Le trafic de drogue (mais pas la prostitution) bientôt intégré dans le calcul du PIB français

A la demande d'Eurostat, plusieurs pays (Espagne, Royaume-Uni, Italie...) ont décidé d'intégrer de nouvelles normes de calcul du PIB. A chaque fois, cela s'est traduit par une révision à la hausse de leur produit intérieur brut. Même si elle a le souci d'aligner les statistiques de la France sur celles de ses voisins européens, l'Insee s'est refusé à intégrer la prostitution (de "réseaux"), estimant qu'il ne s'agissait probablement pas de "transactions commerciales consenties librement".
Face aux demandes d'Eurostat, l'Insee avait déjà refusé de comptabiliser la prostitution relevant des réseaux, estimant que le consentement des prostituées n'était probablement pas vérifié. Sur ce point, nous maintenons notre position, a indiqué Ronan Mahieu, le chef du département des comptes nationaux de l'institut public.
Face aux demandes d'Eurostat, l'Insee avait déjà refusé de comptabiliser la prostitution relevant des réseaux, estimant que le consentement des prostituées n'était "probablement pas vérifié". "Sur ce point, nous maintenons notre position", a indiqué Ronan Mahieu, le chef du département des comptes nationaux de l'institut public. (Crédits : THIERRY ROGE)

Le PIB est censé mesurer la croissance d'un pays, la quantité de richesses produites chaque année (et non pas son patrimoine, la richesse accumulée au cours des années précédentes). Et la réflexion autour des éléments à prendre en compte dans le calcul du PIB pour avoir l'image la plus juste ne date pas d'hier. Exemple, en 2013, les Etats-Unis avaient ouvert la voie d'un changement en décidant de prendre en compte un élément-clef de la croissance dans les économies occidentales : les nouvelles technologies, l'immatériel.

Mais fallait-il intégrer le trafic de drogue voire la prostitution dans ce calcul du PIB? Après plusieurs années de débat, l'Insee a tranché en décidant d'appliquer une demande en ce sens de l'Europe, qui pourrait entraîner une révision en "légère hausse" du produit intérieur brut français.

Objectif : aligner les statistiques françaises sur celles des autres

L'institut national de la statistique et des études économiques (Insee) va "tenir compte de la consommation de stupéfiants et des activités liées à cette consommation sur le territoire national", a annoncé mardi l'organisme public, dans un communiqué consacré à une série de modifications comptables actées par l'institut.

Cette prise en compte, faite "à la demande" de l'institut européen des statistiques Eurostat et destinée à aligner les statistiques françaises sur celles "des autres pays européens", entraînera "une révision en très légère hausse du niveau du PIB", ajoute l'Insee dans son communiqué.

Lire aussi : 12 milliards d'euros: la part de la prostitution et de la drogue dans le PIB britannique

La révision portera sur l'ensemble des résultats, depuis 1947.

Interrogé par l'AFP, le chef du département des comptes nationaux de l'institut public, Ronan Mahieu, a assuré que ces nouvelles données seraient intégrées aux chiffres du PIB révisés et détaillés, qui seront publiés en mai. La révision portera "sur l'ensemble des résultats" publiés par l'Insee, c'est-à-dire depuis 1947.

"Il s'agira de révisions à la marge", a assuré M. Mahieu, en évoquant le chiffre de "quelques milliards" d'euros, à rapporter aux 2.200 milliards d'euros du PIB français. "Cela n'influera pas sur le chiffre de la croissance" en 2017, a-t-il par ailleurs prévenu.

Prostitution, des "transactions librement consenties" ? Non, dit l'Insee

La décision de l'Insee fait suite à un long débat lancé par Eurostat en 2013. L'institut statistique européen avait alors demandé aux États-membres d'intégrer le trafic de drogue et la prostitution dans leurs statistiques nationales, estimant qu'il s'agissait de transactions commerciales consenties librement.

L'objectif était d'harmoniser les données fournies par les pays européens, ces activités étant considérées comme légales dans certains États, à l'image des Pays-bas, ce qui gonfle leur PIB, et illégales dans d'autres.

Lire aussi : En Irlande aussi, drogue et prostitution ont dopé la croissance

Suite à la demande d'Eurostat, plusieurs pays ont décidé d'intégrer ces nouvelles normes, à l'image de l'Espagne, du Royaume-Uni et de l'Italie. Ce nouveau système de compte s'est à chaque fois traduit par une révision à la hausse de leur produit intérieur brut.

Lire aussi : Italie : et si la cocaïne et la prostitution permettaient de réduire le déficit public ?

Jusqu'ici, l'Insee n'avait modifié que le RNB pas le PIB

L'Insee avait de son côté, à partir de septembre 2014, déjà accepté de prendre en compte les ressources issues du trafic de drogue dans le "revenu national brut" (RNB), destiné principalement à déterminer la contribution de la France au budget de l'Union européenne, mais pas dans le PIB, mesure comptable qui fait référence dans le débat public.

