Venu pour commémorer le 11-Novembre, Trump tacle Macron et l'Europe de la défense

Par latribune.fr  |   |  808  mots
(Crédits : Jonathan Ernst)
Irrité par les propos d'Emmanuel Macron appelant l'Europe à construire "une véritable armée européenne", le président américain Donald Trump, de passage à Paris pour commémorer le 11-Novembre, a jugé ces propos "très insultants" et déclaré que l'Europe ne contribue pas assez, selon lui, au budget de l'OTAN. Emmanuel Macron l'a rassuré samedi matin dans ce sens.

[Article mis à jour le 11 novembre à 11h00 avec la réaction d'Emmanuel Macron]

Le recueillement, la communion, la solidarité entre alliés : très peu pour Donald Trump. A peine avait-il posé le pied à Paris pour commémorer avec la France les cent ans de la fin de la Première Guerre Mondiale, le 11-Novembre 1918, que le président américain a ravivé les tensions avec le Vieux continent.

"Le président Macron vient de suggérer que l'Europe construise sa propre armée pour se protéger contre les Etats-Unis, la Chine et la Russie", a tweeté M. Trump au moment même où Air Force One atterrissait à l'aéroport international d'Orly, près de Paris. "Très insultant mais peut-être que l'Europe devrait d'abord payer sa part à l'OTAN que les Etats-Unis subventionnent largement!", a ajouté le président américain.

Voilà qui annonce le ton de la rencontre prévue samedi matin entre les deux dirigeants au palais de l'Elysée. Il s'agit de la deuxième visite de Donald Trump en France depuis son arrivée à la Maison Blanche, après celle du 14 juillet 2017 qu'il évoque régulièrement avec beaucoup d'enthousiasme.

La question d'une armée européenne supranationale fait débat

Dans son tweet, le président américain faisait référence aux déclarations mardi d'Emmanuel Macron, qui a appelé de ses voeux la création d'une "véritable armée européenne" pour mieux protéger le Vieux Continent.

"On ne protègera pas les Européens si on ne décide pas d'avoir une vraie armée européenne. Il faut nous protéger à l'égard de la Chine, de la Russie et même des Etats-Unis", a-t-il ajouté.

Il n'existe pour l'heure aucune armée européenne supranationale. Le sujet, récurrent, reste miné car il touche au cœur la souveraineté des Etats-membres.

Si Donald Trump se montre aujourd'hui irrité par cette déclaration, il avait opté pour un ton nettement plus conciliant au moment de quitter la Maison-Blanche. Dimanche, Donald Trump participera, en présence d'au moins 60 chefs d'Etat, à une cérémonie au pied de l'Arc de Triomphe au cours de laquelle Emmanuel Macron prononcera un discours. "Cela va être un moment magnifique", avait-il prédit. "Il y aura beaucoup de pays", avait-il ajouté, assurant que l'annonce de sa présence avait poussé nombre d'autres dirigeants à faire le déplacement.

Macron est d'accord que l'Europe doit payer plus pour l'OTAN

Quelques heures après le coup de pression de Donald Trump, Emmanuel Macron a préféré apaiser le jeu. Lors de leur rencontre à l'Elysée, le président français a assuré  qu'il œuvrait pour que l'Europe paye davantage pour supporter le coût de la défense du continent dans le cadre de l'Otan, une exigence récurrente du président américain.

"Je vais aussi partager avec le président Trump les propositions faites sur les capacités stratégiques européennes et une Europe qui puisse prendre davantage la part du fardeau commun au sein de l'Otan", a déclaré le président français en accueillant Donald Trump au palais de l'Elysée.

"J'apprécie ce que vous dites sur un partage du fardeau, vous connaissez mon point de vue. Nous voulons une Europe forte", a déclaré le président américain, visage fermé.

La question de la défense européenne est un sujet très sensible pour le président américain qui ne cesse de répéter que les Etats-Unis payent trop pour placer une grande partie de l'Europe à l'abri du bouclier militaire américain dans le cadre de l'Otan.

"Nous célébrons ici l'amitié entre nos peuples, nos armées et la formidable solidarité qu'il y a eu entre nous qui sommes parmi les deux plus vieux alliés du monde", a par ailleurs déclaré le président français. "Nous allons parler de beaucoup de sujets d'intérêts communs: l'Iran, la Syrie, les sujets commerciaux, l'ordre international, y compris les sujets climatiques. Les sujets liés à l'Afrique", a-t-il ajouté.

Lors d'un entretien réalisé dans la soirée de samedi à l'Elysée par le journaliste de CNN Fareed Zakaria, le président français a toutefois critiqué l'utilisation des réseaux sociaux par Donald Trump.

"Je préfère toujours avoir une discussion directe ou répondre aux questions plutôt que de faire ma diplomatie par des tweets", avant de détaillé à nouveau à propos de la question de l'OTAN : "Je suis d'accord avec lui mais pour cela, nous avons tous besoin de plus d'Europe. Je ne souhaite pas voir les pays européens augmenter leurs budgets de défense afin d'acheter des armes ou du matériel américain. Si nous augmentons notre budget, c'est pour renforcer notre autonomie".