Taxe carbone : le gouvernement poursuivra malgré les "gilets jaunes"

Par latribune.fr  |   |  673  mots
Concernant le mouvement des "gilets jaunes", il affirme y avoir "vu avant tout l'expression de l'inquiétude profonde des habitants d'une France périurbaine prisonnière du tout voiture. (...) Cette France-là a le sentiment d'appartenir aux invisibles dans le débat politique". (Crédits : POOL New)
Interrogé par Le Parisien, le ministre de la Transition écologique François de Rugy a insisté sur la nécessité de "sortir de ce piège du tout voiture, tout pétrole, tout diesel".

Le ministre de la Transition écologique François de Rugy a annoncé que le gouvernement poursuivra "la trajectoire prévue" en matière de fiscalité écologique, dans une interview au Parisien. Interrogé samedi sur l'augmentation de la taxe carbone prévue le 1er janvier, le ministre a déclaré:

"En matière de fiscalité écologique, nous poursuivrons la trajectoire prévue. Ne pas le faire serait de l'inconscience".

"Nous avons été élus pour régler les problèmes qu'on avait laissés en plan et nous continuerons à le faire sans relâche. Il faut absolument sortir de ce piège du tout voiture, tout pétrole, tout diesel dans lequel nous nous sommes enfermés si longtemps", explique le ministre, alors que samedi, selon le ministère de l'Intérieur, plus de 287.000 "gilets jaunes" se sont mobilisés contre la hausse des taxes sur le carburant, au sein de plus de 2.000 rassemblements parfois tendus qui ont entraîné des accidents faisant un mort et 400 blessés.

"Nous libérer de la dépendance au pétrole"

"Il faut justement maintenir le cap des mesures que nous prenons pour nous libérer de la dépendance au pétrole et donc éviter" qu'une éventuelle flambée du prix du baril de pétrole "ne bouscule un jour notre économie", a ajouté le ministre de la Transition écologique.

François de Rugy ne croit d'ailleurs pas que le président de la République, dont la cote de popularité chute dans les sondages, "perd la main".

"J'entends plutôt l'expression d'une impatience. Il y a une attente très forte de résultats, qu'il est très difficile de satisfaire en l'espace de 18 mois. Et ce n'est certainement pas en capitulant devant les difficultés qu'on parviendra à y répondre", a-t-il dit.

Laurent Berger propose un pacte social de la conversion écologique

Concernant le mouvement des "gilets jaunes", le ministre affirme y avoir "vu avant tout l'expression de l'inquiétude profonde des habitants d'une France périurbaine prisonnière du tout voiture. (...) Cette France-là a le sentiment d'appartenir aux invisibles dans le débat politique".

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a d'ailleurs lancé un appel au gouvernement:

"J'appelle @EmmanuelMacron et @EPhilippePM à réunir très rapidement les syndicats, les organisations patronales, les associations pour construire un pacte social de la conversion écologique", a tweeté M. Berger, premier responsable syndical à réagir.

"Justice sociale et écologie sont compatibles ! Il y a urgence", a-t-il ajouté.

"Faire aujourd'hui du recel de la colère des Français, c'est assez abject"

Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, le secrétaire d'Etat chargé des Collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, estime pour sa part qu'il faut encore poursuivre le "travail d'explication et de promotion" des mesures compensatoires annoncées mercredi pour accompagner la transition écologique. Il dénonce également une "récupération politique" des partis d'opposition, lesquels ont tous appelé à faire grossir le mouvement.

Le chef de file des Républicains (LR), Laurent Wauquiez, s'est joint à une manifestation en Haute-Loire et le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, s'est rendu samedi place de la Concorde, à Paris. La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, n'est pas allée elle-même sur le terrain, mais ses proches ont manifesté et se sont exprimés sur les réseaux sociaux.

"Vouloir faire aujourd'hui du recel de la colère des Français, c'est assez abject. Voir des gens qui ont cumulé hier tous les postes, de député à ministre, nous expliquer qu'ils vont aller mettre un gilet jaune, c'est grotesque", a souligné le secrétaire d'Etat.

Organisé hors de toute structure syndicale ou politique, le mouvement des "gilets jaunes" est parti des réseaux sociaux. Les "gilets jaunes" ont bloqué samedi des autoroutes, des ronds-points, des hypermarchés ou organisé des opérations de péage gratuit pour protester contre la hausse des taxes sur les carburants et la baisse du pouvoir d'achat.

(Avec AFP et Reuters)