Baisse des coûts en vue pour la SNCF : la troisième lame du rasoir pour les cheminots

Après le rapport Spinetta en février et au lendemain de la présentation du projet de loi de réforme de l'entreprise, la direction a remis ce jeudi la feuille de route d'un plan stratégique qui vise à gagner en compétitivité. Les syndicats sont sur le pied de guerre.
Fabrice Gliszczynski
La grève s'annonce dure, car nous sommes, à tort ou à raison, dans une ambiance très 'cheminots bashing' avec les incidents techniques, le discours fin février d'Édouard Philippe. Beaucoup de cadres sont remontés. Un esprit de corps qui s'est créé récemment en disant 'on nous attaque, on va réagir' , expliquait récemment une source haut placée à la SNCF.
"La grève s'annonce dure, car nous sommes, à tort ou à raison, dans une ambiance très 'cheminots bashing' avec les incidents techniques, le discours fin février d'Édouard Philippe. Beaucoup de cadres sont remontés. Un esprit de corps qui s'est créé récemment en disant 'on nous attaque, on va réagir' ", expliquait récemment une source haut placée à la SNCF. (Crédits : Regis Duvignau)

C'est la troisième lame du rasoir pour les cheminots de la SNCF. Celle qui va aiguiser davantage leur inquiétude et leur colère face à la révolution à venir de leurs conditions de travail que cherchent à mettre en place son actionnaire, l'État, et sa direction, pour affronter l'ouverture à la concurrence du marché ferroviaire d'ici à 2023.

Après le rapport Spinetta en février qui a pointé les incohérences et les lourdeurs du système et de la politique ferroviaire, puis la présentation ce mercredi du projet de loi d'habilitation pour la réforme de l'entreprise publique, la direction de la SNCF a présenté ce jeudi à sa ministre de tutelle, Elisabeth Borne, la feuille de route d'un plan stratégique visant à créer une « nouvelle SNCF, plus forte (...) dans un secteur qui sera ouvert demain à la concurrence», selon la ministre.

Aligner les coûts sur les concurrents signifie les baisser de... 27%

Ce plan s'annonce décoiffant puisqu'il vise à « aligner les coûts de la SNCF sur les standards européens, d'améliorer la polyvalence des métiers, de réorganiser le travail, de former aux métiers de demain, de renforcer la productivité industrielle, de moderniser le dialogue social et de mieux intégrer toutes les mobilités ».

Aligner les coûts de la SNCF sur ses concurrents signifie baisser les coûts de 27%. C'est énorme. Certes le plan actuel de baisse des coûts de 2,5 milliards d'euros d'ici à 2020 par rapport à 2016 va contribuer à réduire cet écart, mais il restera encore une très grande marche à monter. L'épineuse question de la productivité sera donc abordée et la façon de travailler s'apprête donc à être bouleversée. La concertation avec les syndicats s'annonce très tendue.

Un pacte d'entreprise comme à La Poste

Un peu comme Jean-Paul Bailly l'avait fait à La Poste entre 2003 et 2007, le patron de la SNCF Guillaume Pepy compte négocier avec eux un "pacte d'entreprise", ciment de ce "projet stratégique".

Ce "pacte d'entreprise, un peu comme il en a existé à La Poste (...) est un contrat entre l'État, qui apporte des choses (...), l'entreprise qui se transforme, et les salariés", a expliqué Guillaume Pepy.

"Notre idée, c'est d'arriver à concerter un cadre commun d'entreprise. (...) C'est celui qui fédère, c'est celui qui unit les cheminots, et ce doit évidemment être un cadre qui est attractif, un cadre qui est moderne et qui permet à la SNCF d'atteindre ses ambitions."

Grève dure

Il n'empêche, ce plan et la perspective de la fin du régime spécial des retraites des cheminotes risquent de susciter une réponse en règle des syndicats qui doivent décider ce jeudi de lancer ou pas un mouvement. Une grève reconductible semble acquise.

"La grève s'annonce dure, car nous sommes à tort ou à raison dans une ambiance très 'cheminots bashing' avec les incidents techniques, le discours fin février d'Édouard Philippe. Beaucoup de cadres sont remontés. Un esprit de corps qui s'est créé récemment en disant 'on nous attaque, on va réagir' ", expliquait récemment une source haut placée à la SNCF.

Christophe Castaner, délégué général de La République en marche et secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, a concédé que le gouvernement s'inquiétait d'une possible grève dure.

Un mouvement que feint de ne pas comprendre Elisabeth Borne.

"Je ne comprends pas la grève alors que la concertation est en cours sur des sujets très importants pour les cheminots. Ces derniers veulent savoir comment ça va se passer, les réponses sont à bâtir dans la concertation, dans la négociation. Les cheminots attendent des réponses", a-t-elle expliqué.

Interrogé sur l'opposition des syndicats à la réforme, Guillaume Pepy a répondu :

"Face à des points d'inquiétude, la seule réponse, c'est la discussion, et, ensuite, l'action."

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 23
à écrit le 07/04/2018 à 17:43
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l les responsables politique sont a l écoute pour ne rien entendre ! mais ils parlent également pour ne rien dire ! et se déchargent a tort sur les cheminots ! belle image des gouvernants en dilettance

à écrit le 23/03/2018 à 16:25
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Pourriez-vous préciser d'où sort le chiffre de 27 %, et comment a-t-il été calculé ? Merci.

