Refinancement d'Orpea  : la Caisse des dépôts et les créanciers ne trouvent pas de terrain d'entente

Par latribune.fr  |   |  678  mots
Le groupe Orpea est exposé à un risque de manque de liquidités au premier trimestre 2023. (Crédits : STEPHANE MAHE)
Les créanciers d'Orpea et la Caisse des dépôts (CDC) se sont séparés sur un constat d'échec dans la nuit de mercredi à jeudi alors qu'ils tentent de renflouer le géant des maisons de retraite, secoué par la publication il y a un an du livre-enquête « Les Fossoyeurs ». Le groupe a jusqu'à mi-février pour trouver une solution.

Orpea n'est pas sorti d'affaires. La Caisse des dépôts, bras financier de l'Etat, selon une source interne reprise par l'AFP, a proposé de relever à 1,3 milliard d'euros son offre initiale d'apport d'argent frais contre 700 millions d'euros au départ.

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C'est 80% de la somme totale (1,5 milliard d'euros) dont Orpea a besoin pour poursuivre son activité et mettre en œuvre le plan de transformation annoncé à l'automne par son nouveau directeur général Laurent Guillot.

« Nous voulons le contrôle pour nous assurer que les pratiques changent » (Caisse des dépôts)

Mais les discussions engagées sur la restructuration de la dette achoppent sur la valeur à laquelle la dette non sécurisée, aux mains d'un groupe d'investisseurs, sera transformée en capital. Parmi ceux-ci, qui détiennent 1,8 milliard d'euros de dette (sur un total de 9 milliards de dette), figurent des gérants et des fonds spéculatifs, dont Anchorage, Boussard & Gavaudan, Carmignac et Eiffel.

La Caisse des dépôts et ses alliés demandent le contrôle de la gouvernance d'Orpea. « Nous voulons le contrôle pour nous assurer que les pratiques changent », a indiqué à l'AFP une source de la Caisse des Dépôts. « Pour nous, c'est plus une question éthique que financière ».

« Avec des partenaires, mutualistes, assureurs, nous proposons d'apporter 1,265 milliard d'euros, sur la base d'une valorisation de la société à un milliard d'euros. Cela n'a pas été accepté par les créanciers », dit-on à la CDC. « Si les résidents sont mieux traités, les charges vont augmenter et les marges baisser, et la société vaut moins », dit-on au sein de l'institution publique. « Il n'y a pas d'accord aujourd'hui. Notre offre reste sur la table ».

La Caisse des dépôts a refusé un compromis avec les créanciers

Selon une source proche des créanciers, la conciliatrice a proposé un « compromis », qu'ils ont accepté et que la Caisse des dépôts a refusé. L'offre de la Caisse des dépôts « lèse les intérêts d'épargnants qui ont déjà perdu beaucoup », selon cette source.

Les détenteurs de la dette d'Orpea sont en majorité des mutualistes, gérants d'épargne-retraite et d'assurance-vie français, « prêts à accompagner Orpea dans la durée », selon cette source.

« Malgré ses efforts pour aboutir » à un accord, Orpea « constate avec regret que les attentes respectives du consortium d'investisseurs et du groupe de financiers non sécurisés (...) ne permettent pas de trouver un accord » et « ces négociations prennent par conséquence fin », a déclaré le groupe privé dans un communiqué publié jeudi soir.

Le groupe est exposé à un manque de liquidité dès le premier trimestre 2023

Orpea « poursuivra les discussions avec le groupe de financiers non sécurisés dont le soutien est nécessaire pour aboutir à un accord sur un plan de restructuration », à savoir « la capitalisation de 3,8 milliards d'euros de dettes non sécurisées et une augmentation de capital comprise entre 1,3 et 1,5 milliard d'euros », ajoute-t-il.

Le groupe Orpea, exposé à un risque de manque de liquidités au premier trimestre 2023 et affecté par la hausse des coûts alimentaires et énergétiques, a jusqu'à mi-février pour trouver une solution dans le cadre d'une procédure amiable de conciliation.

(Avec AFP)

Orpea a indiqué mi-janvier adhérer à la démarche d'une « charte » lancée par le Synerpa, syndicat du secteur pour « rétablir la confiance du public ». Elle « formalise les engagements des acteurs privés du grand âge pour une évolution profonde, durable et mesurable de l'accompagnement des personnes âgées ».

Elle entend « mesurer et améliorer les pratiques du secteur grâce à des indicateurs simples et accessibles à tous » : notamment la « qualité de soin et de vie » des résidents avec un « organisme extérieur spécialisé », la « qualité de vie au travail » des personnels et une « analyse annuelle des risques de maltraitance » effectuée par un organisme externe. Les premiers chiffres seront publiés début 2024 et communiqués au moins une fois par an.