Retraites : 7 Français sur 10 estiment que les protestations vont se poursuivre

Par Grégoire Normand  |   |  1055  mots
(Crédits : Gonzalo Fuentes)
70% des Français interrogés par BVA pour La Tribune, RTL et Orange jugent que les mouvements de contestation contre la réforme des retraites vont se poursuivre. Ils ne sont que 29% à penser que les foyers de protestation vont s'arrêter.

Le conflit pourrait s'inscrire dans la durée. Selon le dernier baromètre BVA pour La Tribune, RTL et Orange, 70% des Français pensent que le mouvement de protestation va se poursuivre contre la réforme des retraites. À l'opposé, ils sont 29% à penser que cette dynamique va s'arrêter. Alors que l'exécutif doit présenter le projet de loi sur la réforme des retraites ce vendredi à l'issue du conseil des ministres, les Français ne semblent pas convaincus par les concessions et les méthodes présentées par Edouard Philippe.

Si la grève dans les transports a clairement marqué le pas, les modes d'action ont changé de nature. Toute la semaine, des opérations souvent spectaculaires ont été menées par les avocats, les professions médicales, les enseignants mais aussi dans les ports ou les gares. Les foyers de contestation continuent à attiser la défiance après sept semaines de mobilisation et plus de 40 jours de grève.

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Les professions intermédiaires convaincues

Les résultats communiqués par BVA mettent en exergue certaines disparités. Ainsi, 76% des professions intermédiaires sont convaincues que les contestations devraient continuer dans les semaines à venir. Ils sont 72% chez les employés et ouvriers, 70% chez les cadres. Le score le plus faible (66%) apparaît chez les retraités.

L'âge peut également avoir une influence sur les résultats. Ils sont 74% chez les 50-64 ans à juger que le mouvement de protestation va se poursuivre, 71% chez les 35-49 ans et 70% chez les moins de 35 ans. Le niveau le plus bas est une nouvelle fois atteint chez les plus de 65 ans, une catégorie qui n'est pas concernée par le projet de l'exécutif.

Sur le plan politique, la détermination est particulièrement marquée chez les sympathisants d'Europe-Ecologie-Les Verts (80%). Arrivent ensuite les proches de la France insoumise (76%), le Rassemblement national (73%). À la République en Marche, ils sont 45% à répondre que le mouvement va s'interrompre et 54% à penser qu'il va se prolonger.

Les Français sévères avec les réformes économiques de Macron

En dépit des efforts de communication menés par le gouvernement pour vanter son bilan économique et l'attractivité de l'économie tricolore ces dernières semaines, les Français sont peu convaincus par les réformes menées. 45% des répondants estiment que depuis 2017, les mesures économiques du quadragénaire ont détérioré la situation de la France. A l'opposé, 24% jugent que toutes ces transformations ont permis d'améliorer le sort de l'économie hexagonale. Enfin, 30% ne voient aucun impact. Les déceptions sont très marquées chez les moins de 35 ans (51% pensent que la situation s'est dégradée), les employés et ouvriers (57%), les proches de la France insoumise (78%) et ceux du Rassemblement national (75%).

Sans surprise, 79% des proches du parti majoritaire affirment que la situation s'est améliorée. Chez les autres forces politiques, les résultats sont beaucoup plus négatifs. 30% des sympathisants Les Républicains (LR) déclarent que la situation s'est embellie contre 23% au Partis socialiste, 12% chez Europe-Ecologie-Les Verts, 6% au Rassemblement national et 3% à la France insoumise.

La popularité du couple de l'exécutif en déclin

La popularité d'Emmanuel Macron perd du terrain au mois de janvier. La proportion de réponses favorables est passée de 34% en décembre à 33% en janvier. La part des Français ayant une réponse négative est restée stable sur la même période à 66%. Pour Edouard Philippe, les résultats collectés par l'organisme de sondage sont plus mauvais. Le Premier ministre perd trois points entre décembre et janvier passant de 40% à 37% d'opinions positives. A l'inverse, le pourcentage de réponses favorables est passé de 59% à 62%.

Edouard Philippe en première ligne

La popularité d'Edouard Philippe connaît une évolution plus critique que celle du chef de l'Etat. Le Premier ministre, qui est souvent monté en première ligne pour défendre ces  mesures explosives, a retrouvé un niveau (62%) d'opinions défavorables qu'il n'avait pas connu depuis août dernier. Après septembre, la courbe de réponses défavorables s'était même stabilisée autour de 58%.

Après avoir connu un point bas (30%) en fin d'année 2018 au moment de la crise des "gilets jaunes", la courbe des opinions favorables pour le Premier ministre n'a cessé de se redresser avant de décliner à nouveau à partir de décembre. Au final, l'écart entre les deux courbes de popularité entre Edouard Philippe et Emmanuel Macron se resserre (4 points en janvier contre 6 points en décembre).

En perte de vitesse à droite

Sur le front politique, le chef de l'Etat perd du terrain chez les sympathisants de la gauche hors parti socialiste avec seulement 18% en janvier contre 25% en décembre (-7 points). Il est également en perte de vitesse chez les Républicains avec 4 points en moins de réponses positives. Le ratio de réponses positives atteint 40% en décembre. Sans surprise, c'est chez les sympathisants du Rassemblement national que l'ancien ministre de l'Economie enregistre son score le plus bas (10% d'opinions positives, stable.

Chez le locataire de Matignon, les évolutions les plus préoccupantes concernent les sympathisants de la gauche hors Parti socialiste (-9 points, à 26%) et les sympathisants Les Républicains (-10 points à 44%). En revanche, le socle de sympathisants à la République en marche pour le couple de l'exécutif est toujours aussi solide autour de 95%.

"Il bénéficie en revanche d'un léger surcroît de bonnes opinions chez les sympathisants LREM (93%; +5), certains étant probablement soulagés qu'il fasse un pas vers la CFDT, mais cette population lui est déjà largement acquise, à l'inverse des sympathisants LR qui « l'attendent au tournant"expliquent les auteurs du baromètre.

(*) Méthode : Enquête réalisée auprès d'un échantillon de Français interrogés par Internet du 22 au 23 janvier 2020. Elle s'appuie sur un échantillon de 1.005 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l'échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, profession de la personne de référence du ménage et de la personne interrogée, région et catégorie d'agglomération.