Tests du Covid-19, masques, télétravail, école, voyages..., ce que dit Edouard Philippe sur le déconfinement

Par latribune.fr  |   |  1407  mots
(Crédits : Reuters)
Lors d'une conférence de presse, le Premier ministre Edouard Philippe a explique que le déconfinement, dont il a précisé qu'il serait "progressif et différencié", devra tenir compte de deux impératifs: celui de la maîtrise de la circulation du virus et celui du rétablissement de la capacité d'accueil à l'hôpital. Revue des principales déclarations

Les Français ne retrouveront "pas tout de suite et probablement pas avant longtemps" leur "vie d'avant" la crise du coronavirus, a averti dimanche Edouard Philippe en présentant "les grandes règles" qui devraient conduire au déconfinement à partir du 11 mai. En cours de préparation, le plan sera présenté "d'ici à la fin du mois d'avril" et mis sur pied avec le maintien de mesures de prévention ("gestes barrière" et masques grand public) et de distanciation sociale, l'organisation de tests de dépistage et l'isolement des porteurs de Covid-19. En effet, aucun traitement n'était reconnu et qu'aucun vaccin n'était a priori attendu avant "mi-2021" au plus tôt.

Alors que le nombre d'hospitalisations et les cas graves en réanimation liés à l'épidémie du coronavirus sont en recul, Edouard Philippe a rappelé que "cette crise sanitaire n'est pas terminée mais nous marquons des points".

"La situation s'améliore, lentement mais sûrement", a déclaré le Premier ministre. "A partir du 11 mais, nous entrons dans une deuxième phase où nous allons reconquérir une partie de notre liberté."

"Nous allons tous être acteurs du déconfinement", a-t-il encore dit, en  prévenant que la population n'était pas immunisée. "Il va falloir vivre avec le virus. La population n'est pas immunisée."

395 décès ce dimanche

Lors de cette même conférence de presse à l'hôtel Matignon, Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé, a indiqué que le nombre de cas graves en réanimation s'est élevé à 5.744 personnes dimanche contre 5.833 patients en réanimation samedi, signant une baisse pour le onzième jour consécutif. Il a aussi indiqué que le nombre de personnes hospitalisées en France s'est quant à lui élevé dimanche à 30.610 contre 30.639 malades hospitalisées samedi, reculant pour le cinquième jour de suite.

La France a aussi enregistré 395 nouveaux décès liés l'épidémie de Covid-19, portant le nombre total de personnes décédées à 19.718 dont 12.069 décès dans les hôpitaux et 7.649 dans les établissements sociaux et médico-sociaux.

Pour Edouard Philippe, les Français devront "apprendre progressivement à organiser notre vie collective avec ce virus". Ce déconfinement sera "progressif" et "différencié"et "réalisé avec les autres partenaires de l'Etat", les préfets et les maires notamment. Edouard Philippe l'a martelé plusieurs fois : "il faut assurer la continuité de la Nation".

500 000 tests par semaine à partir du 11 mai

Le gouvernement veut développer les tests du Covid-19 pour pouvoir ensuite isoler les personnes contaminées et casser les chaines de transmission du virus. De 25.000 tests par jour aujourd'hui, le ministre de la Santé, Olivier Veran, veut passer à 500 000 par semaine. Il sera possible de se faire tester dans des "drives", des parkings, des laboratoires, des hôpitaux. En cas de test positif, le choix sera donné à la personne porteuse du virus de rester chez soi ou d'aller dans des hôtels ou autres lieux permettant d'accueillir les personnes contaminées.  Le groupe hôtelier Accor a annoncé jeudi qu'il accueillerait des personnes contaminées par le coronavirus, asymptomatiques ou faiblement malades, dans certains de ses hôtels situés en Ile-de-France.

S'il a encouragé les entreprises qui le peuvent à maintenir le télétravail à partir du 11 mai, Edouard Philippe a indiqué que le port d'un masque grand public serait probablement obligatoire dans les transports en commun. Encore faut-il qu'il y ait assez de masques.  Egalement présent, Olivier Véran, le ministre des Solidarités et de la Santé, a fait savoir que le gouvernement s'était fixé comme objectif de permettre aux Français d'être équipés de masques grand public à compter du 11 mai.

"Ce sont huit millions de masques qui ont été produits la semaine écoulée dans notre pays et on prévoit une production d'environ 17 millions de masques par semaine en France", notamment par la filière de l'industrie textile, a précisé Olivier Véran.

