Réforme des retraites, pass sanitaire... les réactions aux annonces d'Emmanuel Macron

Par latribune.fr  |   |  943  mots
"Emmanuel Macron dessine une société du contrôle et de la discrimination généralisés", a accusé Eric Coquerel, député LFI. (Crédits : JAVIER BARBANCHO)
Sur le plan économique, deux annonces du chef de l'Etat lundi auront des conséquences majeures. D'abord, sur la réforme des retraites sur laquelle l'Élysée préfère finalement temporiser. Ensuite, la généralisation du pass sanitaire, que certains voient comme le seul moyen "d'éviter un quatrième confinement", fait débat.

Les annonces sur la réforme des retraites et sur la vaccination obligatoire pour les soignants ont suscité de nombreuses réactions, suite à l'intervention d'Emmanuel Macron lundi soir. Le chef de l'Etat a déclaré que la refonte du système des retraites, l'une des promesses phares de sa campagne de 2017, devrait être relancée mais uniquement lorsque les conditions sanitaires seraient réunies.

Aussi, pour le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, la réforme a été "clairement renvoyée" après l'élection présidentielle du printemps 2022.

"C'est une position de sagesse", a-t-il commenté sur France 2. "On va pouvoir dire ce qu'on pense à l'ensemble des candidats potentiels. Il n'y a aucune voie de passage à l'automne pour une réforme sur les retraites."

Le secrétaire général de la CFDT a également réitéré son opposition à la réforme de l'assurance-chômage, que le président de la République a promis de mettre en oeuvre le 1er octobre.

"Je rappelle que le Conseil d'Etat doit encore se prononcer au fond de cette réforme pour voir si elle est conforme", a dit Laurent Berger, en dénonçant un texte "injuste" et "un petit brin de populisme" dans les propos du président de la République au sujet des chômeurs.

La cheffe de file des socialistes à l'Assemblée rejette également le projet. Sur l'économie le président "affirme une ligne très à droite, injuste, qui va abîmer la reprise : non au retour de la réforme de l'assurance chômage, non à une réforme des retraites", a écrit Valérie Rabault, députés PS sur Twitter.

La vaccination obligatoire pour les soignants

Concernant l'obligation pour 75 professions de santé de se faire vacciner, les avis sont plus tranchés.

"Il faut d'abord convaincre avant d'obliger. Dans les propos du président de la République il y a des choses qui nous inquiètent, par exemple les menaces de sanctions. C'est scandaleux de culpabiliser les personnels soignants après tout ce qu'ils ont donné l'année dernière", a dénoncé Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT sur LCI.

La CGT a "fait des propositions au président de la République, par exemple d'accorder une demi-journée aux personnels pour aller se faire vacciner, de rapprocher les lieux de vaccination des lieux de travail. Ce sont des choses qu'on aurait pu anticiper".

De son côté, le Medef est plus clément. "Je crois qu'on n'avait pas le choix vu ce qu'il se passe sur le front clinique et aussi dans d'autres pays comme l'Angleterre avec la montrée en puissance du variant Delta. Il fallait prendre des décisions, le président de la République les a prises," a indiqué Geoffroy Roux de Bézieux, président de l'organisation patronale sur LCI.

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Eviter un 4ème confinement à tout prix

Mais au sujet de rendre obligatoire le pass sanitaire dans les lieux publics, la mise en application réelle reste floue : "le pass sanitaire pour les lieux qui accueillent du public, y compris les salariés, on y est aussi favorable. Il faudra regarder dans le détail comment on fait dans les restaurants, dans les bars car c'est un peu plus compliqué", a observé Geoffroy Roux de Bézieux.

"Il faut prendre une décision maintenant pour préserver l'économie, la liberté des Français, sinon on part vers un 4e confinement, je crois que personne ne supporterait."

Le Medef est "évidemment favorable" à ce que les salariés se fassent vacciner sur le temps de travail, à condition que cela ne prenne "pas une demi-journée".

Le Synerpa (fédération d'Ehpad privés) "accueille avec satisfaction la décision du Président de la République". "L'obligation vaccinale s'imposait aujourd'hui pour ne pas perdre le fruit de tous nos efforts des derniers mois et continuer à protéger les plus fragiles contre le virus du Covid-19 et ses variants", déclare dans un communiqué sa présidente Florence Arnaiz-Maumé.

Enfin, la Fédération hospitalière de France (FHF) "salue les décisions courageuses du gouvernement", citant "obligation vaccinale, pass sanitaire élargi et fin de la gratuité des tests "de confort". "Nous l'appelions de nos vœux depuis plusieurs semaines", indique son président Frédéric Valletoux dans un communiqué. "Il ne s'agit pas ici de nous priver de nos libertés, mais au contraire de la retrouver".

« Une société de contrôle »

Enfin, dans l'opposition, la généralisation du pass sanitaire ne passe pas.

"Imposer le pass sanitaire, c'est en réalité déjà rendre la vaccination obligatoire. Se faire vacciner, ou non, doit rester un choix personnel. Les Français en ont assez des injonctions, des restrictions, des obligations. La liberté doit primer !" a dénoncé Nicolas Bay, eurodéputé RN sur Twitter.

"En rendant obligatoire le vaccin pour les soignants puis le pays sous forme de généralisation progressive du pass sanitaire, Emmanuel Macron dessine une société du contrôle et de la discrimination généralisés", a accusé Eric Coquerel, député LFI, sur le réseau également.

"Le président de la République acte d'une certaine manière la vaccination obligatoire, seule solution pour se débarrasser définitivement du Covid-19", résume encore Hervé Morin, président Les Centristes de la Normandie sur le réseau de mircroblogging.

(Avec AFP et Reuters)

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