Internet : la Nouvelle-Calédonie installe un second câble sous-marin pour sécuriser ses liaisons numériques

La pose du second câble sous-marin sur l'archipel français du pacifique a démarré. Dès cet été, il devrait permettre de doubler les capacités existantes dans l'objectif de sécuriser l'internet calédonien et, plus globalement, ses liaisons numériques internationales.
Long de 1.515 kilomètres, ce câble de fibre optique qui ira jusqu’à Fidji devrait entrer en service en août prochain.
Long de 1.515 kilomètres, ce câble de fibre optique qui ira jusqu’à Fidji devrait entrer en service en août prochain. (Crédits : Port autonome de Nouvelle-Calédonie)

Gondwana-2. Il ne s'agit pas d'un code secret mais du nom du second câble sous-marin de fibre optique permettant à la Nouvelle-Calédonie de sécuriser ses liaisons numériques internationales. Sa pose a démarré le 15 mars dernier. Long de 1.515 kilomètres, il ira jusqu'aux Fidji et devrait entrer en service en août prochain. Il dotera l'archipel français de 270.000 habitants d'une seconde route numérique internationale. Depuis 2008, la Nouvelle-Calédonie est connectée via Sydney par le câble sous-marin, Gondwana-1.

« C'est important lorsqu'on est comme nous un petit pays, un petit peuple, de bénéficier de tous les progrès technologiques pour s'ouvrir au monde et à notre région. C'est stratégique pour la Nouvelle-Calédonie », a déclaré Louis Mapou, président indépendantiste du gouvernement collégial calédonien, à l'occasion de l'équipement du premier site d'atterrage de ce câble dans le quartier de Nouville à Nouméa.

Et Yoann Lecourieux, président de l'Office des Postes et Télécommunications (OPT), de préciser : « Ce second câble apporte la sécurité internationale des télécommunications numériques de la Nouvelle-Calédonie. On a pu voir dernièrement à Tonga comment une éruption volcanique avait mis en difficulté toute une économie insulaire ». En janvier dernier, en effet, les îles Tonga s'est retrouvé coupé du monde pendant cinq semaines après la rupture du seul câble numérique de l'archipel le reliant aux îles Fidji, lors de l'éruption d'un volcan sous-marin.

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Éviter toute rupture d'internet, même de simples coupures

Gondwana-2 a pour objectif d'éviter toute interruption de services ou coupure internet en sécurisant l'ensemble des communications de la Nouvelle-Calédonie, aussi bien à l'international que localement, et de permettre aux îles Loyauté et à l'île des Pins d'accéder au très haut débit. Il va en outre permettre d'ouvrir des autoroutes numériques entre les trois territoires français du Pacifique, Wallis et Futuna et la Polynésie française étant déjà raccordés à Fidji.

Depuis la mise en service de Gondwana-1, la Nouvelle-Calédonie vit avec le risque de voir ses communications coupées. Un dispositif de secours existe bien pour palier une rupture de ce premier câble, mais il ne permettrait de garder que 3% du débit, « notamment pour tout ce qui concerne les urgences, ce qui est médical et ce qui est lié à la police », expliquait en 2019 l'OPT à Nouvelle-Calédonie la 1ère. « En revanche, les opérations financières, les transactions bancaires, tout ce qui est lié au numérique serait neutralisé en cas de rupture du câble sous-marin qui existe ».

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L'OPT développe parallèlement le réseau local via un autre câble, Picot-2, qui va fermer la boucle de raccordement entre la Grande-terre et les îles (des Pins, Yaté, Maré, Lifou), et amener le haut-débit à quelque 9.000 usagers potentiels.

Ces deux équipements numériques représentent un investissement de 4,5 milliards CFP (37,5 millions d'euros), financés pour moitié en fonds propres par l'OPT, établissement public de Nouvelle-Calédonie.

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99% de l'internet passe par les câbles sous-marins

Le développement de câbles sous-marins s'intensifie ces dernières années. 2020 aura enregistré un record de déploiements avec 36 nouveaux câbles. Près de 99% du trafic total sur Internet est assuré par les lignes sous-marines, véritable « colonne vertébrale » des télécommunications mondiales, indique Serge Besanger, professeur à l'ESCE International Business School, dans un article publié sur The Conversation. Les satellites réalisent le 1% restant. Si les « autoroutes de la mer » sont préférées aux engins spatiaux, c'est principalement car elles se révèlent moins chères et sont bien plus rapides.

Selon cet expert, il existe aujourd'hui plus de 420 câbles sous-marins dans le monde, totalisant 1,3 million de kilomètres, ce qui représente plus de trois fois la distance de la Terre à la Lune. Le câble le plus long fait pas moins de 39.000 kilomètres. Baptisé « SEA-ME-WE 3 », il relie l'Asie du Sud-Est à l'Europe de l'Ouest en passant par la mer Rouge. Ces infrastructures stratégiques sont aujourd'hui perçues également par de nombreux spécialistes comme une vulnérabilité majeure, notamment dans le cadre nouveau que représente la « guerre hybride ». Alors que les sanctions économiques pleuvent contre la Russie suite à l'invasion de l'Ukraine, les Européens redoutent que Moscou coupe certains câbles sous-marins, privant ainsi le continent d'une partie de ses connexions numériques.

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(Avec AFP)

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