
Les Parisiens ont beau avoir été "formidables" de par leurs "efforts énormes", "la situation est grave", a affirmé le 29 octobre Anne Hidalgo lors d'une déclaration à la presse diffusée en direct sur les réseaux sociaux. Dans la capitale, le taux d'incidence reste en effet le plus élevé de la région de la région Ile-de-France avec 500 personnes testées positives à la Covid-19 pour 100.000 habitants.
"Le choc économique est encore plus fort qu'ailleurs. Les restaurateurs, les hôteliers, les commerces souffrent si fort", a déclaré la maire (PS) de Paris qui a dit "espérer que les commerces de proximité, à commencer par les libraires, ne seront pas "sacrifiés".
Anne Hidalgo, qui veut tout faire pour "éviter que l'économie s'effondre", a en outre promis des solutions et des moyens pour "faire face à cette crise sanitaire qui est aussi une crise économique et sociale". Elle a ainsi annoncé "un plan stratégique" qui s'appuiera sur les maires d'arrondissement, sans pour l'heure en préciser les contours. De même que la maire de Paris a adressé des propositions au Premier ministre Jean Castex qu'elle n'a pas (encore ?) non plus dévoilées.
"Quand je vois ce qui se passe à Londres ou à New York, où l'on assiste à une paupérisation de la ville, je pense que l'on n'a pas encore mesuré l'impact de la crise sanitaire sur les grandes métropoles, et en premier lieu sur Paris", réagit pour La Tribune le président du Medef Paris qui déclare avoir alerté les pouvoirs publics. "La situation devient très préoccupante" alerte Charles Znaty.
Une situation "très difficile" pour les petits commerces
"Je ne fais pas de parisianisme" insiste le patron des patrons parisiens. "La ville ne vit pas que de ses habitants, mais de ses visiteurs ou de ceux qui viennent y travailler", martèle-t-il encore. Charles Znaty en veut pour preuve que les activités désormais interdites, comme le divertissement et la restauration -"les entreprises les plus fragiles" - emploient beaucoup de jeunes mains d'œuvre, "les plus faibles impactés en premier".
"La situation est très difficile pour les petites commerces qui attendaient cette pré-période de Noël pour renouer avec les consommateurs sur des produits de qualité, festifs, qui ne sont pas de première nécessité, mais des achats-plaisir", confirme le président de la confédération des PME Paris-Ile-de-France Bernard Cohen-Hadad.
C'est pourquoi demande-t-il comme le Medef Paris un plan de relance pour les métropoles discuté avec les grandes organisations patronales, les élus et les habitants concernés. Charles Znaty a mandaté l'Ecole supérieure de commerce (ESP) de Paris pour chiffrer un tel programme avec une méthodologie adoptée, de même que le Medef national a son propre groupe de travail "métropoles".
Une économie "d'interdépendance"
"Nous sommes dans une économie d'interdépendance", appuie Bernard Cohen-Hadad qui pointe le "danger" de penser les aides en silo et en branches d'activités. "Des activités touchées en contaminent d'autres", relève-t-il. Et de citer ce restaurateur qui doit faire appel à un réparateur de frigo ou à un fabricant d'enseigne si besoin. "C'est l'ensemble de l'écosystème marchand, et pas seulement celui de la vente et de la distribution qui est concerné", rappelle-t-il.
Les données parisiennes restent toutefois complexes à récolter, étant noyées dans des statistiques franciliennes. "Même à l'Hôtel de Ville, ils n'en ont pas", assure le président du Medef Paris. "C'est un problème pour démontrer l'ampleur des difficultés", ajoute-t-il. Rare signal faible: l'augmentation du nombre de demandeurs pour le revenu de solidarité active (RSA). "L'arbre qui cache la forêt", assène-t-il. En attendant, d'après ses estimations, 50% de l'activité de la capitale est à l'arrêt "de manière directe ou indirecte".
Selon le recensement de la CPME Paris Ile-de-France, il existe près de 63.000 commerces, dont beaucoup d'indépendants - artisans, professions libérales - et d'entreprises familiales - majoritairement des couples - dont les seuls revenus ne sont pas les salaires mais le chiffre d'affaire mensuel voire quotidien. "Il est trop tôt pour déterminer le risque de cessation d'activités, mais le chiffre d'affaires est déjà à 60-70% par rapport à la même période en 2019, elle-même était de 20% inférieure comparée à 2018", relève son président.
Entre les "gilets jaunes", la grève des transports et les manifestations contre la réforme des retraites, les commerçants en ont pâti. Avec le reconfinement, outre une distorsion de concurrence avec les grands établissements et les géants du Net, beaucoup redoutent de mettre la clé sous la porte. A moins que le fonds de solidarité, les prêts directs de l'Etat et l'étalement des charges de l'URSSAF leur donnent un peu de sursis.
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