Mines de nickel en Nouvelle-Calédonie : Eramet va investir 250 millions d'euros d'ici 2025 pour se relancer

Déficitaire depuis près de 10 ans, la SLN, filiale d'Eramet, veut investir en priorité dans son usine métallurgique de Doniambo à Nouméa et sur le développement des sites miniers. Engagé dans un plan de sauvetage pour retrouver la rentabilité, le fabricant de solutions métallurgiques de pointe promet aussi la création de 200 emplois directs et indirects.
L'exploitation du nickel fournit 24% des emplois du privé directement ou indirectement en Nouvelle-Calédonie, selon des données de l'Isee.
L'exploitation du nickel fournit 24% des emplois du privé directement ou indirectement en Nouvelle-Calédonie, selon des données de l'Isee. (Crédits : Yusuf Ahmad)

Les grandes manoeuvres industrielles se poursuivent en Nouvelle-Calédonie. Alors que l'île a réaffirmé son statut de territoire d'outre-mer lors d'un référendum sur son indépendance en 2021 marqué par l'abstention, les grands groupes français réaffirment leur ambition. La Société Le Nickel (SLN), filiale du groupe Eramet, va ainsi investir 250 millions d'euros d'ici 2025 en Nouvelle-Calédonie, dans le cadre d'une convention signée mardi avec le gouvernement local pour "une nouvelle trajectoire" de long terme.

Dans ce territoire français d'indo-pacifique, les mines de nickel sont en effet un enjeu stratégique et un poumon économique. Parmi les concurrents d'Eramet, le géant du négoce suisse Glencore, co-propriétaire, avec un opérateur public calédonien détenu par les indépendantistes kanak, de l'usine métallurgique de nickel de Koniambo dans le nord de l'île. Les mines intéressent aussi la Chine - qui consomme la moitié du nickel raffiné dans le monde - afin d'accroître son approvisionnement sur ce métal précieux.

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Opérateur historique du nickel calédonien, la Société Le Nickel (SLN), dont l'usine métallurgique se trouve à l'entrée de Nouméa, a longtemps été le seul maître à bord de cette industrie. Les trois provinces de Nouvelle-Calédonie détiennent 34% du capital de la SLN.

Eramet n'augmentera pas sa dette

Mais cet investissement est important pour la SNL qui est déficitaire depuis près de 10 ans et se débat pour améliorer sa rentabilité plombée par les coûts de l'énergie. L'entreprise a mis sur les rails en 2019 un plan de sauvetage axé sur la productivité, la baisse du coût de l'énergie et la hausse des exportations de minerai pour compenser les pertes de son activité métallurgique. En 2021, sa production a plafonné autour de 42.000 tonnes de ferronickel, un niveau historiquement faible. "La situation reste préoccupante en Nouvelle-Calédonie. La SLN se trouve à un moment déterminant (...) en attente de décisions cruciales pour mettre en oeuvre intégralement son plan de sauvetage", avait déclaré en octobre Christel Bories, PDG d'Eramet.

Cette annonce d'investissement intervient une semaine après que le gouvernement a autorisé l'industriel, opérateur historique du nickel du Caillou, à augmenter ses exportations de minerai brut de 4 à 6 millions tonnes par an, ce qu'il refusait jusqu'alors faute de lisibilité stratégique.

"Cette convention est une étape fondamentale dans l'évolution des relations entre la Nouvelle-Calédonie et la SLN", a déclaré Louis Mapou, président indépendantiste de l'exécutif collégial, à l'occasion de la signature du document.

"Il s'agit du point de départ d'une trajectoire qui doit nous mener jusqu'en 2040 et même au-delà. Nous allons investir 30 milliards CFP (250 millions euros) entre 2022 et 2025", a indiqué Guillaume Verschaeve, directeur général de la SLN.

Il a précisé que ces investissements seront "autofinancés" grâce aux recettes tirées de la hausse des exportations, sans résorption en contrepartie de l'endettement de la SLN.

Garantir des emplois

Les investissements seront en priorité consacrés à l'usine métallurgique de Doniambo à Nouméa et au développement des sites miniers. 200 emplois directs et indirects seront créés.

L'exploitation du nickel fournit 24% des emplois du privé directement ou indirectement en Nouvelle-Calédonie, selon des données de l'Isee.

La filière compte une vingtaine d'entreprises de tailles inégales qui extraient du minerai pour l'exporter ou le revendre sur place, dont trois sont aussi métallurgistes et possèdent des usines d'envergure mondiale. Ces entreprises employaient 5.960 personnes en 2019, soit 9% de l'emploi salarié privé. Si l'on y ajoute les emplois indirects (5.790) et les emplois induits (3.840), l'industrie minière représentait 15.590 emplois.

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Enjeux politiques

Aussi, l'industriel, premier employeur privé du territoire, va en outre "tripler son budget annuel de Responsabilité sociétale et environnementale (RSE)" en faveur d'actions liées à l'environnement ou à la transition économique des régions minières.

"D'ici à 2026, nous allons faire le nécessaire pour que la SLN puisse bénéficier d'une énergie aux environs de 8 francs le kilowatt/heure", a également indiqué M.Mapou.

La création d'une Ecole des mines calédonienne, la décarbonation de la production ou la meilleure intégration de l'usine de Doniambo dans son environnement urbain figurent également dans cette convention en négociation depuis octobre.

Cette trajectoire de long terme devra toutefois se confronter au contexte politique de l'île. Un référendum de projet est en effet prévu avant juin 2023. Il portera sur la nouvelle organisation politique de la Nouvelle-Calédonie, au terme de négociations entre l'Etat, les non-indépendantistes et les indépendantistes.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 15/02/2022 à 12:19
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On se demande combien de référendum il faudra pour que l'état obtienne ce qu'il veut, rendre la Calédonie aux Kanaks (qui viennent de perdre 3 consultations). Le corps électoral sera t-il gelé comme pour les précédentes consultations ou tiendra t-on...

à écrit le 15/02/2022 à 10:07
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C'est une question d'acceptation par les populations qui seront favorables que si ces sociétés assurent du zéro rejet dans l'environnement.. Hors trop souvent on constate qu'à la fin de l'extraction les mines sont abandonnées..

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