L'organisme public avait par ailleurs refusé de comptabiliser la prostitution relevant des réseaux, estimant que le consentement des prostituées n'était "probablement pas vérifié". "Sur ce point, nous maintenons notre position", a indiqué Ronan Mahieu.

Lire aussi : Prostitution: l'Assemblée nationale vote la pénalisation des clients

Mais la prostitution dite "discrète" était, elle, déjà bien intégrée dans le PIB. Le directeur des études et synthèses économiques à l'Insee, Éric Dubois, avait souligné en juin 2014:

"Tout ce qui est de la prostitution discrète, c'est-à-dire de la prostitution qui se cache derrière d'autres activités, on considère qu'on le prend déjà en compte" de même que la fraude fiscale et le travail au noir, qui représentent "autour de 4 points de PIB".

Il précisait toutefois :

"Il y a aussi une prostitution de rue qui est plutôt le fait de réseaux de mafieux et relève plutôt de la traite de personnes en situation irrégulière etc. Pour le coup, le critère de consentement mutuel n'est probablement pas vérifié", ce qui conduit l'Insee à ne pas l'intégrer dans ses mesures.

Lire aussi : L'Insee ajoutera le trafic de drogue dans la richesse nationale, mais pas toute la prostitution

(Avec AFP)

Commentaires 33
à écrit le 02/02/2018 à 22:45
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Le trafic de drogue est par essence un commerce souterrain dont nul ne connaît précisément ni les contours ni l'ampleur financière. Selon l'orientation idéologique du gouvernement on peut avoir des estimations qui vont du simple au quintuple selon ...

à écrit le 02/02/2018 à 22:44
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Totalement inacceptable. Ca donne respectabilite et justification au criminalite - il ouvre la voie a un etat criminel, un kleptocracie, un criminelocracie - pourquoi pas? Ou tire-t-on la ligne si on commence d'accepter cela? Il ne s'agit pas d'activ...

à écrit le 01/02/2018 à 23:09
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La prostitution est déjà dans le PIB car l'état prélève plus de 50% des richesses.

à écrit le 01/02/2018 à 16:58
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Comme cela va élever le PIB, le gouvernement va dire aux français, grâce à la drogue (Pas les produits pharmaceutiques) quoique, vous êtes plus riches qu'avant, alors l'augmentation de votre retraite de 1.2 % vient de là, bien que personne ou presque...

à écrit le 01/02/2018 à 16:26
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Comme l'on dit l'argent n'a pas d'odeur les traficants deviennent maintenant des investisseurs vivel'argent roi!

à écrit le 01/02/2018 à 12:47
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C'est simplement une mesure qui est "acceptée" à contre-cœur par l'Insee, qui fait de la résistance en refusant une partie de la demande. - Le but pour les instances internationales est d'harmoniser les pratiques comptables pour pouvoir comparer ...

le 02/02/2018 à 9:40
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Comparer la «  criminalité » d’un pays à l’autre Le fait que la «  femme soit un objet » Et que des «  hommes se détruisent les neurones » C’est dans quel «  but »?? Voire comment les états sont échecs ? Face à ces fléaux ? Qui détruise...

à écrit le 01/02/2018 à 11:51
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Prendre en compte la destruction librement consentie de son intégrité physique et psychique avec le consommation de substances psychoactives Mais écarter les relations sexuelles rémunérées librement consenties …qui font plus de bien que de ma...

à écrit le 01/02/2018 à 9:43
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Je ne sais pas si la prostitution est une activité consentie librement, mais je vous assure que je me passerais volontiers des hospitalisations que j'ai subie. Elle me sont obligatoire, pas volontaire. Les soins médicaux ne devraient pas être intégré...

à écrit le 01/02/2018 à 4:22
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Pour ceux qui continuent de croire que la Coree du Sud est un paradis fiscal, sachez que le simple fait de fumer un joint vous emmene direct en tole. Actuellement deux ressortissants de votre merveilleux pays des droits de l'homme, sont emprisonnes ...

le 01/02/2018 à 16:30
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J'ai pas compris l'histoire du jus de fruit.

à écrit le 31/01/2018 à 22:03
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C’est vrai cette information ? Car si c’est «  vrai » ça veut dire Que le monde « xxx » drogue +prostitution .., permet la croissance.., Donc ça veut dire que les «  états » démocratiques ... sont «  complices »?? C’est ce qu’on appelle «  un BUZ...

à écrit le 31/01/2018 à 20:56
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Ça c'est le genre de nouvelle qui fait le tour de la planète et qui donne une image très moderne et prospère de la France... et ça ressemble quand même aux fameuses dispositions de Bercy qui, il n'y a vraiment pas si longtemps, permettait à une entre...