à écrit le 18/03/2018 à 5:33
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Le problème de la rentabilité de la SNCF ne vient pas de son personnel, mais de l'incurie de l'état, qui la prend pour une vache à lait, en lui faisant construire des gares inutiles et acheter des trains dont personne ne sait quoi faire. Quand on sou...

le 18/03/2018 à 10:31
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bravo pour cette juste vérité . une équipée de en marche qui perd toute crédibilité et confiance entachée par les affaires et rumeurs

à écrit le 17/03/2018 à 23:39
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On est dans une logique imbécile de chercher noise aux cheminots, tout comme les fameux 70 kmh, c'est de ne pas se rendre compte que la technologie va tout changer et que ces lois témoignent de l'incapacité d'envisager l'avenir :on ne conduira plus, ...

à écrit le 17/03/2018 à 18:32
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44,9 milliards d’euros, c’est la dette de SNCF Réseau, A l’instar des autoroutes, il faudrait privatiser la gestion des infrastructures (gares et réseau ferré). Problème, c’est que le gouvernement français n’en veut pas. Privatiser le transport des v...

le 18/03/2018 à 0:19
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Nulle part sur la planète les infrastructures ferroviaires ne sont rentables. Donc elles sont impossibles à privatiser, sauf à provoquer comme en Angleterre des catastrophes pour cause de défaut de maintenance. La dette de SNCF réseau remonte aux ...

à écrit le 17/03/2018 à 8:40
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La baisse des salaires en France devrait être une cause nationale. En effet, pour faire baisser le chômage, il est essentiel de favoriser la précarité et les emplois peu payés. L'allemagne, l'angleterre et bien d'autres ont réussi cette mutation. Pou...

le 17/03/2018 à 13:30
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Merci plagiste , je crois que c'est votre salaire où votre retraite qu'on devrait baisser , par ailleurs si votre pseudo correspond à votre travail , dans ma nouvelle société je ne vous donnerais pas de salaire mais juste les pourboires que vous pour...

le 17/03/2018 à 16:57
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Toujours ces memes vieux fantasmes sortis pour eviter de reflechir. L'Allemagne a peut-etre des travailleurs pauvres mais au moins c'est un tremplin vers un emploi mieux remunere, et à 5% de chomage, n'importe quelle entreprise est demandeuse de mei...

le 17/03/2018 à 23:32
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@steph, Vous n'avez pas spécialement tord, si les allemands et anglais ont en moyenne de moins bons salaires un technicien bac+2 expérimenté comme..moi peut toucher entre 2 et 3 fois plus qu'en France.

à écrit le 16/03/2018 à 14:00
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Après les réformes macronienne, le tableau sera le suivant : les prix des billets vont s'envoler, le service sera identique, le matériel également, des lignes seront fermées, quant à la concurrence? Jusqu'à preuve du contraire les trains sont sur des...

à écrit le 16/03/2018 à 10:46
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Prendre La Poste comme référence de restructuration. Donc, les clients et les employés passent après le reste.

à écrit le 16/03/2018 à 10:45
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Ce "pacte d'entreprise, un peu comme il en a existé à La Poste " Mais avec des consequences : Une postière ariégeoise, employée depuis 32 ans dont 22 ans en CDD, a obtenu de la cour d’appel de Toulouse 54 000 euros d’indemnités, la prise en com...

à écrit le 16/03/2018 à 8:00
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Un pacte comme a la poste ils sont vraiment mal. Encore des employes qui font etre degoute de travaillé

à écrit le 16/03/2018 à 7:29
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Il faut appliquer la note n°6 du CAE pour régler tous nos problèmes: retraites, chomage, climat...

à écrit le 15/03/2018 à 21:40
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ordonnances .. scandaleux ! pas un mot sur les vrai sujets ..aucun patriotisme protecteur des politiques

à écrit le 15/03/2018 à 19:39
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C'est honteux de vouloir pousser les cheminots à devenir performants. Au train où ça va, on va aussi leur demander de se préoccuper de la satisfaction des clients. Mais où va t'on ?

le 17/03/2018 à 13:36
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Je prends régulièrement le train et je peux vous assurer que les retards sont rares , sauf conditions climatiques et accidents sur les voies , je trouve que la presse est injuste avec la SNCF , cette même presse participe au dénigrement de cette entr...

à écrit le 15/03/2018 à 19:04
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En effet, ça va très difficile pour l'ensemble des agents. Ceci est la conséquence de plus de 30 ans d'immobilisme de la part de la classe politique. Certains ont cru et croient encore que dans un monde qui change à grande vitesse, il n'est pas néce...

le 16/03/2018 à 15:58
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"Certains ont cru et croient encore que dans un monde qui change à grande vitesse, il n'est pas nécessaire d'évoluer". Regresser, tu veux dire, car pour l'instant que ce soit le privé avec la loi travail ou les cheminots actuellement , je ne vo...

le 16/03/2018 à 17:02
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Comme si l'entreprise n'avait pas évolué. Ou les métiers changés. Ca va vous surprendre Alan, mais la SNCF subit des réorganisations internes incessantes depuis 10 ans. Et pas forcément en bien, en tout cas pour le service au client. Pepy oublie de...

à écrit le 15/03/2018 à 18:43
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Ce qu ' aurait pu dire le gouvernement ainsi qu ' un vrai travail journalistique: le premier paquet ferroviaire d ' ouverture à la concurrence a été signé par les autorités francaises dès 1991..chaque gouvernement quelque soit son bord politique a e...

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