Simone Veil au Panthéon : Emmanuel Macron salue la "combattante de l'Europe"

Par latribune.fr  |   |  700  mots
Emmanuel Macron a rendu hommage à Simone Veil, entrée ce 1er juillet 2018 au Panthéon avec André Veil, son époux pendant 67 ans, décédé en 2013. (Crédits : POOL New)
Ce n’est pas seulement à la survivante de la Shoah ou à la ministre à l’origine de la loi pour la légalisation de l’avortement, mais aussi à « la combattante de l’Europe », que le président de la République a rendu hommage ce 1er juillet dans son discours saluant l’entrée de Simone Veil et de son époux Antoine au Panthéon, un an après le décès de celle qui fut pendant de très longues années la personnalité préférée des Français.

C'est un an après son décès, le 30 juin 2017 à l'âge de 89 ans, un délai extrêmement court par rapport aux 76 « grands hommes » (dont seulement quatre femmes) qui l'ont précédée dans la nécropole laïque, que Simone Veil est entrée ce 1erjuillet au Panthéon, accompagnée de la dépouille d'Antoine Veil, avec qui elle avait partagé 67 années de vie conjugale jusqu'à son décès en 2013. Elle y reposera notamment auprès de qatre grands personnages qui ont marqué l'histoire du vingtième siècle : René Cassin, principal artisan de la Déclaration universelle des droits de l'homme, prix Nobel de la paix ; le résistant Jean Moulin, le « Père de l'Europe »Jean Monnet et le ministre de la culture André Malraux.

Cette cérémonie, qui  a réuni de nombreux anonymes - parmi lesquels plusieurs femmes portant des t-shirts barrés d'un « Merci Simone » - ainsi qu'un millier d'invités, dont les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande représente pour l'exécutif une occasion de cultiver la mémoire de la déportation qui, plus de 70 ans après, risque de se dissoudre avec la disparition des derniers survivants.

Justice rendue aux générations de femmes qui ont fait la France

La décision prise par le chef de l'Etat avait été saluée quasi unanimement, les Français considérant Simone Veil comme « une figure de la République » qui transcende le clivage gauche-droite.

 « Nous avons voulu que Simone Veil entre au Panthéon sans attendre que passent les générations, comme nous en avions pris l'habitude, pour que ses combats, sa dignité, son espérance restent une boussole dans les temps troublés que nous traversons », a déclaré le Président de la République dans son discours.

Outre son action pour faire vivre la mémoire de la Shoah, Simone Veil, qui a été détenue à Birkenau-Auschwitz et a perdu ses parents et son frère dans les camps de concentration, a également marqué l'histoire du vingtième siècle par sa lutte pour faire adopter en 1974 la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), malgré l'opposition d'une grande partie de la droite, à laquelle appartenait pourtant la ministre de la santé de Valéry Giscard d'Estaing.

« Avec Simone VEIL entrent ici ces générations de femmes qui ont fait la France, sans que la nation leur offre la reconnaissance et la liberté qui leur était due, a salué Emmanuel Macron. Qu'aujourd'hui par elle, justice leur soit à toutes rendue. »

L'Europe, « notre » plus bel horizon

Mais c'est aussi « la combattante de l'Europe »et première présidente du Parlement européen en 1979 à laquelle le chef de l'Etat, fervent défenseur d'une l'Europe plus fragilisée que jamais, a rendu hommage. « Il y a un certain paradoxe, sinon une ironie, à accueillir (au Panthéon) une grande combattante de l'Europe à un moment où ce qu'elle a contribué à construire vacille sous nos yeux », notamment avec le Brexit et les tensions sur l'accueil des migrants, avait souligné l'Elysée la veille de la cérémonie.

« Comme Jean Monnet, Simone Veil s'est battue pour la paix et, donc, pour l'Europe », a rappelé Emmanuel Macron devant le Panthéon.

 « Comme parlementaire, comme présidente du Parlement européen, comme citoyenne engagée, elle ne cessa d'en raviver la flamme originelle et d'en incarner l'esprit fondateur. »

« Nous devons à Simone Veil de ne pas laisser les doutes et les crises qui frappent l'Europe atténuer la victoire éclatante que depuis 70 ans, nous avons remportée sur les déchirements et les errances des siècles passés, a-t-il ajouté.  Rien ne serait pire que renoncer à l'espoir qui a fait naître l'Europe des ruines où elle s'était ensevelie et où elle aurait pu périr, a mis en garde le Président, avant de conclure :

« Nous sommes aujourd'hui les dépositaires de ce défi aux vieilles nations qu'elle ne cessa de vivifier. Ce défi est le nôtre, celui de la jeunesse de France et d'Europe, alors que les vents mauvais à nouveau se lèvent. Il est notre plus bel horizon. »