Trafic de drogues : un impact économique marginal

Par Grégoire Normand  |   |  509  mots
Cette prise en compte s'inscrit dans le cadre d'une refonte plus large des méthodes de calcul de l'Insee, visant à aligner les pratiques comptables françaises sur celles des autres pays de l'Union européenne. (Crédits : ANDRES STAPFF)
Les flux économiques relatifs au trafic de stupéfiants représentent 0,1 point de PIB chaque année selon des calculs de l'Insee rendus publics ce mercredi.

C'est inédit. Selon une note de l'Insee, l'impact du trafic de stupéfiants sur le produit intérieur brut français (PIB) s'élèverait à 0,1 point, soit 2,7 milliards d'euros par an. Pour calculer le poids de ce marché illicite dans l'économie française, les économistes de l'organisme public ont soustrait le montant de la consommation de drogues évalué à 3,1 milliards d'euros au montant des importations estimé à 400 millions d'euros. À la demande d'Eurostat, bien d'autres pays européens avaient déjà pris en compte ces activités depuis 2014 (Espagne, Italie). Cette prise en compte, effectuée à la demande de l'institut européen des statistiques publiques, vise à "aligner" les normes comptables tricolores "sur la pratique des autres pays européens", précise l'organisme public.

"Des échanges au niveau européen à des fins d'harmonisation des méthodes de comptabilité nationale ont en outre montré que la position de l'Insee sur ce sujet était minoritaire", explique la note de l'Insee.

1,1 milliard de dépenses de consommation pour le cannabis

Pour définir ce montant, les statisticiens français se sont fondés sur un rapport publié en 2016 par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) qui fournit des éléments précis sur les flux économiques du trafic des principales drogues.

Pour refléter les changements dans le temps de ces flux dans leurs calculs, ils tiennent également compte des évolutions de la consommation et des prix des différentes drogues, à partir des données régulièrement publiées par l'Office français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Les différentes sources documentaires fournissent plusieurs estimations sur les montants de consommation par drogue en 2010 : 1,1 milliard d'euros pour le cannabis, 902 millions d'euros pour la cocaïne, 267 millions d'euros pour l'héroïne, 42 millions d'euros pour l'Ecstasy et enfin 13 millions d'euros pour les amphétamines, soit un total de 2,3 milliards d'euros de dépenses de consommation.

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21.000 emplois générés

Les conséquences de ces activités illicites ont un impact non-négligeable sur le marché du travail. Selon l'organisme de statistiques, le trafic de stupéfiants représenterait un total de 21.000 emplois en équivalent temps plein, soit 0,08% de l'ensemble des ETP en 2014. Les évaluations ont été rehaussées de 1.000 personnes "dans la mesure où les réseaux mobilisent un nombre important d'intermédiaires dont le trafic de drogues n'est pas la principale source de revenus". Ce qui signifie en outre que ce sont beaucoup d'emplois à temps partiel.

La prostitution écartée

Parmi les activités illégales, la prostitution n'est pas prise en compte dans la comptabilité nationale. Pour l'institution responsable des statistiques publiques,

"La prostitution exercée dans la rue est notoirement le fait de personnes généralement en situation irrégulière, souvent mineures et sous la coupe de réseaux clandestins qui les ont acheminées en France, et qu'elles remboursent en se prostituant. Ces situations s'apparentent davantage à une forme d'esclavage sexuel qu'à l'exercice librement consenti d'une activité professionnelle."