Retraites  : qui sont les députés du groupe Liot, prêts à faire tomber le gouvernement ?

Par latribune.fr  |   |  716  mots
L'absence de couleur politique marquée du groupe Liot doit permettre à tous les autres opposants de se rallier à la motion de censure « transpartisane ». (Crédits : @Liot)
Les projecteurs sont braqués sur Liot, un groupe de vingt députés venus de tous horizons, premier signataire d'une motion de censure « transpartisane ». Elle a été déposée ce vendredi contre le gouvernement en riposte au 49.3 dégainé jeudi pour permettre l'adoption de la réforme des retraites.

C'est le plus petit des dix groupes politiques à l'Assemblée nationale, et il réussit à faire trembler le gouvernement avec le dépôt annoncé ce vendredi d'une motion de censure transpartisane. Les vingt députés qui le composent sont réunis sous la bannière à rallonge du groupe « Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires » (Liot).

« Le vote de cette motion permettra de sortir par le haut d'une crise politique profonde », a déclaré devant la presse le chef de file du groupe, Bertand Pancher, regrettant que « les collègues de LR ne soient pas signataires ».

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Le groupe Liot rassemble des élus centristes, d'Outre-mer, des nationalistes corses et depuis septembre, quatre dissidents PS mécontents de l'alliance de leur parti avec les Insoumis. Pour rappel, les motions de censure devaient être déposées moins de vingt-quatre heures après le déclenchement de l'article 49.3, soit avant vendredi en milieu d'après-midi. Puis il faudra attendre au minimum quarante-huit heures pour qu'elles soient débattues.

« Clairement dans l'opposition »

« Nous sommes des députés indépendants qui travaillons hors clivages politiques », a résumé ce vendredi leur chef de file, le député de la Meuse, Betrand Pancher. Issu du Parti radical, il se revendique d'un humanisme « par le dialogue, par les territoires et une nouvelle forme de démocratie » moins verticale.

« Clairement dans l'opposition », le groupe Liot n'était pour autant pas hostile à nouer des accords avec le camp présidentiel « sur des grands projets politiques, puisqu'il n'y avait pas de majorité » à l'Assemblée nationale.

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Emmanuel Macron l'avait même cité parmi ceux, avec le groupe Les Républicains (LR), avec qui il souhaitait pouvoir nouer une « alliance » pour permettre à certains textes d'être adoptés au Palais-Bourbon.

Liot propulsé en meneur de fronde

Mais la méthode de l'exécutif pour mener sa réforme des retraites a provoqué une cassure. De facto, Liot se retrouve propulsé en meneur de la fronde contre le gouvernement après le déclenchement jeudi du 49.3 par la Première ministre Elisabeth Borne. « Nous avons une capacité à rassembler le plus grand nombre », souligne Bertrand Pancher.

L'absence de couleur politique marquée du groupe doit permettre à tous les autres opposants de se rallier à la motion de censure « transpartisane ».

Liot ne disposant pas d'un nombre de députés suffisants pour la déposer seul, les quatre groupes de l'alliance de gauche Nupes avaient déjà annoncé leur intention d'apporter leur renfort pour atteindre la soixantaine de signatures requises.

Le RN votera la motion de Liot

Marine Le Pen (RN) a aussi annoncé qu'elle déposerait une motion de censure.

« Nous espérons que ceux qui s'apprêtaient à voter contre cette réforme des retraites voteront cette motion de censure. En ce qui nous concerne, nous déposerons une motion et nous voterons l'intégralité des motions de censure qui seront déposées », dont celle du groupe Liot.

Selon elle, Elisabeth Borne « ne peut pas rester » à Matignon. « Il faut qu'elle parte. Le fait de rester serait considéré comme une gifle supplémentaire à l'égard du peuple français », a ajouté Marine Le Pen, en considérant que la situation était celle d'une « crise politique ».

Nouvelle manifestation prévue le 23 mars

Une motion de censure devra recueillir une majorité absolue à l'Assemblée nationale, soit 287 voix. Ce qui nécessiterait qu'autour d'une trentaine de députés LR (sur 61) apportent les leurs lors du vote.

Après les rassemblements émaillés de tensions de plusieurs milliers de manifestants jeudi soir, la CGT a perturbé ce vendredi pendant environ une demi-heure la circulation sur le périphérique parisien. Elle a également annoncé la mise en arrêt de la raffinerie TotalEnergies de Normandie dès ce weekend.

L'intersyndicale a appelé à « des rassemblements locaux de proximité » ce weekend, ainsi qu'à une neuvième journée de grèves et de manifestations le jeudi 23 mars. Elle a dénoncé un passage « en force » et dit mesurer « avec gravité la responsabilité que porte l'exécutif dans la crise sociale et politique qui découle de cette décision, véritable déni de démocratie ».

(Avec AFP)