à écrit le 31/01/2018 à 15:34
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Au lieu de râler contre la gauche, Macron, les fonctionnaires voire Dieu le père certains feraient bien de relire l'article (et quelques autres) pour voir qu'il ne s'agit pas d'une volonté de gonfler les chiffres de la croissance (qui sera de toute f...

le 01/02/2018 à 7:37
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@JG 31/01/2018 15:34 En effet, c'est juste une question comptable afin que Eurostat puisse publier des données comparables. Les données sont bien entendu connues mais ne peuvent pas être produites sans l'accord des états. Il suffit d'ajouter 0.1 à ...

à écrit le 31/01/2018 à 15:21
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Si le trafic de drogue ou la prostitution sont pris en compte pour le PIB,il faudra les fiscaliser.Pourquoi pas une cellule de "dégrisement fiscal" pour les trafiquants,afin de leur permettre de se mettre en règle avec les impots sur les 10 dernière...

à écrit le 31/01/2018 à 15:00
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Cette demande vient de Brussel donc de Europe et ne date pas d'hier... on m'en avait parler en 2012 je connais quelqu'un qui travail aux finances publiques et tous ceux qui critique le gouvernement actuels par rapport a ça ils n'ont rien a voir dedan...

à écrit le 31/01/2018 à 13:44
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Heureusement notre gouvernement et nos fonctionnaires n'ont pas d'autres problèmes!!!

à écrit le 31/01/2018 à 12:38
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Supprimons l'argent liquide....et au revoir les trafics qui prospèrent sur la circulation physique de la monnaie....mais bon, comment vont réagir nos banlieues qui pour un certain nombre vivent de trafics divers et variés... même s'il est de bon ton ...

à écrit le 31/01/2018 à 11:48
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Celle à qui revient la palme des frais est bien le crédit agricole midi pyréné.De vrai taxeurs avec leurs conseillère inutile qui comme dit l article ont les mêmes réponses que Google ou siri à vos questions.Moi je suis à la BNP hello bank et tous va...

à écrit le 31/01/2018 à 10:57
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C'est un scandale, qui contribue au délabrement de notre société et de notre pays, et avalisé par Bruxelles. Quand un de vos proches sera tué sur la route par un drogué, que direz-vous ?

à écrit le 31/01/2018 à 10:36
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Et les toxicos une fois qu'ils sont accros c'est aussi considéré comme une transaction librement consentie ? C'est justement à cause de cette dépenance que les drogues sont interdites !!

à écrit le 31/01/2018 à 10:29
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Il y a un peu plus d'un an , cette info était considérée comme une ...fake news.

le 01/02/2018 à 8:04
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@dark 31/1 10:29 C'est vous qui écrivez une fake news. Eurostat fait cette demande depuis de nombreuses années. C'est pour uniformiser les comptabilités nationales de façon à ce que celles-ci puissent être comparées. Cordialement

à écrit le 31/01/2018 à 9:58
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Je me permets de vous rappeler que " la gauche " comme vous dites n'est plus aux manettes depuis 9 mois .

à écrit le 31/01/2018 à 9:47
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C'est comme ca qu'on peut prétendre qu'il y a de la croissance: on intégre de nouveaux éléments (qui ont toujours été là) et on dit que grace à Macron, il y a plus de croissance!

à écrit le 31/01/2018 à 9:36
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Sous le règne de Macron / Tuche tout est bon pour falsifier les réalités.

à écrit le 31/01/2018 à 9:31
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Ben voilà pourquoi politiciens et hommes d'affaires ne veulent pas légaliser le cannabis, afin de laisser le marché à la mafia, leurs hommes de main. Beau système il n'y a pas à dire hein...

le 31/01/2018 à 11:57
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Pour le coup sa na rien avoir avec macron, mais c'est complètement bête pour parler poliment !

le 01/02/2018 à 10:34
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Macron est un politicien comme les autres, il n'y a rien de plus insupportable que d'accuser les politiciens et qu'un thuriféraire débarque pour venir protéger son idole. Un peu d'amour propre et de recul svp, merci.

le 01/02/2018 à 10:38
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Macron est un politicien comme les autres, il n'y a rien de plus insupportable que d'accuser les politiciens et qu'un thuriféraire débarque pour venir protéger son idole. Un peu d'amour propre et de recul svp, merci.

à écrit le 31/01/2018 à 9:26
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ok mais alors faut le soumettre a tva, impots et charges sociales.......je doute que la gauche francaise liberalise ca comme les usa ont liberalise le cannabis ( pas par charite, mais pour toucher les impots) vu que c'est leur electorat qui vend ca...

à écrit le 31/01/2018 à 9:19
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voila du pib enfin la reprise...et les 360 000 cambrioges par an on devrait ainsi doubler le % de la croissance..

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