Orpea capitule. Alors qu'il avait été mis en demeure fin juillet par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) de rembourser 55,8 millions d'euros à l'État, le groupe avait annoncé fin août qu'il rembourserait seulement une partie de la somme réclamée, soit 25,7 millions d'euros. Marche arrière trois mois plus tard.
« Soucieux de tourner la page des errements du passé et de reprendre une pleine coopération avec les autorités, Orpea a décidé de rembourser l'intégralité du montant dû à la CNSA », a indiqué l'entreprise dans un communiqué publié ce mardi 22 novembre.
Pour rappel, le groupe de maisons de retraite privées se trouve dans la tourmente depuis la publication en janvier du livre-enquête "Les Fossoyeurs", qui dénonçait une maltraitance des résidents, des manquements dans la gestion du personnel et un usage abusif des fonds publics. Orpea fait d'ailleurs l'objet d'une enquête pour maltraitance institutionnelle et infractions financières et connaît de sérieuses difficultés financières.
Régler le problème des "faisant fonction"
Dans le détail, les 25,7 millions d'euros qu'Orpea acceptait de rembourser correspondent aux remises de fin d'années octroyées par ses fournisseurs pour des achats qui avaient été financés par la Sécurité sociale. Ainsi qu'au montant de deux impôts et à des frais d'assurance que le groupe avait intégrés dans ses calculs pour demander des subventions publiques.
Les 30,1 millions d'euros restants qu'Orpea contestait jusqu'à présent correspondent, eux, à la rémunération de certains salariés du groupe qui « faisaient fonction » d'aide-soignants sans en avoir la qualification. La CNSA considère que ces salaires ne peuvent pas être pris en charge par les pouvoirs publics puisque les personnes concernées ne sont pas des aide-soignants.
L'entreprise, de son côté, soutenait jusqu'à maintenant qu'il n'y avait pas d'autre solution que d'embaucher des personnes non diplômées, « dans un contexte général de pénurie de soignants ». Et qu'il était donc légitime que leurs salaires soient financés par la sécurité sociale, d'autant qu'il s'agit selon elle « d'une pratique généralisée dans les Ehpad privés et publics ».
La nouvelle direction d'Orpea a finalement décidé de céder sur ce deuxième point, tout en annonçant vouloir « mettre en œuvre des solutions pour répondre durablement à la problématique des auxiliaires de vie "faisant fonction" d'aide-soignants ».
Orpea compte par ailleurs former 1.000 apprentis en alternance en 2024, contre 200 cette année et va « accompagner et prendre en charge la formation » de ses "faisant fonction" actuels, pour qu'ils deviennent aide-soignants via l'apprentissage ou la validation des acquis de l'expérience (VAE), a détaillé la direction.
Embauches et augmentation de salaires
Depuis septembre, Orpea est parvenue à embaucher chaque mois 800 personnes en CDI, soit bien plus que les 550 espérés, ajoute-t-elle dans le communiqué. Des chiffres déjà annoncés mi-novembre par le nouveau directeur général du groupe Laurent Guillot. « On arrive à recruter car ce sont des métiers qui ont du sens », avait-il déclaré sur BFM Business. L'entreprise compte 71.000 salariés, dont 26.000 en France.
Laurent Guillot avait alors également annoncé des revalorisations de salaires à venir pour ses salariés. « En quatre mois avec la nouvelle équipe, nous avons déjà un premier accord avec le personnel », s'est-il félicité. « Évidemment je ne vais pas vous dire aujourd'hui quelle va être l'augmentation mais ça fait partie des mesures qu'on va faire », avait-il souligné.
(Avec AFP)