Surendettée et incapable d'emprunter, la Nouvelle-Calédonie obtient un prêt de l'Etat

Par latribune.fr  |   |  520  mots
Le porte autonome de Nouméa en Nouvelle-Calédonie. (Crédits : Port autonome de Nouvelle-Calédonie)
Miné par une dette publique structurelle, le territoire français n'a plus de capacité d'emprunt sur les marchés en raison de son endettement excessif. La Nouvelle-Calédonie avait pourtant pris des d'engagements pour assainir ses finances et réduire ses dépenses, mais elle ne les a pas tenus. Pour renflouer les caisses, de nouvelles taxes sont inscrites dans la convention de ce PGE de 175 millions d'euros.

La Nouvelle-Calédonie est submergée par la dette. Le territoire français d'indo-pacifique a officiellement contracté vendredi un prêt de 175 millions d'euros auprès de l'Etat, après un précédent emprunt en 2020, portant le taux d'endettement de la collectivité à un niveau record, qui va imposer économies et réformes.

L'essentiel des fonds sera consacré au comblement partiel des déficits des régimes sociaux, à un plan de relance de l'économie, avec notamment des investissements dans la production électrique, et également au financement de dépenses liées à la crise du Covid, a indiqué le gouvernement.

L'archipel repose pour beaucoup sur ses usines de métallurgie pour exploiter notamment le nickel. Déjà déficitaire, la Société Le Nickel (SLN) et opérateur historique dans laquelle les provinces de Nouvelle-Calédonie sont actionnaires (à 34%), subit de plein fouet la hausse des coûts de l'énergie.

Le gouvernement local ne peut plus emprunter

En plus, alors que les comptes publics et les comptes sociaux calédoniens sont dans le rouge, et souffrent de « déficits structurels » ainsi que l'a pointé un récent rapport de la Chambre territoriale des comptes, cette enveloppe permettra d'équilibrer le budget 2022 de la collectivité.

Il s'agit d'un prêt sur 25 ans, dont les premières annuités seront à payer dans trois ans.

Ce PGE, garanti par l'Etat et autorisé en loi de finances 2022, a été signé entre le président du gouvernement collégial, Louis Mapou, Patrice Faure, haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, et le représentant de l'Agence française de développement (AFD).

« La Nouvelle-Calédonie n'a plus de capacité d'emprunt, car (...) son taux d'endettement est excessif. Le ratio dettes/recettes était de 35% en 2012, il est aujourd'hui de 255% », a déclaré M. Faure, insistant sur "les réformes indispensables" à conduire.

Le contrôle des fonds

En 2020, lors de l'octroi d'un premier prêt de 28,6 milliards CFP (240 millions d'euros), la Nouvelle-Calédonie avait pris un certain nombre d'engagements pour assainir ses finances et réduire ses dépenses, mais elle ne les avait pas tenus.

Cette fois, un comité de suivi veillera à leur mise en œuvre et les décaissements ne seront « accordés qu'à la signature des compte rendus de ce comité » afin que la Nouvelle-Calédonie soit en mesure d'honorer l'échéancier des remboursements, a précisé le représentant de l'Etat.

Taxe sur les résidences secondaires

"Quand on vient nous aider, on doit être capable de faire des efforts, de faire notre part", s'est engagé Louis Mapou, indépendantiste, dont le gouvernement, installé il y a un an, a mis en chantier un programme de réformes fiscales sur trois ans.

La réduction du niveau d'endettement à 90%, la limitation à 1% de l'évolution de la masse salariale, ou encore la création d'une taxe sur les plus-values immobilières des résidences secondaires et d'une micro-taxe sur les transactions financières figurent au rang des mesures inscrites dans la convention de prêt.

(Avec AFP)

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