Retraites, santé : vers un automne sous hautes tensions pour une majorité de Français

Par Grégoire Normand  |   |  1086  mots
(Crédits : Reuters)
[SONDAGE] Urgences dans les hôpitaux, retraites, finances publiques.... les appels à la contestation se multiplient ces derniers jours. D'après le dernier baromètre BVA réalisé pour La Tribune, 87% des Français approuvent le mouvement de grève des urgences. Pour tenter d'éteindre la colère du personnel hospitalier, la ministre de la Santé Agnès Buzyn vient d'annoncer plus de 750 millions d'euros supplémentaires pour les urgences d'ici la fin du quinquennat mais les foyers de contestation sont bien présents.

L'automne s'annonce tendu pour le gouvernement. Selon le dernier baromètre BVA (*), 87% des Français approuvent le mouvement de grève des urgences qui dure depuis plusieurs mois. Empêtrés dans des difficultés sans précédent, les services hospitaliers doivent faire face à un afflux grandissant de patients depuis des années. Pour exprimer leur désarroi, plusieurs dizaines d'hôpitaux se mobilisent pour réclamer plus de moyens. Plusieurs syndicats ont prévu de se rassembler ce mercredi 11 septembre pour organiser une journée nationale d'action élargie dans les hôpitaux publics et privés.

Face à cette situation critique, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a présenté ce lundi après-midi un "plan d'actions" avec un "budget dédié" pour "régler sur le long terme" la crise des urgences plongées depuis des mois dans les grèves à répétition. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a ainsi promis de consacrer "plus de 750 millions d'euros" entre 2019 et 2022 pour la "refondation des services d'urgences".

"Professionnels de santé, patients : chacun doit pouvoir trouver sa place dans un système de santé d'avenir, car chacun détient sa part de solutions - c'est le but du plan d'actions pour les urgences", a expliqué ce lundi 9 septembre la ministre des Solidarités Agnès Buzyn. Crédits : Reuters.

Six Français sur dix soutiennent le mouvement des retraites

L'autre dossier explosif qui attend l'exécutif est celui des retraites. Plusieurs organisations syndicales dont Solidaires et la CGT ont décidé de s'associer à l'appel interprofessionnel national à la grève et à des manifestations le 24 septembre contre la réforme du gouvernement. SUD-Rail, le troisième syndicat de la SNCF, avait annoncé dès mi-août qu'il appelait à faire grève et à manifester contre cette future réforme avec la CGT. Force ouvrière, également opposée à ce projet, prévoit de crier son opposition seule, lors d'un rassemblement le 21 septembre à Paris. Selon les résultats communiqués par l'organisme de sondages, 62% des Français soutiennent ces initiatives.

Dans le détail, ils sont 72% à se dire favorables chez les 50-64 ans contre 49% chez les 65 ans et plus. Chez les moins de 35 ans, 63% affirment être solidaires de ces mouvements de protestation. Au niveau géographique, ce sont surtout les habitants des communes rurales et ceux des villes de moins de 20.000 habitants qui approuvent ces mobilisations. Sans surprise, les partisans de la République en marche (33%) et ceux des Républicains (50%) se montrent les plus réfractaires à ces débrayages.

A l'opposé, les proches de la France insoumise (94%), du Parti socialiste (77%) du Rassemblement national (75%) sont les plus favorables à cet appel à la mobilisation prévue à la fin du mois de septembre. Le Premier ministre, Edouard Philippe, doit préciser cette semaine le calendrier et la méthode de la nouvelle concertation sur la réforme des retraites, après avoir reçu les responsables des syndicats et du patronat jeudi et vendredi sur le sujet.

> Lire aussi : Retraites : le gouvernement veut privilégier la concertation

La moitié des Français opposée à une poursuite du mouvement des "gilets jaunes"

Après un été plus apaisé, plusieurs collectifs de "gilets jaunes" ont, depuis la rentrée, multiplié les appels à se rassembler sur les ronds-points. Interrogés sur une possible montée en puissance du mouvement, 5 Français sur 10 ne souhaitent pas que la mobilisation des "gilets jaunes" se poursuive dans les prochaines semaines, dont 35% qui ne le souhaitent pas du tout. C'est notamment le cas des retraités (63%), des cadres (61%), des professions intermédiaires (58%), des sympathisants LREM (93%) et LR (73%).

A l'opposé, 39% font part de leur volonté de voir le mouvement se prolonger, notamment les employés et ouvriers (52%), les personnes vivant en zone rurale (47%) ainsi que les sympathisants LFI (80%) et RN (64%). "Là encore, on observe de nets clivages sociaux, géographiques et politiques sur ce sujet, signe que ce mouvement reste populaire auprès des catégories de population qui l'ont porté à l'origine", soulignent les auteurs du baromètre.

Toujours sur ce sujet, 4 Français sur 10 interrogés par l'institut de sondages indiquent que le mouvement va regagner en intensité. Dans le détail, ils sont 50% chez les 50-64 ans et seulement 28% chez les moins de 35 ans. Chez les indépendants et les chefs d'entreprise, ils sont 55% à affirmer que la contestation va prendre de l'ampleur. Ils ne sont que 32% à être du même avis chez les professions intermédiaires et 35% chez les cadres.

Sur le plan politique, 60% des proches de la France insoumise considèrent que les "gilets jaunes" vont monter en puissance. 54% des proches du Rassemblement national expriment la même opinion. Enfin, 30% des personnes questionnées pensent que la contestation va s'essouffler et 18% indiquent qu'elle devrait s'arrêter. Par ailleurs, une part non-négligeable semble s'interroger puisque 14% ont décidé de ne pas se prononcer.

Une politique économique encore critiquée

Par ailleurs, la politique économique du gouvernement est loin d'être approuvée par les Français. D'après les résultats collectés par l'organisme spécialisé dans les enquêtes d'opinion, 55% se montrent critiques à l'égard des réformes économiques menées par l'exécutif. En dépit de ce résultat défavorable, ils sont tout de même moins nombreux en proportion par rapport à juin dernier (7 points de moins) et surtout septembre 2018. Il y a un an, 67% des individus interrogés étaient défavorables aux mesures économiques de l'exécutif. Depuis le début de l'année, la courbe des Français ayant un avis négatif diminue progressivement.

Là encore, il existe des contrastes très marqués. Si 45% des cadres et 39% des retraités jugent la politique économique d'Emmanuel Macron comme favorable, ils ne sont que  27% chez les chefs d'entreprise et les indépendants et 25% chez les employés et les ouvriers. Les clivages géographiques sont également toujours visibles. Dans les communes rurales, ils ne sont que 26% à adhérer aux mesures du gouvernement et 60% les contestent. A l'inverse, ils sont 42% à exprimer un jugement positif et 46% la jugent mauvaise. Sur le plan politique, les perceptions sont également très clivées selon la proximité partisane. Ainsi, 87% des sympathisants de la République en marche jugent la politique économique du gouvernement avantageuse contre seulement 13% chez les proches du Rassemblement national.

(*) Méthode : Enquête réalisée auprès d'un échantillon de Français interrogés par Internet du 5 au 6 septembre 2019. L'échantillon de 1000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.