Valls va scruter à la loupe les mobilisations du 9 mars

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  892  mots
CGT, FO, Solidaire et SUD appellent mercredi 9 mars à manifester contre la loi El Khomri réformant le code du travail. Le contenu du projet de loi va dépendre de l'ampleur des mouvements. Mais une dexième journée d'action est d'ores et déjà prévue pour le 31 mars.
Plusieurs organisations syndicales de salariés et d’étudiants appellent à descendre dans la rue mercredi 9 mars contre la loi El Khomri réformant le code du travail. L’ampleur des manifestations va peser sur les suites du projet de loi.

C'est peu dire que le gouvernement va scruter de très près l'importance des mobilisations attendues pour le mercredi 9 mars contre la loi El Khomri. Des organisations syndicales de salariés (CGT, FO, FSU et Solidaires) et des organisations de jeunesse (Unef, UNL et FIDL) appellent en effet à descendre dans la rue contre le projet de "casse du code du travail".

Et, hasard du calendrier, les salariés de la SNCF et de la RATP seront également de la partie pour défendre leurs conditions de travail, et notamment les salaires. A noter que les syndicats de ces entreprises n'avaient pas attendu le dépôt du projet de loi El Khomri pour choisir la date du 9 mars. Il n'empêche que la conjonction des deux mouvements devrait aboutir à un mouvement de masse, sans doute même le plus important depuis l'élection de François Hollande à l'Élysée en mai 2012.

Le 9 mars, un test avant l'autre journée d'action du  31 mars

Et encore, certains organisateurs espèrent que la journée du 9 mars ne sera qu'un prélude à celle du 31 mars qu'ils imaginent encore plus importante. De fait, le projet de loi El Khomri sera discuté le 24 mars en Conseil des ministres, avec un contenu quasi définitif. Aussi, avec son sens bien connu de la formule, pour Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière: "le 9 mars c'est l'apéro, avant le plat de consistance du 31 mars". Cette journée du 9 mars se présente donc comme un test , aussi bien du côté du gouvernement que de celui des syndicats.

A noter qu'à ce stade, les syndicats dits "réformistes" (CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa) n'appellent pas à descendre dans la rue le 9 mars mais réservent leur réponse pour le 31 mars en fonction des "avancées" qu'ils auront obtenues sur l'avant projet de loi, notamment sur la définition du licenciement économique et le plafonnement des dommages et intérêts accordés par les prud'hommes. C'est le 14 mars que Manuel Valls se livrera à une "restitution" des entretiens qu'il aura eu avec chacune des organisations patronales et syndicales... On en saura alors sans doute plus.

Les étudiant et les confédération syndicales comptent sur le soutien de divers entreprises et secteurs pour gonfler les rangs des manifestations anti loi El Khomri. De fait, la CGT Air France, les fonctionnaires territoriaux CGT, Sud-PTT, etc. ont appelé leurs troupes à rejoindre les mouvements.

Plus de 144 mobilisations attendues dans le pays

A Paris, divers mouvements sont prévus. A 12h30, une manifestation partira du siège du Medef (7ème arrondissement.) en direction du ministère du Travail, rue de Grenelle (7ème arrondissement). Elle est organisée par les syndicats régionaux Ile-de-France CGT, FO, FSU et Solidaires, et les organisations étudiantes et lycéennes. Le syndicat de la magistrature s'y est joint.

A 14 heures, un autre rassemblement se tiendra place de la République. Lancé sur Facebook, ce rendez-vous est soutenu en premier lieu par les organisations de jeunes. La CGT d'Ile-de-France appelle ses militants à s'y rendre à l'issue de la première manifestation. Enfin, une troisième action plus modeste a aussi été lancée sur les réseaux sociaux avec comme point de rencontre la place de la Nation, à 11 h. D'autres manifestations sont organisées partout en France. A ce stade, la CGT a comptabilisé 144 manifestations, défilés et rassemblements dans le pays, notamment à Lyon, Marseille, Toulouse, Grenoble...

Vers un "mercredi noir" dans les transports?

Mais c'est bien entendu vers les transports en commun que tous les yeux sont tournés car il pourrait bien s'agir d'un "mercredi noir".

Que ce soit à la SNCF ou à la RATP, le mouvement débutera ce mardi soir (dès 19 heures côté SNCF, 22 heures à la RATP) et s'achèvera jeudi matin. Selon les prévisions de la direction des deux entreprises, Il y aura un train sur deux sur le RER B mais le trafic sur les lignes de métro sera normal. Du côté de la SNCF, le trafic ferroviaire sera "très fortement perturbé", avec en moyenne seulement un tiers des trains prévus en Ile-de-France, sur les lignes régionales et la plupart des lignes TGV nationales.

Aucun Intercités de nuit ne circulera durant la période du préavis de grève (non reconductible), déposé par la CGT, l'Unsa, Sud et la CFDT de mardi 22 heures au jeudi 8 heures. Côté liaisons internationales, les perturbations seront plus réduites puisque la moitié des TGV Lyria (vers la Suisse) circuleront, comme 80% des Eurostar (Grande-Bretagne) et 100% des Thalys (Belgique) et trains Alleo (Allemagne).

Le gouvernement aux aguets

Cette journée devrait donc rencontrer un certain succès. Et ce malgré l'opération déminage lancée depuis la semaine dernière par Manuel Valls, Emmanuel Macron, Myriam El Khomri et d'autres membres du gouvernement qui se sont exprimés à diverses reprises pour expliquer que cette loi "était une chance pour les jeunes" car les entreprises seraient plus en confiance pour les recruter. Reste  à attendre demain soir pour voir si le message est passé. Et, surtout, comme tous les gouvernements auparavant, celui de Manuel Valls va espérer toute la journée de demain qu'aucun dérapage violent ne se produira... La hantise de tous les gouvernants quand les jeunes sont dans la rue.