Retraites : la réforme en conseil des ministres, les opposants de nouveau dans la rue

Par AFP  |   |  746  mots
(Crédits : POOL)
Objet d'un conflit social exceptionnellement long, la réforme des retraites promise par Emmanuel Macron est présentée en conseil des ministres vendredi, jour choisi par ses opposants pour une 7e journée de manifestations, alors qu'une 8e est déjà annoncée pour le 29 janvier.

Au 51e jour du mouvement entamé le 5 décembre, "la mobilisation est toujours importante, on va le voir aujourd'hui", a assuré Philippe Martinez sur France 2. Pour le secrétaire général de la CGT, "le gouvernement joue l'entêtement, il faut continuer à faire pression sur lui". Une nouvelle journée interprofessionnelle a été décidée pour le 29 janvier après une réunion ce vendredi matin, au cours de laquelle la CFE-CGC, qui souhaitait faire une "pause", a annoncé son retrait de l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU et organisations de jeunesse). Des actions sont proposées également les 30 et 31.

La Tour Eiffel restera fermée toute la journée en raison de la participation d'une partie de son personnel à la grève et dans les transports, après un quasi-retour à la normale ces derniers jours, le trafic est de nouveau perturbé. Du côté de la SNCF, le trafic est quasi-normal sur les TGV et l'international, 70% des TER/Intercités et 60% des Transiliens circulent.

70% des Français favorable à la poursuite du mouvement

Le réseau RATP est lui moins fluide avec seulement trois lignes de métro qui fonctionnent normalement. "Ça commence à être épuisant, je pense que cette grève a assez duré, ça perturbe trop le quotidien des gens", pestait Aurélie Hetru, une responsable qualité de 32 ans, rencontrée à la gare de Lille. "Je crois que les Francais en ont soupé de cette grève", a déclaré sur BFMTV le secrétaire d'État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari. Le soutien à la mobilisation reste toutefois majoritaire : 70% des Français estiment que le mouvement de protestation doit se poursuivre, selon un sondage BVA publié ce vendredi.

La journée sera rythmée par de nombreuses manifestations. Dans la capitale, le cortège doit s'élancer à 11h de la place de la République vers celle de la Concorde, où sa dispersion n'est pas prévue avant 19h. Anticipant de possibles "violences et dégradations", le préfet de police Didier Lallement a fait savoir qu'il "mobiliserait des moyens humains et matériels significatifs", tout en appelant "à la responsabilité de chacun".

"Il faut cesser de stigmatiser le droit de manifester", a réagi Yves Veyrier, le leader de Force ouvrière, pour qui les dernières manifestations se sont déroulées "dans le calme absolu". La tension est cependant montée d'un cran cette semaine, avec des coupures d'électricité revendiquées par la CGT-Energie, dont des militants ont été brièvement placés en garde à vue. Le gouvernement a aussitôt réclamé des sanctions, M. Martinez l'accusant de "jeter de l'huile sur le feu".

De nombreuses opérations

La CGT a cherché à entretenir la flamme par tous les moyens : opération "ports morts" depuis mercredi, mise à l'arrêt du barrage hydroélectrique de Grand'Maison (Isère) - le plus puissant du pays - et des trois incinérateurs d'Ile-de-France... Jeudi soir, des retraites aux flambeaux ont eu lieu dans plusieurs villes, regroupant des centaines de personnes à Dijon, Lyon ou Strasbourg, plus d'un millier à Lille ou Nantes et quelques milliers à Paris.

Pas assez pour faire vaciller l'exécutif. Sitôt adoptés en Conseil des ministres, les deux projets de loi - l'un organique, l'autre ordinaire - visant à créer un "système universel" de retraite par points seront transmis à l'Assemblée nationale pour un débat en séance publique à partir du 17 février en vue d'un premier vote début mars. En parallèle, les discussions se poursuivent entre gouvernement, syndicats et patronat sur des points-clés comme la pénibilité, le minimum de pension, les fins de carrière et l'emploi des seniors.

Autant de sujets qui rendent incertain le coût final de la réforme, dont "l'équilibre d'ici 2027" est renvoyé à une "conférence des financeurs", qui sera lancée le 30 janvier et doit proposer une solution avant fin avril. "Il faut qu'on mette tout sur la table en termes de besoins de financement. Aujourd'hui ce n'est pas clair encore", a estimé Laurent Berger sur Europe 1. "S'il n'y a pas d'avancée, on va rester sur cette situation extrêmement explosive", a ajouté le secrétaire général de la CFDT. Le Premier ministre Edouard Philippe assure avoir "bon espoir" que la conférence de financement "permette de déboucher sur quelque chose d'intelligent et de responsable". Pour l'heure, la CGT et FO n'ont pas indiqué si elles y participeront. La CGT en décidera lundi.