SNCF : l'Intersyndicale appelle à faire grève 2 jours sur 5 à compter du 3 avril

Par latribune.fr  |   |  984  mots
(Crédits : Vincent Kessler)
L'intersyndicale CFT-Unsa-Sud-CFDT de la SNCF a annoncé jeudi une grève sur le rythme de "deux jours sur cinq", à partir du mardi 3 avril et jusqu'au jeudi 28 juin, pour protester contre la réforme en cours de l'entreprise.

>> Article mis en ligne le 15/03/2018 à 19h58 | Mise à jour 20h42

L'intersyndicale CGT-Unsa-Sud-CFDT de la SNCF a annoncé jeudi une grève sur le rythme de "deux jours sur cinq", à partir du mardi 3 avril et jusqu'au jeudi 28 juin, pour protester contre la réforme en cours de l'entreprise. Au total, l'intersyndicale CGT-Unsa-Sud-rail-CFDT Cheminots a prévu 36 jours de grève sur trois mois, comprenant les vacances de printemps des trois zones et l'ensemble des ponts du mois de mai.

"L'intersyndicale constate que le gouvernement n'a aucune volonté de négocier" et "prend la responsabilité (d'un) conflit intensif sur une très longue durée", a déclaré Laurent Brun de la CGT Cheminots, à l'issue d'une intersyndicale, après la présentation en conseil des ministres d'un projet de loi d'habilitation permettant le recours à des ordonnances pour réformer le secteur ferroviaire. L'intersyndicale s'est donnée rendez-vous à nouveau mercredi prochain pour décider des détails de ce mouvement de grève.

Une protestation "un peu décalée" pour Pepy

Le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, a jugé jeudi que la grève décidée par l'intersyndicale de la SNCF pour protester contre la réforme de l'entreprise était "un peu décalée par rapport à la concertation qui est engagée".

"C'est d'abord une mauvaise nouvelle, une mauvaise chose pour les 4 millions et demi de Français qui prennent le train tous les jours", a-t-il ajouté à TF1, en s'engageant à publier chaque jour à 17h la liste des trains qui circuleront le lendemain. Il a également promis de mettre en place des solutions d'acheminement des voyageurs en s'appuyant sur le co-voiturage, en mobilisant des bus, des cars, des VTC.

"On sera complètement mobilisés", a-t-il assuré en appelant à une poursuite des discussions entre gouvernement et syndicats car selon lui, "il y a énormément de grain à moudre" pour trouver une solution.

Prêts au "bras de fer" avec le gouvernement

Les syndicats de cheminots ont décidé jeudi soir de lancer une grève dure contre la réforme de la SNCF que l'exécutif entend mener tambour battant par ordonnances.

La journée a débuté au ministère des Transports, où les dirigeants de la SNCF ont remis un "programme de travail" contenant sept piliers, bases du "projet stratégique" qu'ils doivent présenter en juillet. Le Premier ministre Edouard Philippe a demandé à la SNCFd'"aligner ses coûts sur les standards européens", quand "faire rouler un train en France coûte 30% plus cher qu'ailleurs".

Plus généralement, M. Pepy a cité les grands sujets qu'il comptait aborder avec ses troupes d'ici l'été: encourager la polyvalence des métiers et "bâtir les métiers de demain", rendre l'organisation du travail plus souple notamment au plan local, renforcer la productivité industrielle, décentraliser le dialogue social et réduire les coûts.

"Les ponts ne sont pas rompus" avec les syndicats, a assuré M. Pepy.

Mais il aborde ainsi plusieurs sujets de friction avec des organisations syndicales déjà échaudées par la présentation, mercredi, du projet de loi permettant le recours à des ordonnances pour accélérer la réforme du secteur ferroviaire.

Le texte prévoit notamment "l'arrêt des recrutements au statut (de cheminot) des nouveaux agents", ce qui est considéré par les syndicats comme un casus belli.

Le programme de M. Pepy "vient alimenter le projet gouvernemental et vice versa", a réagi la CGT Cheminots auprès de l'AFP. "Gouvernement et direction marchent main dans la main", a ajouté le premier syndicat de la SNCF, qualifiant M. Pepy de "VRP multicartes de la stratégie ultralibérale du gouvernement qui vise à déboulonner la SNCF".

Pepy veut un "pacte d'entreprise" pour la SNCF

Le patron de la SNCF Guillaume Pepy compte négocier avec les syndicats un "pacte d'entreprise", ciment du "projet stratégique" qu'il doit élaborer d'ici l'été pour rendre l'entreprise plus efficace, a-t-il dit jeudi.

Ce "pacte d'entreprise, un peu comme il en a existé à La Poste (...) est un contrat entre l'Etat, qui apporte des choses (...), l'entreprise qui se transforme et les salariés", a expliqué M. Pepy en remettant son "programme de travail" à la ministère des Transports Elisabeth Borne.

"Notre idée, c'est d'arriver à concerter un cadre commun d'entreprise. (...) C'est celui qui fédère, c'est celui qui unit les cheminots, et ce doit évidemment être un cadre qui est attractif, un cadre qui est moderne et qui permet à la SNCF d'atteindre ses ambitions".

M. Pepy a cité les grands sujets qu'il comptait aborder avec ses troupes d'ici l'été: encourager la polyvalence des métiers, rendre l'organisation du travail plus souple, renforcer la productivité industrielle, décentraliser le dialogue social, et réduire les coûts.

Tandis qu'il a entrepris de réformer le secteur ferroviaire, le gouvernement a sommé les dirigeants de la SNCF de présenter un "projet stratégique" avant l'été. Le Premier ministre Edouard Philippe a en particulier demandé à la SNCF d'"aligner ses coûts sur les standards européens", quand "faire rouler un train en France coûte 30% plus cher qu'ailleurs".

Le "programme de travail" présenté jeudi comporte une attention soutenue sur la qualité du réseau, un enrichissement des offres à la clientèle, une simplification de l'organisation, une décentralisation du management, une plus grande numérisation, une optimisation des matériels et un accent sur les ressources humaines.

La direction va mettre en place, a annoncé M. Pepy, "un groupe de contact avec les organisations syndicales pour piloter les discussions et construire l'agenda social des prochaines semaines", et des "groupes de réflexions sur le terrain parce que les salariés sur ces sujets-là ont des choses à dire".

Un "comité des sages" dont la composition sera rendue publique très prochainement sera en outre "garant de la qualité de ce dialogue social".

(avec l'AFP)