Une menace chinoise plane-t-elle sur l'économie française ?

Par Fabien Piliu  |   |  542  mots
Quels pourraient être les effets du ralentissement chinois sur l'économie française ?
Le ralentissement économique de l'Empire du Milieu est-il de nature à mettre en péril le timide réveil de l'économie tricolore ?

Existe-t-il un péril chinois ? Le ralentissement observé de l'économie chinoise est-il de nature à contraindre le redémarrage poussif de l'économie française. Dans une note publiée en fin de semaine dernière, les économistes du Crédit Agricole soulèvent cette question.

" Le risque du ralentissement chinois est modéré pour la France " expliquent les économistes qui ont identifié trois canaux de diffusion de ces effet. Le premier est le canal commercial. Mais parce que les exportations françaises vers la Chine - majoritairement des équipements de transports - ne représentent que 3,8 % des exportations totale en 2014, l'effet est en effet limité.

Un effet indirect

Un impact indirect est également anticipé. Plus exposé que la France - ses exportations vers la Chine représentent 6,57% de ses exportations totales - l'Allemagne pourrait être davantage affecté par le ralentissement chinois. Or si l'Allemagne souffre, la France souffrira.

Le second canal est financier. Compte tenu du fait que la part des investissements directs français à destination de la Chine ne représente qu'environ 1% du total des investissements réalisés à l'étranger, là encore, l'effet devrait être limité. Ce que ne soulève pas l'étude du Crédit Agricole, c'est la potentielle menace que fait peser un ralentissement chinois sur les investissements chinois réalisés en France. Malgré le tapis rouge déroulé par les autorités françaises.

Un impact sur la confiance

Troisième canal de diffusion : le niveau de confiance. " Un ralentissement chinois brutal aurait également un effet délétère sur le climat des affaires et pèserait négativement sur le redémarrage fragile de l'investissement des entreprises ", expliquent les économistes.
Avers de la médaille, le ralentissement chinois pourrait peser sur le cours des matières premières et en particulier du brut dont les importations représentaient 1,9 % du PIB tricolore en 2014.

La fiabilité des statistiques chinoises doit-elle remise en cause ?

Si ces commentaires ne souffrent aucune critique, ils oublient une chose : l'économétrie chinoise est totalement fantaisiste. Certains économistes considèrent que les statistiques du Bureau national des statistiques (BNS) chinois ne seraient pas d'une fiabilité irréprochable et qu'elles serviraient plutôt à confirmer les objectifs quantitatifs fixés par les autorités. Un exemple : la Chine est le seul pays industrialisé à donner une estimation de sa croissance trimestrielle quinze jours après la fin de chaque trimestre. En France, pays quatorze fois moins peuplé que la Chine et dix-huit fois moins grand, il faut attendre 45 jours pour obtenir des premiers résultats, résultats qui peuvent ensuite être révisés, ce qui n'est pas le cas que très rarement en Chine.

Un exemple : selon une étude réalisée en 2013 par Stephen Green, de Standard Chartered, la croissance économique chinoise était de 7,2% en 2011 et de 5,5% en 2012. Officiellement, elle était de 9,3% et de 7,8%. Plus récemment, un sondage de Bank of America Merrill Lynch indiquait que 75 % des investisseurs étaient convaincus que le véritable taux de croissance de l'empire du Milieu était inférieur à 6 % au deuxième trimestre 2015. Patrick Artus, chez Natixis estimait qu'elle n'a probablement guère progressé de plus de 2 %. Pour Pékin, le PIB a fait un bond de 7% au cours de cette période.