Recul historique de l'espérance de vie en France

Par latribune.fr  |   |  500  mots
En 2015, une femme peut espérer vivre 85 ans et un homme 78,9 ans, selon le bilan démographique annuel de l'Insee.
Avec 66,6 millions d'habitants recensés au 1er janvier 2016, le bilan démographique 2015 est morose et l'espérance de vie recule à la fois pour les hommes et pour les femmes. Une situation qui ne s'était pas produite depuis plus de 40 ans.

Décidément, 2015 mérite son titre d'annus horribilis. C'est du moins le constat qui s'impose à la lecture du bilan démographique annuel de l'Insee, publié ce mardi 19 janvier. Selon l'institut national de la statistique et des études économiques, 2015 marque en effet le premier recul de l'espérance de vie en France depuis...1969 ! Ainsi, au 1er janvier 2016, la France métropolitaine et les départements d'outre-mer comptaient 66,6 millions d'habitants, une croissance de 247.000 personnes (+0,4%) sur un an, marquée par une hausse des décès et une baisse des naissances. A cette date, la population de la métropole s'élevait à 64,5 millions d'habitants, précise l'institut.

La croissance annuelle a été quasi exclusivement portée par le solde naturel (différence entre les naissances et les décès), même si ce solde est le plus bas depuis quarante ans (+200.000). La France a enregistré 600.000 décès l'an dernier, une "forte hausse" par rapport à 2014 (+41.000, soit +7,3%) mais aussi un nombre de morts "à son plus haut depuis la Seconde guerre mondiale". En 2014 pourtant, le nombre de décès avait sensiblement diminué (11.000 de moins qu'en 2013).

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Ce bond s'explique par l'augmentation du nombre de personnes de 65 ans et plus, et par la hausse des taux de mortalité après 65 ans, due à trois épisodes sanitaires en 2015 : grippe au premier trimestre, canicule en juillet et vague de froid en octobre.

Pas un coup d'arrêt à la hausse de l'espérance de vie

En conséquence, l'espérance de vie à la naissance diminue, de 0,4 an pour les femmes et de 0,3 an pour les hommes. En 2015, une femme peut espérer vivre 85 ans et un homme 78,9 ans. Un recul historique depuis 1969 : les précédentes baisses ne touchaient en effet que les femmes -notamment lors de la canicule de 2003- et étaient de moindre ampleur.

"On ne peut pas dire que cette baisse marque un coup d'arrêt dans la tendance à la hausse de l'espérance de vie", relève toutefois l'Insee.

Depuis 20 ans, elle a augmenté de 3,1 ans pour les femmes et de 5,1 ans pour les hommes. Quant à la baisse des naissances, "elle n'a rien d'exceptionnel", assure l'Insee. D'une part, elle est faible, avec 19.000 naissances en moins en 2015 (-2,3%), d'autre part, la natalité reste à un niveau élevé, avec 800.000 nouveau-nés. Des fluctuations déjà "observées dans le passé", selon l'Insee.

France et Irlande toujours champions d'Europe de la fécondité

La baisse s'explique par la diminution du nombre de femmes en âge de procréer depuis 1995 et le léger recul de la fécondité en 2015: 1,96 enfant par femme, contre 2 en 2014. Néanmoins, l'Irlande et la France restent depuis 1999 les deux pays européens les plus féconds. Enfin, on estime que 239.000 mariages ont été célébrés en 2015, accusant un léger recul, dont 8.000 entre personnes de même sexe, contre 10.522 l'année précédente.

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(avec AFP)