ça soit Amazon, pour faire simple, qui soit le grand gagnant de cette crise au détriment des commerces de proximité ou même d'ailleurs des grandes surfaces qui embauchent des centaines de milliers de personnes", a-t-il déclaré sur le plateau de BFM TV alors qu'émerge une controverse sur le sort des petits commerçants concurrencés tant par la vente sur internet que par la grande distribution.

Une centaine de millions d'euros seront mis sur la table pour accélérer "la digitalisation des petits commerces". "Il faut qu'à la sortie de cette crise, nous ayons au moins la moitié des commerces de proximité qui soient digitalisés" contre un tiers actuellement, a expliqué le ministre de l'Economie.

Le ministre a en outre déploré les arrêtés pris par "une poignée de maires irresponsables qui pensent qu'ils soutiennent les commerçants. En réalité, ils menacent la santé des Français", a-t-il lancé, tout en promettant de rétablir l'équité entre grandes surfaces et commerces de proximité, les mesures gouvernementales entrées en vigueur vendredi ne permettant que l'ouverture des commerces considérés comme essentiels, tels les magasins d'alimentation ou les pharmacies. "Il est urgent de rétablir l'équité entre les petits commerçants et les grandes surfaces. Nous le ferons aujourd'hui avec deux options qui sont sur la table: contrôle et durcissement des jauges et fermeture des rayons de produits qui ne sont pas de première nécessité dans les grandes surfaces", a-t-il promis, ajoutant qu'une décision sera prise dimanche par le Premier ministre.

"Nous pourrions d'ici le 12 novembre (...) rouvrir un certain nombre de commerces si la situation sanitaire le permet", a-t-il encore déclaré, encourageant d'ici là les petits commerçants à se tourner vers le "retrait commande" afin de maintenir leur activité tout en évitant la fréquentation de leurs points de vente. "Tout le chiffre d'affaires sera uniquement pour les commerçants, il ne rentrera pas dans le calcul du montant du fonds de solidarité auquel (ils) ont droit."