Ehpad : étranglé par ses dettes, Orpea se place sous protection judiciaire et rechute en Bourse

Le groupe d'Ehpad privés Orpea a ouvert une nouvelle procédure amiable de conciliation devant le tribunal de commerce de Nanterre afin de renégocier sa dette avec ses créanciers. Au-delà des ennuis financiers d'Orpea, c'est tout un secteur qui est aujourd'hui placé sous surveillance. Son action a chuté de 40% à l'ouverture de la Bourse de Paris ce mercredi matin.
Orpea doit renégocier sa dette pour « protéger ses salariés et résidents ».
Orpea doit renégocier sa dette pour « protéger ses salariés et résidents ». (Crédits : STEPHANE MAHE)

Le groupe d'Ehpad privés Orpea, dépassé par son endettement, a été contraint d'ouvrir une nouvelle procédure amiable de conciliation devant le tribunal de commerce de Nanterre. Son cours de Bourse a encore chuté de 40% à l'ouverture ce mercredi, alors que sa capitalisation a perdu 90% de sa valeur depuis janvier.

« L'entreprise est trop endettée en raison du développement international et immobilier mené à un rythme effréné, à l'initiative de l'ancienne direction générale », a expliqué à l'AFP son nouveau directeur général, Laurent Guillot. « Cette procédure de conciliation amiable nous permet de renégocier avec les acteurs financiers la situation de notre endettement et en même temps de protéger nos salariés et résidents. »

Orpea avait déjà réalisé cette année une procédure de conciliation amiable qui lui avait permis d'aboutir à un accord avec ses banques pour assurer son financement. Mais le groupe risque de ne plus être en mesure de s'y conformer en raison de différents facteurs, comme l'inflation. L'objectif envisagé serait de « convertir une partie de la dette d'Orpea en capital et de lever à nouveau de l'argent en dette et en capital auprès des investisseurs », affine le dirigeant. Orpea anticipe également de nouvelles dépréciations d'actifs, estimées entre 2,1 et 2,5 milliards d'euros. « La situation a en outre été fortement affectée par les malversations et les manquements éthiques de la direction précédente », a affirmé Laurent Guillot.

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Une plainte qui vise l'ancien mandateur social, Yves Le Masne

Le groupe a ainsi décidé de compléter la plainte contre X déjà déposée auprès de la justice, en visant cette fois explicitement l'ancien mandataire social, Yves Le Masne. « Je n'imagine pas un seul instant qu'Yves le Masne ne mesurait pas toute la responsabilité qui était la sienne », enfonce son successeur.

La justice a ouvert en avril une enquête préliminaire pour maltraitance institutionnelle et infractions financières, à la suite d'un signalement par le gouvernement. Le groupe dit avoir pris de premières mesures pour modifier ses pratiques et prévoit de détailler le 15 novembre son plan de transformation sur trois ans.

Depuis le scandale, son titre a connu une chute vertigineuse à la Bourse de Paris. L'action, dont le cours a été suspendu lundi, s'affichait à 14,74 euros vendredi à la clôture de la séance, soit une baisse de 83% depuis le début de l'année. La cotation reprendra ce mercredi à l'ouverture des marché.

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 Un secteur sous surveillance

Depuis la parution du livre-enquête « Les Fossoyeurs »,  qui a mis au grand jour les méthodes dénuées de scrupules du management d'Orpea, c'est tout un secteur qui est sous surveillance. Les contrôles menés dans près de 600 établissements « ont donné lieu à plus de 1.000 recommandations, 642 prescriptions, 193 injonctions et trois saisines du procureur » a indiqué mardi devant l'Assemblée nationale le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe. En mars dernier, le gouvernement avait annoncé que les 7.500 maisons de retraite médicalisées - publiques, associatives ou privées à but lucratif - seraient toutes contrôlées d'ici deux ans, et contraintes à davantage de transparence quant à leurs prestations et leur utilisation des fonds publics.

Le député Insoumis François Ruffin a mis en doute, face au ministre, la capacité de mener correctement les contrôles. « Je n'ai pas vu les lignes budgétaires qui nous disent combien de contrôleurs vous comptez embaucher », a-t-il ironisé, déplorant un refus selon lui d'encadrer le secteur « de manière sérieuse ». Le député communiste Pierre Dharréville a comme lui plaidé pour « poser la question de l'interdiction des établissements à but lucratif ».

(Avec AFP)

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Commentaires 10
à écrit le 26/10/2022 à 14:48
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Maintenant que les actionnaires se sont suffisamment gavés avec les "faiseurs de mort", que les banques également en ayant tritrisé des vhc financiers pour investir dans les "Ehpad", ils peuvent à présent laisser filer le radeau de la Méduse.

à écrit le 26/10/2022 à 13:19
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"étranglé par ses dettes" Souvenir : En tant que directeur général de Orpéa, Yves Le Masne a touché une rémunération globale de 1 258 000 € en 2016. Yves Le Masne figure à la 90 e position du classement des patrons les mieux payés en 2016 sur un ...

à écrit le 26/10/2022 à 10:48
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Un désastre: qui va investir dans des structures nécessaires pour nos personnes âgées dépendantes? Ou comment à supposer que les motivations de l’auteur de ce livre étaient louables, on se retrouve avec des effets extrêmement dommageables...

le 26/10/2022 à 12:34
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"trop endettée en raison du développement international et immobilier mené à un rythme effréné" les yeux plus grand que la porte-monnaie ? N'est-ce pas lié à cette entreprise et ses anciens dirigeants, les ennuis en cours ? Ah oui, sans le livre, ça ...

le 26/10/2022 à 13:27
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c'est au dirigeants actuel et passe de remplir la caisse ils ce sont goinfrer trop longtemps ou ils vendent y compris les bien personnel des ex dririgeants et actuel

le 26/10/2022 à 14:53
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Vous avez une étonnante conception à inverser les responsabilités et causes de ces mouroirs à fric. Voilà ce qu'il arrive quand les tâches régaliennes sont transférées au secteur privé qui, lui, "n'a qu'une responsabilité sociale, celle de faire de l...

à écrit le 26/10/2022 à 10:01
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quand ca fera faillite, ou iront les petits vieux

le 26/10/2022 à 14:23
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la nature a horreur du vide, les infrastructures seront reprises une fois orpea en faillite.les perdants seront les banques et les actionnaires

le 26/10/2022 à 15:00
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Chez ceux qui ont contribué habilement à piller nos économies réelles post 1970 - en vhc une idéologie mainstream - c'est-à-dire à partir des années 80 avec l'émergence de la financiarisation débridée de tous nos pans de sociétés.

le 26/10/2022 à 20:09
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Ce sont surtout des vieilles négligées par leurs héritiers qui appelleront à l'aide publique pour maximiser leur succession...

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