L'objectif est, selon lui, de pouvoir "équiper les Français qui le souhaiteront". Pour leur distribution, le ministre a évoqué plusieurs hypothèses, employeurs, collectivités territoriales, mais aussi la grande distribution. Anticipant une obligation, la maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé la distribution gratuitement aux Parisiens en pharmacie de 500.000 masques en tissu lavables dès la fin avril et de plus de 2 millions courant mai.

Les masques chirurgicaux sont quant à eux réservés au personnels soignant et aux malades. L'approvisionnement en matériel de protection face à l'épidémie de coronavirus est toujours sous forte "tension", a indiqué Olivier Véran, mais le gouvernement va débloquer cette semaine un nouveau stock de 5 millions de masques pour des professions notamment para-médicales. Cependant, il "existe encore des tensions d'approvisionnement sur des masques dits FFP2 (...) à haut niveau de technicité", a reconnu Olivier Véran, et les autorités doivent "être vigilantes" sur le stock de masques chirurgicaux.

Le ministre de la Santé a aussi fait savoir que d'ici fin juin, le pays devrait aussi disposer de 15.000 respirateurs de réanimation pour les cas graves, ainsi que 15.000 respirateurs de transport, plus légers.

Pour les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), où les résidents ne reçoivent plus de visites de leur famille, le gouvernement va autoriser à partir de lundi des droits de visite.

"Nous allons permettre, dans des conditions extrêmement limitées, un droit de visite dans les Ehpad", a dit Olivier Véran.

"Ce sera à la demande du résident et sous la responsabilité des directions d'établissements qui devront dire si cela sera possible et dans quelles conditions, sachant que la sécurité sanitaire reste au cœur de notre projet et qu'il y aura l'impossibilité maintenue de toucher la personne", a souligné le ministre.

Plusieurs scénarios pour la réouverture des écoles

Concernant l'école, Edouard Philippe est resté fort prudent sur les scénarios de l'après 11-mai, indiquant par exemple que plusieurs hypothèses étaient à l'étude pour la réouverture des écoles, "par territoire" ou "par moitié de classe". Une certitude, "les écoles n'ouvriront pas partout le 11 mai", a réitéré le Premier ministre.

Concernant les congés, il a estimé qu'il n'était pas raisonnable d'imaginer voyager loin à l'étranger. Le Premier ministre n'est pas sûr que le transport aérien puisse repartir rapidement et n'est pas certain que les restrictions sur les voyages soient levées rapidement dans les autres pays.

"La crise économique sera brutale"

Le Premier ministre a également rappelé que la crise économique serait "brutale" et "ne fait que commencer". "La production s'est presque arrêtée, la consommation aussi", a-t-il relevé, estimant que "jamais dans l'histoire du monde un tel arrêt aussi massif, aussi général, n'a été vécu". Le gouvernement table sur baisse de 8% du PIB, soit "la plus forte récession connue en France depuis 1945", a rappelé M. Philippe.

"L'objectif du gouvernement dans cette période, c'est de sauvegarder ce qui peut l'être aujourd'hui pour permettre de relancer demain ce qui doit l'être", a expliqué Edouard Philippe, rappelant les autres mesures d'urgence mises en place: le chômage partiel pour 9 millions de salariés (budget de 24 milliards d'euros), et des prêts garantis par l'Etat à hauteur de 300 milliards d'euros (18 milliards garantis à ce jour à quelque 130.000 entreprises).

Par ailleurs, le fonds de solidarité a été porté de un à  7 milliards d'euros pour soutenir les entreprises pendant la crise sanitaire a reçu à ce stade plus d'un million de demandes. Le dispositif permet aux entreprises ayant subi une chute de plus de 50% de leur chiffre d'affaires de recevoir 1.500 euros, un montant qui monte à 5.000 euros pour celles menacées de faillite. "Les assureurs se sont engagés à participer à hauteur de 400 millions d'euros à ce budget et les régions se sont engagées à participer à hauteur de 500 millions d'euros", a ajouté Edouard Philippe.

A terme, "nous devons penser à un plan de relance, national, européen, sans doute, de façon à faire repartir la machine: ce qui sera indispensable à côté de ces mesures d'urgence économique", a-t-il avancé.

Depuis le début du confinement et la fermeture forcée des établissements accueillant du public non essentiels, l'activité économique générale a diminué de 36% en France, l'activité industrielle de 43%, la construction de 88% et le secteur de l'hébergement et de la restauration a été touché à hauteur de 90%.