Recul du chômage des plus de 50 ans

Par latribune.fr  |   |  1080  mots
Le nombre de chômeurs (catégorie A, sans activité) a été quasi-stable au premier trimestre en France entière (hors Mayotte), avec une très légère baisse de 0,1%, portant le nombre de personnes inscrites à 3,028 millions (-4.300 inscrits). (Crédits : REUTERS/Charles Platiau)
Après avoir augmenté au troisième et au quatrième trimestre 2023, le nombre de chômeurs sans activité a diminué de 0,1% sur les trois premiers mois de l'année, avec 3,028 millions d'inscrits. Une stagnation qui ne devrait pas ravir l'exécutif qui souhaite faire passer le taux de chômage de 7,4% actuellement à 5% en 2027 et qui entend réformer à nouveau les conditions d'accès au chômage, dès cet automne.

Le plein emploi ne semble pas encore pour tout de suite. Le nombre de chômeurs (catégorie A, sans activité) a été quasi-stable au premier trimestre en France entière (hors Mayotte), avec une très légère baisse de 0,1%, portant le nombre de personnes inscrites à 3,028 millions (-4.300 inscrits), selon les chiffres publiés jeudi par le ministère du Travail.

En incluant l'activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d'emploi est stable (0,0%) au premier trimestre par rapport au trimestre précédent (+2.600 inscrits), et s'établit à 5,400 millions, selon la direction des statistiques du ministère du Travail (Dares).

Cette stabilité du chômage intervient après deux trimestres de hausse consécutive, avec 0,6% d'augmentation à l'été 2023 et +0,2% à l'automne. A noter aussi, sur un an, le nombre de chômeurs sans activité a progressé de 0,1% au premier trimestre et le nombre total de demandeurs d'emploi, en incluant l'activité réduite, de 0,6%. Le nombre de personnes au chômage indemnisées a aussi augmenté de 0,7% sur le trimestre à 3,02 millions, dont 2,64 millions indemnisés par l'assurance-chômage.

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Le chômage des plus de 50 ans en baisse

Dans le détail, au premier trimestre, la part des demandeurs d'emploi sans activité ou en activité réduite (catégories A, B et C) inscrits depuis plus d'un an à France Travail (ex-Pôle emploi) est en légère hausse, de 0,2 point de pourcentage, à 43,9%.

En France métropolitaine, le chômage des jeunes de moins de 25 ans a continué d'augmenter, bien que moins vite qu'au quatrième trimestre 2023. Il progresse de 0,5% sur le trimestre et de 5,3% sur un an. En revanche, celui des 50 ans et plus a baissé de 0,5% sur le trimestre, et de 1,8% sur un an.

Sur un an, le chômage des femmes diminue de 0,5%, alors que celui des hommes augmente de 1,2%. Par régions, le nombre de chômeurs sans activité a le plus augmenté sur un trimestre en Guyane (+2,8%), en Nouvelle-Aquitaine et en Bourgogne-Franche-Comté (+0,7%). Il a le plus reculé en Guadeloupe (-1,9%), en Bretagne (-0,9%) et dans les Hauts-de-France (-0,7%).

L'objectif du plein emploi encore loin

La baisse du chômage tarde donc à venir alors que le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, réitère fréquemment l'objectif d'atteindre le plein emploi (soit un taux de chômage autour de 5% en 2027 contre 7,4% actuellement).

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D'autant que dans sa note de conjoncture dévoilée le 14 mars, l'Insee projette une hausse de 7,6% de la population active en juin prochain contre 7,2% un an plus tôt. Le coup de frein de l'activité en 2023 a confirmé le retournement du marché du travail hexagonal. Après plusieurs années consécutives de baisse, le chômage pourrait encore grimper au-delà du premier semestre. La fin des aides Covid et les moindres subventions à l'apprentissage ont entraîné un coup de frein des embauches. Au premier semestre, l'Insee prévoit seulement 40.000 créations d'emplois. « Pendant deux ans, le climat de l'emploi était supérieur au climat des affaires. Cela s'est traduit par un long épisode de croissance riche en emplois. Cette déconnexion est désormais terminée », a déclaré Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture, lors d'un point presse après la publication de cette note.

Pour ne rien arranger, l'institut de statistiques table sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 0% au premier trimestre et 0,3% au second trimestre alors que les conjoncturistes tablaient encore sur une hausse de 0,2% aux deux premiers trimestres de l'année, en février. Une dégradation de l'activité économique qui risquerait d'augmenter le nombre de personnes sans emploi.

La réforme de l'assurance chômage dévoilée en juillet

Alors, sous couvert de parvenir à l'« objectif de concourir à l'atteinte du plein emploi et de favoriser le retour rapide en emploi des chômeurs indemnisés », le ministère du Travail a indiqué dans un communiqué lundi, qu'il allait changer les conditions pour avoir accès au chômage vont changer à partir du 1er juillet prochain.

Pour rappel, depuis février 2023, les durées d'indemnisation ont été réduites de 25% pour les nouveaux allocataires suite à la baisse durable du taux de chômage en France, en dessous de 9% (il est actuellement à 7,5%). Cette réforme avait fait suite à une autre, lancée en 2019 et pleinement entrée en vigueur fin 2021, qui avait déjà durci les conditions d'indemnisation des demandeurs d'emploi, notamment ceux qui alternent périodes de travail et d'inactivité. Le Premier ministre Gabriel Attal avait annoncé dès janvier vouloir « aller plus loin dans la réforme de l'assurance chômage ». Et, fin mars, il avait indiqué vouloir disposer des « paramètres de cette réforme à l'été pour qu'elle puisse entrer en vigueur d'ici à l'automne ».

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Interrogé la semaine dernière au sujet de la réforme à venir, le Premier ministre a énuméré trois leviers pour faire évoluer l'assurance chômage : la durée d'indemnisation, la condition d'affiliation - à savoir « combien de temps il faut avoir travaillé pour toucher l'assurance chômage » soit six mois actuellement au cours des 24 derniers mois - et le niveau d'indemnisation. Tout en soulignant que « les trois possibilités [étaient] ouvertes », il avait dit sa préférence pour un durcissement de la condition d'affiliation.

De leur côté, les syndicats, qui ont farouchement combattu les réformes controversées de 2019 et de 2023, ont appelé mi-mars le gouvernement à renoncer à une nouvelle réforme, estimant qu'il fallait « cesser la stigmatisation populiste des chômeurs ». Actuellement, 2,6 millions de chômeurs sont indemnisés, sur 6,1 demandeurs d'emploi toutes catégories confondues, selon France Travail, l'organisme qui a succédé à Pôle emploi en janvier. « Nous ne pouvons pas accepter de nouvelles baisses de droits après le saccage qui a déjà eu lieu. Et cette annonce de reprise en main prépare un nouveau saccage », a affirmé à l'AFP Denis Gravouil, le négociateur de la CGT sur l'assurance chômage. « Être fort avec les faibles, ça ne dure qu'un temps », a aussi réagi amer Jean-François Foucard (CFE-CGC), ajoutant qu'il revenait au gouvernement « d'assumer les conséquences sur la consommation et la politique » des diminutions de droits prévues pour les chômeurs.